Du Horla au coronavirus, le pourvoir de l’imaginaire

Le Horla est une nouvelle fantastique de Guy de Maupassant parue en 1886.

Dans un journal intime, le narrateur rapporte ses angoisses et divers troubles. Il sent progressivement, autour de lui, la présence d’un être invisible qu’il nomme le Horla. Il sombre peu à peu dans une forme de folie en cherchant à se délivrer de cet être surnaturel qui chaque nuit le terrasse et boit sa vie. Cette folie le conduira à de nombreuses actions, toutes plus insensées les unes que les autres. Il en viendra même à mettre le feu à sa maison et laissera brûler vif ses domestiques. Dans les dernières lignes de la nouvelle, face à la persistance de cette présence, il entrevoit le suicide comme ultime délivrance.

Comme le roman 1984 offre une sorte de prototype de toute dictature moderne, le Horla peut être vu comme le modèle de cette folie, individuelle et collective, qui consiste à donner une réalité à des angoisses inexplicables en créant l’illusion de la présence d’un être maléfique. Une tendance irrationnelle profondément enracinée en l’homme mais qui prend un visage particulier à une époque comme la nôtre où l’irrationnel est justement refoulé.

Ainsi les scénarios apocalyptiques fabriqués par le cinéma à partir de pandémies aussi incontrôlables que fantasmatiques donnent une consistance et une apparence de rationalité à des angoisses archaïques profondément enfouies dans l’inconscient collectif et d’autant plus résurgentes que le triomphe du rationalisme a évacué cette part d’irrationnel qui permettait autrefois de donner du sens au mal et au mal-être existentiel.

Quant au coronavirus, il n’est rien de plus que le fruit de cette angoisse de l’homme post-moderne persuadé de pouvoir maîtriser tous les mécanismes de la vie et de se protéger grâce à la science des menaces de son environnement. Une angoisse qui ressurgit de façon d’autant plus aiguë qu’elle s’accompagne d’une culpabilité à l’égard de cette nature qu’il prétend contrôler et dont il subit les déséquilibres qu’il pense avoir lui-même provoqués.

Le Horla comme le coronavirus c’est le retour du refoulé. Un fantôme presque freudien qui vient hanter la conscience d’un homme contrarié dans son rêve de toute puissance.

Le sida était venu frapper comme un coup de semonce une humanité qui avait cru s’affranchir totalement des contraintes de la morale sexuelle et des déterminismes de la procréation pour jouir de la sexualité sans entraves. De la même façon, le coronavirus marque un coup d’arrêt à cette volonté expansionniste et consumériste sans limite de l’homme mondialisé soudain confronté aux conséquences désastreuses d’un productivisme irraisonné. Comme avant lui les grippes porcines, aviaires ou la crise de la vache folle.

En jouant sur ces peurs archaïques et en multipliant les messages alarmistes sur l’épidémie, scientifiques et médias agissent comme un terrifiant Surmoi qui tétanise les facultés de résilience humaine et enferme les consciences sidérées dans une angoisse stérilisante.

Comme le Horla que personne n’a jamais vu mais dont la seule évocation sème la peur dans les villes et les campagnes, il suffit d’évoquer le seul nom du coronavirus ou du Covid-19, d’évoquer des malades dont on ne voit jamais le visage, ou d’agiter quelques courbes sensées illustrer sa progression pur provoquer l’effroi et empêcher toute réflexion critique, tout jugement rationnel parmi des populations prêtes à suivre toutes les consignes de prévention pour échapper au terrible virus.

En utilisant ces peurs et en manipulant l’imaginaire collectif pour créer l’illusion d’un nager imminent qui n’existe pas, le pouvoir qui nous manipule peut parfaitement arriver à obtenir de la population un comportement totalement irraisonné et lui faire suivre des consignes qui lui paraîtraient terrifiantes en temps normal.

Ainsi le fait de confiner la moitié de l’humanité pendant des semaines ou des mois aurait été un projet totalement impossible à mettre en œuvre sans le levier psychologique et émotionnel d’une terreur planifiée. De même aujourd’hui, une grande partie de nos concitoyens sont prêts à vivre en portant un masque à tout moment, chez eux, au travail comme dans la rue, sans songer à contester ces mesures. Et bien qu’on ne voie jamais de victimes du Covid joncher les rues comme au temps des pestes médiévales.

Il y a fort à parier que demain certains seront prêts à confier leurs enfants à l’Etat sans broncher, si on arrive à les convaincre que c’est pour leur bien et que c’est le seul moyen d’éviter plus de contaminations.

Jusqu’où ira cette folie ? Allons-nous aussi par peur du Horla brûler notre propre maison ?

A priori il n’y a aucune limite à ces mécanismes d’asservissement par la peur. Car l’imaginaire est tellement puissant qu’il peut anéantir toute faculté de se reconnecter au réel et entretenir une véritable paranoïa qui nous fait croire à un réel danger face à nous alors qu’il n’y a rien. Ces mécanismes de conditionnement, alliées à l’enfermement, au besoin favorisés par la prise de drogues ou la soumission à divers stimuli, ont été testés et expérimentés à de multiples de reprises, par divers régimes dictatoriaux mais aussi par des agences de renseignement comme la CIA (cf. projet MK Ultra dans les années 1950 à 1970).

Bien au-delà de la réalité ou de la relativité de cette grippe qui grippe nos méninges plus efficacement que notre immunité, il est essentiel si l’on entend préserver sa liberté et sa raison de prendre conscience que nous sommes avant tout victimes d’un conditionnement. Que celui-ci est bien plus puissant que les réflexes naturels de survie que nous aurions développés face à un danger réel. Et que si nous voulons nous en défaire, il faut d’abord entamer un travail en profondeur pour déconstruire les croyances et les représentations qu’on nous a implantées dans la tête.

A commencer par les croyances sur l’immunité. Et cette certitude terriblement fragilisante que nous serions vulnérables et incapables de lutter contre certains agents pathogènes.

Les virus existent depuis la nuit des temps, or aucun virus n’a jamais menacé la survie de notre espèce. Nous avons au contraire toutes les facultés pour nous adapter et éliminer les virus qui pourraient éventuellement nous affaiblir ou nous tuer.

Quant à l’immunité collective, elle n’est pas un concept mais une réalité. Plus il y a d’individus qui s’exposent au même virus dans une population, plus ils développent des anticorps et plus vite la population s’immunise naturellement contre une maladie.

L’immunité ne fonctionne pas de façon cloisonnée. De la même façon que les plantes communiquent par des messages chimiques pour s’alerter de la présence d’un prédateur, un groupe communique aussi grâce à une multitude de signaux inconscients. Notamment en cas d’agression de l’un de ses membres.

Ce n’est donc pas un hasard si ceux qui veulent nous manipuler cherchent aussi à nous isoler, nous empêcher de communiquer, nous bâillonner avec un masque, nous éloigner le plus possible les uns des autres. Une foule est certes statistiquement un vecteur possible de contamination, mais c’est aussi un corps font les membres vibrent ensemble au même diapason. Un concert rock ou un match de foot peuvent ainsi déployer une énergie considérable. Et la façon dont la conscience collective d’une foule s’oriente joue un rôle déterminant sur chaque individu, mais aussi sur l’espace qui l’entoure. Ce que des expériences scientifiques récentes sur les phénomènes de conscience collective ont clairement mis en lumière.

C’est une évidence : le projet mis en œuvre par ceux qui jouent sur la phobie sanitaire est clairement de nature diabolique. C’est-à-dire qu’il vise à diviser (dia-bolos), à semer le doute, à perturber les mécanismes de cohésion et d’adaptation pour figer notre imaginaire, c’est-à-dire notre faculté à créer de nouvelles représentations de nous-mêmes et du monde.

Pas besoin d’évoquer une quelconque secte satanique, cette énergie diabolique (au sens étymologique et non religieux) s’appuie sur les fonctionnements les plus archaïques de notre espèce. Et sur sa faculté à se maintenir éveillée, à créer de nouvelles expériences et réalités, à évoluer. Ou à se laisser piéger par des peurs, à régresser, à se diviser et à s’autodétruire.

Il n’y a aucun être maléfique capable de boire notre vie ou de se nourrir de notre énergie vitale. Sinon ceux que nous créons nous-mêmes en leur donnant de la réalité. Nous sommes Un en tant qu’espèce, en tant qu’humanité. Comme nous sommes Un avec tout l’Univers. Il n’y a aucun méchant virus qui soit capable de nous terrasser et qu’il faudrait éradiquer. L’espèce humaine est faite pour vivre en harmonie avec tous les êtres qui composent l’Univers. Notre corps abrite des milliards de bactéries et de virus sans lesquels nous serions incapables de nous maintenir en vie.

Tout dans l’Univers est affaire d’équilibre, de partenariats, d’homéostasie et d’évolution dynamique. Rien n’est permanent, la vie est perpétuel changement. Ce qui peut nous rendre vulnérables c’est de nous croire séparés. Séparés les uns des autres, séparés des autres espèces, séparés des virus ou des briques de cette vie qui nous sous-tend. Et de commettre l’erreur de considérer que tel autre, tel être vivant ou tel élément nous serait hostile. Ce qu’il ne manquera pas de devenir pour nous si nous le décidons : l’Univers n’est qu’une formidable machine à renvoyer des feedbacks à nos désirs, en agissant comme un miroir.

A nous donc de décider. Si nous voulons construire notre avenir à partir de la peur que le coronavirus et ce qu’on nous en dit nous inspire. Vivre éternellement dans la hantise du Horla. Ou si nous voulons nous délivrer de cette peur que nous nourrissons, et devenir Qui nous voulons être.