Possession

Macron s’en va-t-en guerre,
Mironton, mironton, mirontaine,
Macron s’en va-t-en guerre,
Ne sait quand reviendra.

Il y aurait beaucoup à dire sur cette métamorphose hallucinante d’un Mozart de la finance au titre usurpé en Docteur Folle-amour cramponné sur ses mocassins vernis et défiant l’ours russe. Ou comment une psychologie dissociée, l’hubris du pouvoir et l’abus de substances psychostimulantes peut transformer un techno zozotant en Naboléon de film d’épouvante..

Le fayot préféré du Nazi de Davos, désavoué par ses gens, en piqué dans les sondages et meurtri dans son ego qu’on sait hypertrophié, se rêverait-il soudainement un destin de récup en Alexandre-le-Gland, bien décidé à en découdre avec la première puissance nucléaire du monde ? Ou du moins à faire comme si pour prendre son public à rebours ?

Être et en même temps ne pas être, telle est la question. Grandeur et décadence d’un illusionniste sous emprise…

Il est vrai que le bougre aime faire l’acteur. C’est même ainsi, selon la légende dorée, qu’à peine sorti de l’enfance il aurait conquis sa prof de lycée, laquelle chuchotent les mauvaises langues jouait plus à son âge au bilboquet qu’à la poupée.

Trêve de marivaudages grivois, l’heure est grave ! On n’en est plus à commenter les tralalas, les fanfreluches, l’almanach rose du Palais et autres rumeurs de cour interlopes. Ce qui ne s’apparente a priori qu’à un pitoyable sketch comique pourrait hélas se transformer en tragédie pour 68 millions de Français et 450 millions d’Européens.

Flatter la croupe du capitaine de l’équipe de France 5 minutes après la défaite en Coupe du monde est une offense à la bienséance ; mais provoquer le maître du Kremlin pour se la mettre sur le ring comme une vulgaire frappette de banlieue relève de la plus éclatante transgression pathologique.

Mais transgresser, n’est-il pas précisément le mode de jouissance favori des pervers narcissiques ? Au goût du risque et de l’outrance s’ajoute le plaisir de la provocation. Je sais que ce que je dis est totalement hors cadre, absurde, inimaginable. Mais c’est précisément dans ce passage à la limite que je nourris l’illusion faite à moi-même d’être un homme d’exception.

Il y a une forme de désespoir, et non seulement de folie, dans ce franchissement schizophrène du dicible et du possible. Y aurait-il donc du Néron chez Macron ? Comme un artiste incompris condamné à toujours se mettre en scène, et qui pour manifester son génie irait jusqu’à brûler Rome et son propre palais, à scier la branche sur laquelle il est assis, à accuser de son propre crime celui qu’il hait par-dessus tous, parce qu’il l’a publiquement humilié, qu’il a révélé ses failles, son inconsistance, son inexistence et non nihilisme radical ?

C’est fort possible.

Alors, le chef de l’État qui se sait le chef du Néant parce qu’il n’est qu’un hochet pour ceux qui l’on choisi et adoubé serait-il le jouet de compulsions narcissiques, décompensatoires et agressives ? Cela y ressemble fort. Sauf que ces bouffées délirantes mettent gravement en danger et la crédibilité de sa fonction, et la parole de l’Etat, et celle de la France. D’où ce désaveu aussi immédiat qu’unanime de nos alliés après ses propos incohérents. Un sursis. Car le bougre n’en démord pas pour autant, enfermé qu’il paraît dans sa fantasmagorie guerrière et ses pulsions paranoïaques.

Il faudra bien tôt ou tard qu’on l’en fasse descendre. Après tout d’autres Présidents comme Paul Deschanel ont été démis de leurs fonctions ou poussés à démissionner pour moins que ça.

L’article 58 de la Constitution prévoit justement que le Parlement puisse se réunir pour prononcer la destitution d’un Président qui ne serait plus à même d’exercer ses fonctions ou qui les aurait outrepassées. Mais jamais les gaudillots accrochés à leur siège de député ou de sénateur n’oseront prendre le risque d’engager pareille procédure.

C’est donc vers la grande muette, première concernée par les velléités va-t-en guerre du locataire agité de l’Elysée, que tous les regards se tournent. La réaction de certains généraux ne s’est d’ailleurs pas faite attendre, qui n’attendent qu’un faux pas de celui qui dès son arrivée s’était mis à dos tout son état major, pour siffler la fin du match et renvoyer le mioche à ses tableaux Excel chez Rothschild.

Nous en sommes donc là. Le sort de la France et de la démocratie est aujourd’hui suspendu au sens des intérêts supérieurs de l’Etat et de la nation dont sauront d’ici peu faire preuve des hommes qui vu leur calibre et leur hauteur morale ne sauraient obéir aveuglément à des ordres absurdes et illégitimes qui bafouent tous les principes du Droit et les principes stratégiques de la défense nationale.

On est loin des débats sur la présence de drag queens sur le perron de l’Elysée ou d’Aya Nakamura à la cérémonie d’ouverture des J.O. Encore que de provocation en provocation, et de profanation en profanation, on en vient à s’attaquer à ce que la France a de plus sacré et qui fait qu’elle est la France : son territoire, son Histoire, sa culture, ses valeurs, ses grands principes. Et surtout son peuple, passé par pertes et profits dans l’équation mégamolaniaque et le plan de carrière d’un tyran dérisoire.

Israël – Hamas : de quoi cette « guerre » est-elle le nom ?

Mis en avant

L’offensive lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, au lendemain de la fête de Soukkot, soit 40 ans jour pour jour après le début de la Guerre du Kippour, marque les esprits par son caractère soudain, violent et arbitraire, et son ampleur inédite. En 24 heures, cette guerre a fait plus de victimes côté israélien, avec un bilan 800 morts qui ne cesse de s’alourdir, que toutes les guerres militaires contre Israël réunies. Et bientôt plus de morts que le conflit et ses nombreux attentats depuis 2000.

Quel peut être le but et le sens d’une telle offensive ? Attendu qu’une telle provocation ne peut qu’entraîner un déluge de représailles, avec des conséquences terribles pour les populations civiles de Gaza, et le risque pour le Hamas d’être anéanti ?

Cette fois il ne s’agit pas d’une offensive militaire menée par des armées régulières et des Etats arabes contre Israël (malgré la rhétorique militaire et défensive du Hamas qui se définit comme une armée de résistance). Mais d’une série d’attentats de masse menées par une organisation terroriste, qui combine attaques terrestres, maritimes et aériennes, tirs de roquettes par milliers, assassinats arbitraires de civils et enlèvements d’au moins 200 otages israéliens en zone urbaine, y compris des vieillards et des enfants.

Malgré leur sympathie, légitime, pour la cause palestinienne, les nations européennes, en particulier la France, ne doivent ici pas se laisser égarer. Cette guerre qui porte mal son nom ne vise en aucun cas à « libérer » un territoire quelconque ou à résister à une attaque, mais bien à détruire un Etat, et à exterminer une population. Du moins c’est la symbolique qu’entend exploiter le Hamas, car un tel objectif semble en l’état actuel totalement hors de sa portée.

Contrairement à l’OLP à laquelle le Hamas a succédé en 2006 dans la bande de Gaza, son objectif avoué n’a jamais été de conquérir des territoires, d’établir un rapport de forces favorable et de négocier les conditions d’une coexistence pacifique entre deux peuples revendiquant un même territoire. Son but, en tout cas sa rhétorique, a toujours été d’éradiquer toute présence juive dans la région. Son exercice du pouvoir comme sa raison d’être ne s’inscrivent pas dans une logique militaire, territoriale ou nationaliste. Sa revendication n’est pas non plus identitaire, le Hamas ne prétend pas défendre une identité palestinienne, sinon définie en creux par opposition à l’oppresseur désigné qu’est Israël. Il n’a aucune légitimité historique pour défendre la cause palestinienne ou le peuple palestinien. Sa légitimité sur la bande de Gaza n’est même pas acquise et se fonde uniquement sur la force et la terreur.

Le Hamas défend une idéologie définie par la doctrine des Frères musulmans. Lesquels ont fondé le Hamas, considéré comme organisation terroriste par plusieurs nations arabes de la région. Cette idéologie est religieuse, belliqueuse, fanatique et totalitaire. Elle prône l’engagement dans le Djihad armé comme méthode et finalité. Ses méthodes sont ouvertement terroristes. Les premières victimes du Hamas sont d’ailleurs les populations arabes de la bande de Gaza, soumises aux pressions, intimidations, arrestations, mutilations et exécutions sommaires. Si le Hamas prétend représenter la cause palestinienne, ce n’est pas selon une logique purement politique, pour exercer le pouvoir au sein d’un peuple dont il serait l’émanation, ni dans le but de parvenir à une quelconque paix : il ne peut exister que par et pour la guerre contre un ennemi qu’il prétend vouloir éliminer. Son but est à la fois radical et chimérique, prophétique et révolutionnaire.

Le Hamas veut imposer par la force sa vision d’un ordre absolu : celui de l’Islam le plus fondamentaliste. Selon cette vision, les Juifs ne sauraient jouir d’aucun statut autre que celui de dhimmis. C’est-à-dire, d’après le Coran, celui de sous-citoyens ou de sous-hommes, puisqu’infidèles. Selon cet ordre d’essence théocratique, les musulmans fidèles à Allah et à sa Loi ont pour devoir de soumettre et dominer toutes les autres nations, jusqu’à imposer une seule communauté et un seul pouvoir pour régner sur toute la surface de la terre. En commençant par détruire ou soumettre les autres religions du Livre antérieures à l’Islam qui refusent d’épouser l’ultime Révélation, seule déclarée juste et authentique.

Les fondements de l’Etat israélien, tels que l’ont conçu les pères fondateurs, sont à l’opposé de cette logique théocratique. Si traditionnellement l’identité juive est élective – un peuple élu par un Dieu unique comme nation de prêtres parmi les nations, l’identité de la nation israélienne selon son acception moderne se fonde sur la notion d’Etat de droit, à l’instar des autres nations démocratiques dont il s’inspire. En dépit de ses imperfections et de ses contradictions contemporaines, l’Etat d’Israël demeure en effet un Etat fondé sur des valeurs authentiquement démocratiques, humanistes et même laïques, tel que définies dans la Loi fondamentale. L’idéal sioniste est l’héritier direct de l’idéal des Lumières, qui considère tous les hommes comme égaux, valorise l’individu, et définit la liberté et le libre arbitre comme principes essentiels et fondements de la vie en société, sans aucune référence à une Transcendance. Avec pour corollaire le droit pour tout peuple à vivre libre sur sa terre. Il n’a aucune prétention à instaurer une domination du peuple juif sur d’autres peuples, ni à combattre les nations environnantes, sinon pour défendre son existence, ses citoyens et son territoire . Des droits par ailleurs garantis par le droit international.

On se tromperait donc à ne voir dans l’affrontement actuel entre Israël et ses ennemis qu’un simple combat territorial qui opposerait un peuple souverain à un autre peuple qui se déclarerait injustement exclu ou dépossédé de sa terre. Ou entre deux nations qui se concurrenceraient la même terre au nom de deux légitimités opposées. On peut refaire indéfiniment ce conflit israélo-palestinien qui s’éternise depuis plus d’un siècle, on n’en viendra jamais à bout avec cette logique nationaliste. Le projet de coexistence entre deux peuples dans un Etat binational au sein des mêmes frontières, pas plus que leur partition en deux Etats juxtaposés ne viendront jamais à bout du caractère complexe, unique et irréductible du conflit.

Ce conflit, dans une région qui constitue l’un des épicentres des tensions géostratégiques mondiales, n’est pas qu’un conflit nationaliste, Israéliens contre Palestiniens, à l’image des guerres qui ont ensanglanté le continent européen au 20e siècle. Ce n’est pas non plus un conflit inter-ethnique : Juifs contre Arabes. Ni non plus un conflit religieux entre deux religions antagonistes : Juifs contre musulmans. L’Histoire, la linguistique, les mythes, la génétique montrent que ces critères d’appartenance sont relatifs, se chevauchent, et s’exacerbent dans un jeu de miroir bien plus qu’ils ne définissent des identités, des incompatibilités ou des hétérogénéités radicales.

Si l’on s’attache aux méthodes du Hamas depuis sa création, ce qui éclate aux yeux aujourd’hui dans cette guerre obscène, c’est bien davantage un combat inavoué entre la barbarie et la civilisation, entre une tentation de régression vers la violence totalitaire, le meurtre et la terreur, et une société fondée sur le Droit et la violence légitime.

Il ne faut pas non plus se laisser aveugler par les discours victimaires qui voudraient justifier le terrorisme palestinien en le considérant à tort comme une guerre désespérée des pauvres, des démunis, des opprimés contre de méchants oppresseurs. Un combat héroïque des faibles contre le fort qui abuse d’un pouvoir injuste et arbitraire. Ou l’unique moyen pour faire valoir ses droits face à un déséquilibre des forces qui rend impossible toute guerre noble, à armes égales, entre deux adversaires sur un pied d’égalité.

A ce propos, il est intéressant de noter que toutes les guerres arabes conduites contre Israël depuis sa création ont été déclenchées de façon lâche et par surprise. Avec la prétention frondeuse d’anéantir Israël et de « jeter les Juifs à la mer« . Avant-guerre, les élites palestiniennes ont tout fait pour empêcher la création d’un Etat juif à partir des premières colonies établies en Palestine, alors administrée par le Royaume-Uni. Dès la proclamation de l’Etat d’Israël en 1948, ses voisins arabes ont attaqué le jeune Etat sans déclaration de guerre. De même, la Guerre du Kippour en 1973 prit totalement de court les autorités et l’armée israéliennes : l’attaque fut déclenchée subrepticement par la coalition arabe au beau milieu d’une des fêtes majeures du judaïsme, le Grand Pardon, et alors que toute la population était réunie en famille. Seule la Guerre des Six Jours fut déclenchée par une riposte militaire d’Israël à un blocus militaire égyptien.

Toutes les guerres arabes contre Israël jouent sur le même ressort : attaquer Israël, un pays fort, doté d’une suprématie militaire et d’une légitimité internationale, n’est possible qu’en jouant sur une rhétorique admonitoire et une mythologie commune qui fédère les nations arabes dans une dimension quasi eschatologique et joue de façon explicite ou implicite sur la thématique de la Guerre sainte.

Défendre le peuple palestinien opprimé par Israël est un argument qui joue sur des ressorts nationalistes, la solidarité des autres nations arabes vis-à-vis du peuple palestinien chassé ou martyrisé sur sa terre. Mais aussi en arrière-plan sur la thématique de la défense de frères musulmans au nom de la solidarité de l’Oumma et de l’inviolabilité de la terre d’Islam. Qui plus s’agissant de la Palestine et d’Al Quds, Jérusalem, 3e lieu saint de l’Islam après La Mecque et Médine.

Que ces nations arabes n’aient aucune leçon à donner à Israël en matière d’oppression des Palestiniens, compte tenu au sort réservé aux réfugiés palestiniens du Sud Liban ou de Jordanie, est secondaire. La mythologie, les intentions incantatoire et la Taqiyya (duplicité) prime ici sur l’objectivité des faits. Et le but final reste invariablement le même : non pas mettre fin à une oppression au nom de la Justice, mais contester l’existence même d’Israël vécue comme un scandale. Toute légitimité des Juifs à occuper cette terre, fût-elle biblique à l’origine et donc antérieure à la légitimité des tribus bédouines sédentarisées sur cette terre, est irrecevable. Dès lors que cette terre a été occupée par des musulmans au fil des siècles, elle est considérée comme musulmane de façon définitive. Et toute occupation par des infidèles est une profanation. Tout musulman sincère même le plus progressiste adhère en profondeur à cette idée commune que l’appartenance à l’Oumma prime sur toute autre appartenance. Partant la solidarité envers tout musulman opprimé, notamment envers la cause palestinienne, est un devoir. Ce qui n’interdit pas paradoxalement les alliances ou accointances commerciales avec des nations occidentales amies d’Israël.

Il est évident qu’en attaquant Israël sur par surprise et de façon aussi massive, le Hamas entend jouer sur une symbolique précise : celle des attentats terroristes et des razzias qui renvoie au Djihad. Mais aussi sur une symbolique ancienne. Celle du combat du faible contre le fort, qui vainc ce dernier à force de ténacité et d’ingéniosité, avec la certitude que Dieu est de son côté. C’est bien sûr une réappropriation du thème de David et Goliath : Israël est assimilé au géant terrifiant terrassé par un enfant armé d’une fronde désuète mais protégé par la puissance divine. Le Hamas ne peut vaincre militairement, mais il entend infliger à Israël une humiliation cinglante, tétaniser l’opinion israélienne comme internationale en jouant sur la surprise, l’effet de choc, tout en se donnant une image de force, d’audace, de pugnacité, en se montrant capable de déjouer les services de renseignement, de surveillance, de sécurité, les capacités d’anticipation et la puissance de feu de l’armée israélienne.

Cette nouvelle guerre s’inscrit donc dans l’Histoire homérique du conflit israélo-palestinien faite d’une longue série de chocs et de contrechocs revisités dans une mythologie mimétique. L’identité de la nation palestinienne s’appuie elle-même sur un mythe fondateur qui est le pendant exact du mythe fondateur de l’Israël moderne : la Naqba – la catastrophe – est un mythe inventé par les historiens palestiniens à partir d’une réalité historique, la destruction de villages palestiniens et l’exode d’une bonne partie de la population arabe lors de la Guerre d’indépendance en 1948. Mais ce mythe forgé est le symétrique exact de la Shoah, événement traumatique par excellence pour le peuple juif, archétype et point culminant de toutes les persécutions, mais aussi événement fondateur dans la mémoire nationale à l’époque moderne.

Un parallèle qui assimile les Sionistes aux Nazis, et permet à la jeune nation palestinienne de s’approprier le caractère victimaire du peuple juif en inversant la charge de la faute, faisant des Juifs non plus des victimes mais des bourreaux par essence, le mal absolu, l’archétype du mal ou du Diable. Un thème qu’exploite l’abondante littérature complotiste islamiste, qui fait des Sionistes les descendants des Khazars. Les Juifs seraient donc des imposteurs sans aucune légitimité sur la terre de Palestine, puisque l’empire khazar, fondé au 7e siècle et opposé aux Arabes, n’a aucun lien avec les Hébreux ou les Judéens dispersés au 1er siècle, même si les Khazars (considérés abusivement selon certains théoriciens comme les ancêtres des Ashkénazes) se sont convertis au judaïsme. Selon la propagande antisioniste, les Khazars sont même considérés comme les descendants des Djinns, ou pourquoi pas des Reptiliens, c’est-à-dire des créatures non humaines ou des démons ennemis du genre humain.

Grâce à cette substitution les Palestiniens, et par extension les musulmans, deviennent les nouvelles victimes, les nouveaux réprouvés, les seuls habilités à mériter la sollicitude des nations occidentales. Une inversion qui va jusqu’à s’approprier le sort des Juifs persécutés durant la Seconde guerre mondiale. Ainsi l’un des leitmotivs de la propagande islamiste, en France notamment, présente tous les musulmans présents sur le territoire français comme les victimes d’une « persécution d’Etat comparable à celle Juifs durant l’Occupation » (sic). Lors de la manifestation islamiste « contre l’islamophobie » organisée par le CCIF (Frères musulmans) le 10 novembre 2019 à Paris, on vit ainsi fleurir dans les rues des stickers représentant le croisant islamique flanqué du sigle MUSLIM : un plagiat de l’étoile jaune marquée du mot JUIF imposée aux citoyens français de confession juive par le régime de Vichy.

Il y a dans les méthodes et la rhétorique islamistes à l’égard des Juifs et d’Israël plus qu’une obsession : comme un fétiche et un fantasme d’appropriation de la Toute-Puissance. Comme si le statut encombrant de frère aîné dans l’ordre de la Révélation ne pouvait se solder que par le meurtre rituel, et une appropriation quasi cannibale de l’élection et de la sacralité. Il y a à n’en point douter au plus intime de l’identité musulmane des pulsions mimétiques et meurtrières fondées sur la jalousie et le ressentiment profond à l’égard des Juifs (et dans une moindre mesure des Chrétiens). Une attitude fondamentalement réactive, dont on peut retrouver des racines mythologiques dans l’histoire des Patriarches décrite dans le livre de la Genèse et reprise dans le Coran. Notamment dans l’identité ambiguë d’Ismaël, premier fils d’Abraham abandonné par son père au bénéfice d’Isaac, l’ancêtre du peuple juif. Lequel Ismaël dans le récit coranique se voit substituer à Isaac dans le récit du Sacrifice, fêté lors de l’Aïd.

D’un point de vue mythologique, toute l’Histoire de l’Islam peut se résumer à une histoire d’usurpation. Usurpation identitaire, appropriation du droit d’ainesse, confiscation du sacré, réappropriation de l’élection divine. Toute la genèse de l’Islam n’est d’ailleurs qu’histoire de rivalités tribales, de territoires cédés et repris, de razzias et de conquêtes sanglantes, de divinités saccagées et remplacées, de livres copiés et de traductions trafiquées.

Tout autre est le monde qu’incarne une démocratie comme Israël fondée sur les principes du Droit et de la Raison. Même si certains fanatiques contemporains voudraient en faire une théocratie réservée aux seuls Juifs, à l’image de la théocratie iranienne.

Ce qu’il faut comprendre, et malheureusement cette prise de conscience est largement empêchée chez beaucoup d’esprits contemporains par les tabous et la mauvaise conscience postcoloniale, l’idéologie progressiste et le relativisme à propos des minorités, c’est qu’il y a quelque chose de radicalement incompatible entre les fondements de l’Islam et la démocratie. Pour preuve, aucun pays musulman n’a jamais été une vraie démocratie. Les expériences de régimes arabes modernes comme l’Egypte de Nasser ou la Tunisie de Ben Ali, souvent des dictatures militaires soutenues par l’URSS, ont été de courte durée. Et la parenthèse a vite été refermée pour laisser la place à des régimes islamistes, ouvertement réfractaires à toute dérive occidentale qui s’écarterait de la charia et du modèle de la société islamique traditionnelle. Ce que nous appelons en Occident « l’islamisme« , et qui n’est rien d’autre que l’application rigoureuse de la loi islamique, est né en réaction aux compromissions de l’élite politique alliée à des nations occidentales impies, qui avaient été colonisées par elles, et qui tendaient à en adopter certaines valeurs ou caractéristiques, d’un refus de la modernité et d’une volonté de retour radical à la foi et la tradition musulmanes, en soumettant tous les aspects de la société à des critères religieux stricts.

Aujourd’hui « l’Islam » dans le monde se confond quasiment partout avec l’islamisme. Notamment parce que les « islamistes », Frères musulmans, salafistes, islamistes turcs et autres, contrôlent le pouvoir politique et/ou les institutions religieuses dans tous les pays musulmans. Résultat d’une stratégie offensive de conquête par la force ou par l’infiltration, la subversion, la corruption, aussi bien dans les pays musulmans pour décrédibiliser et renverser les régimes alliés à l’Occident honni (comme en Iran, au Liban ou au Maghreb), que dans les pays occidentaux pour infiltrer et contrôler les instances officielles représentatives de l’Islam, réislamiser les populations d’origine musulmane issues de l’immigration, déstabiliser les régimes et au final prendre le pouvoir selon une stratégie à long terme.

Selon la logique des islamistes, qui n’est rien d’autre que les principes de l’Islam appliqués à la lettre, l’Islam n’est pas une religion parmi d’autres, mais la seule religion parfaite qui doit s’imposer sur toute la terre selon la volonté divine. Ses adeptes doivent convertir tous les autres, ou sinon les soumettre et les dominer, en les maintenant dans un statut inférieur. LA persistance des autres monothéismes, christianisme et judaïsme, est le signe qu’il faut poursuivre le Djihad conformément au plan divin. Et l’existence d’un pays dirigé par des Juifs en terre d’Islam, qui plus est un pays qui se prétend fondé sur des bases démocratiques mais où des Arabes musulmans vivent avec un statut d’infériorité, est un scandale absolu. La volonté du Hamas d’anéantir Israël, appuyée par la rhétorique et la logistique d’un État puissant comme l’Iran, et confortée par des alliés objectifs comme le Hezbollah libanais ou, plus discret, par le Qatar où siège la Confrérie des Frères musulmans, s’inscrit donc dans une logique beaucoup plus globale qui fait de la destruction d’Israël, et plus généralement du peuple juif, un impératif catégorique.

Il faut rappeler qu’une des matrices idéologiques de la doctrine des Frères musulmans depuis l’origine de la Confrérie est l’hitlérisme, à propos duquel son fondateur Hassan Al Bannah entretenait une véritable fascination. Dans les années 1930, le grand mufti de Jérusalem Al Husseini, frère musulman, était un proche allié d’Hitler qu’il alla rencontrer à Berlin à plusieurs reprises afin de résoudre le problème juif en Palestine. Aujourd’hui encore, une bonne partie de la complosphère antisioniste est d’origine islamiste. En France, l’une des figures de l’antisémitisme révisionniste déclaré, l’ex-humoriste Dieudonné, est aussi un fervent soutien de l’Iran, du Hezbollah et du Hamas. Il n’est donc pas étonnant de voir également les figures de l’islamogauchisme comme Mélenchon draguer les suffrages des musulmans en surfant ouvertement sur des thématiques islamistes (hijab, abaya…) et antisionistes, mais aussi révolutionnaires. Il est important de rappeler qu’une autre matrice idéologique de la doctrine des Frères musulmans, notamment sous la plume de son principal idéologue Sayyed Qutb, n’est autre que le léninisme. Rien d’étonnant à ce qu’on retrouve des accents révolutionnaires, libérateurs et émancipateurs contre « l’oppresseur israélien » dans la bouche des prédicateurs du Hamas et de ses alliés.

Cette guerre n’est donc pas une guerre de plus dans la saga centenaire du conflit israélo-palestinien ou israélo-arabe. Pour ceux qui l’ont imaginé, Hamas et en arrière-plan Iran, elle a une dimension apocalyptique et messianique. C’est le début d’une guerre totale et terminale, un appel à tous les musulmans à se soulever au nom d’Allah pour éradiquer toute présence juive en terre d’Islam, le contrepoint tant attendu de la Naqba. Sans doute ces fous d’Allah tablent sur une division des Occidentaux, trop occupés à combattre la Russie en Ukraine et demain la Chine, mais aussi trop angoissés à l’idée de voir leurs minorités musulmanes semer le chaos, pour voler au secours d’Israël.

Comment comprendre l’attitude de l’Iran, qui arme, finance et soutient le Hamas ? En déclenchant une guerre contre Israël par procuration, après avoir menacé l’Etat hébreu du feu nucléaire pendant deux décennies, l’Iran entend avant tout isoler et affaiblir Israël, politiquement, économiquement et financièrement. L’Iran tente de ruiner les efforts israéliens pour nouer des alliances pacifiques avec ses puissants voisins arabes. En sabotant notamment le rapprochement d’Israël avec son rival saoudien dans le cadre des Accords d’Abraham. En se positionnant comme le leader d’un front musulman hostile à Israël (et à l’Occident anglo-saxon « décadent »). Et en empêchant l’Arabie saoudite, comme la Turquie islamiste sunnite, de prétendre à ce leadership. Il faut également resituer cette stratégie dans le contexte de l’adhésion récente de l’Iran, de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis aux BRICS. En se positionnant comme le leader des pays musulmans opposés à Israël au sein des BRICS, l’Iran disposerait d’un atout bien plus important qu’en restant isolé. Cette stratégie pose de facto la Russie, plus encore que la Chine, en position d’arbitre de cette compétition. Une position bien délicate pour le Kremlin qui soutient autant Israël que certains de ses ennemis comme l’Iran ou la Syrie, sachant que plus d’un million de Russes vivent en Israël.

Face à cette nouvelle guerre qui menace sa sécurité et compte tenu de ces enjeux, Israël n’a donc aucune alternative sinon la destruction totale du Hamas, de son arsenal et de ses dirigeants. Et l’instauration à Gaza d’un régime plus favorable aux négociations, comme en Cisjordanie. Ou bien l’occupation militaire de tout le territoire de la bande de Gaza, voire son administration directe comme avant le retrait de Tsahal en 2005. Ce qui représente un pari impossible.

S’agissant des répercussions de cette guerre en France, il n’y a aucun doute que le conflit ne tardera pas à s’exporter dans les banlieues, et à raviver les tensions intercommunautaires, fournissant le prétexte à de nouvelles émeutes attisées par les islamistes et les islamogauchistes de la NUPES. Il faut donc à cet égard mettre en place une politique préventive et répressive très ferme et sans ambiguïté.

L’antisémitisme, la haine des Juifs ou d’Israël déguisés en « antisionisme« , l’apologie du terrorisme, du meurtre de civils, le soutien à une organisation ouvertement terroriste comme le Hamas (par LFI notamment), l’appel à l’Intifada (par le NPA), ne peuvent plus être tolérés. Ce clientélisme électoral délétère tombe objectivement sous le coup de la loi. Il constitue autant d’appels à la haine, de troubles à l’ordre public, d’appels à l’émeute, un facteur de désordre, de violence et de dislocation du corps social. En conséquence, les partis qui soutiennent une telle politique doivent être déclarés criminels, dissouts, leurs dirigeants récidivistes comme Jean-Luc Mélenchon arrêtés et jugés. Toutes les organisations islamistes qui soutiennent ouvertement le terrorisme, à commencer par les Frères musulmans fondateurs du Hamas, et leurs satellites, doivent être dissouts et interdits sur le territoire français. Leurs représentants définitivement expulsés.

La France doit sortir enfin de l’aveuglement idéologique où elle s’est fourvoyée. Car ceux qui détestent Israël détestent aussi la France et tout ce qu’elle représente. Les Français même athées sont considérés par les islamistes comme des « Chrétiens », et donc des ennemis de l’Islam. Mais aussi des cibles potentielles à éliminer ou soumettre, tout comme les Juifs. La démocratie et ses principes sont considérés comme une abomination. Seule la charia, la loi divine telle que définie par le Coran, doit gouverner les sociétés humaines et tous doivent s’y soumettre. La Taqiyya – dissimulation – peut inciter temporairement ceux qui œuvrent pour la victoire de l’Islam à donner le sentiment qu’ils adhèrent aux principes de la République et s’engagent à les respecter. Mais ce n’est qu’une ruse destinée à endormir la prudence des démocraties pour mieux les conquérir de l’intérieur en subvertissant leurs valeurs et leurs institutions selon une stratégie à long terme.

La France doit donc défendre Israël dans son combat pour son existence et sa sécurité par tous les moyens et sans aucune nuance. Tout en défendant les droits légitimes des Palestiniens et en appelant les deux partis à négocier une paix. Tout en rappelant aux dirigeants israéliens quels qu’ils soient sur quels principes leur pays est fondé. Et les inciter à ne pas en dévier en cédant au mimétisme identitaire et en s’abaissant à imiter leurs ennemis.

Car l’enjeu essentiel dans cette guerre n’est pas la préservation d’alliances, d’intérêts stratégiques, ni même la fidélité à des principes. Cette guerre n’est pas non plus une guerre de civilisations qui opposerait un modèle à un autre. C’est la guerre de LA civilisation contre ceux qui veulent l’anéantir. Le Hamas, pas plus que les Frères musulmans ou l’Iran des mollahs, ne sont porteurs d’aucun projet civilisationnel susceptible d’apporter la Paix et la Justice dans le monde. Pas plus que d’élever les consciences à un niveau supérieur. Ce projet, comme d’autres aujourd’hui, est un projet de type totalitaire, qui vise à détruire toute conscience, toute identité, tout libre arbitre individuels en les soumettant entièrement à un Collectif selon la logique du fanatisme religieux. Et donc à s’imposer par la peur, la force arbitraire et la violence.

On l’a vu dans toutes les régions du monde où l’Islam radical s’est imposé, quand bien même les Juifs seraient chassés d’Israël et les Palestiniens rétablis sur cette terre qu’ils revendiquent, les persécutions et les violences ne cesseraient pas pour autant. Les Chrétiens, puis les autres minorités religieuses, Druzes, bouddhistes ou autres, seraient à leur tour persécutées, converties de force, chassées ou condamnées à la clandestinité. Puis les mauvais musulmans seraient à leur tour persécutés, dans une folie d’épuration sans fin. Car l’ennemi de tout système totalitaire, c’est l’individu et la vie elle-même, qui est faite de différences et de ressemblances, d’harmonies et d’oppositions, de similitudes et de contradictions, d’ordre et d’entropie.

La civilisation, c’est ce qui permet à toutes les singularités, toutes les identités, toutes les oppositions de s’exprimer dans une cohérence dynamique qui rend possible les évolutions, la complexité croissante, le dépassement des identités concurrentes dans un ethos commun, et non leur anéantissement. Combattre le Hamas et ce qu’il représente, ce n’est donc pas prendre partie pour un camp contre un autre, préférer la cause d’Israël à celle des Palestiniens. C’est s’engager pour un dépassement du conflit par le haut. En faisant le pari qu’Israël n’est pas une nation jalouse de ses prérogatives, bunkerisée dans ses frontières, mais qu’il est porteur de valeurs universelles et d’un modèle de civilisation, de développement, de prospérité et de paix pour toute la région. Le pire serait de laisser Israël livré à lui-même. Et à ses pires démons. En se cramponnant à une identité de repli. En laissant l’idéal humaniste dont il est porteur perverti par les pires sionistes messianistes engagés dans un vertige apocalyptique symétrique à celui des héraults de l’Islam radical. Il faut donc s’engager non pas dans une logique de guerre pour terrasser un adversaire, mais pour permettre un saut évolutif collectif.

La géostratégie au Moyen-Orient bousculée par les bruits de bottes en Europe

Mis en avant

Conséquence de la guerre en Ukraine, et de cette stratégie suicidaire de L’OTAN depuis l’invasion russe en Ukraine de février 2022, qui prétend punir économiquement et isoler la Russie de Poutine, un rééquilibrage stratégique au Moyen-Orient, autre foyer des tensions mondiales, est en cours et tend à s’accélérer.

Pour preuve, cette livraison de chasseurs de combat Su-35 par Moscou à Téhéran évoquée par Le Courrier des stratèges, qui bouscule l’équilibre des forces dans la région.

Avec pour conséquence un renforcement de l’Axe Pékin-Moscou-Dehli-Téhéran.

Avec cette alliance militaire renforcée entre la Russie et l’Iran, ennemi numéro 1 déclaré d’Israël, la « guerre en Ukraine » continue d’accélérer la recomposition des alliances, dans la perspective de plus en plus probable d’un conflit mondial de grande envergure.

Les spéculations sur l’échiquier moyen-oriental exercent une pression sur la Turquie d’Erdogan, pour l’heure toujours officiellement membre de l’OTAN, alliée des Etats-Unis et de l’Europe. Mais qui joue de plus en plus un double jeu, notamment avec l’accord signé l’an dernier avec la Russie. Sa rivalité avec l’Iran chiite pour le leadership régional ne peut qu’exacerber les velléités hégémoniques du néosultan Erdogan, et l’inciter à trahir un peu plus le camp occidental pour se rallier aux Russes de façon à contrer l’Iran.

Les liens économiques et stratégiques très étroits entre les Etats-Unis (ou l’OTAN) et les pétromonarchies du Golfe avaient permis en 2020 la signature des « Accords d’Abraham », traité essentiellement économique conclu entre Netanyahu, les E.A.U. et Bahreïn. Avec pour objectif corolaire est de marginaliser davantage l’Iran, 2e puissance pétrolière de la région, et de renforcer la concurrence sur le marché des hydrocarbures et du trading régional entre l’Occident et ses protégés.

Un accord de paix est ainsi prévu en principe cette année entre l’Arabie saoudite de MBS et Netanyahu pour les mêmes raisons économiques, sur fond de « petits meurtres » corruptifs entre amis.

Mais l’Arabie saoudite, surtout depuis la guerre en Ukraine qui favorise son rapprochement avec Moscou, se montre de plus en plus duplice vis-à-vis de ses mentors américains. A l’image des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), elle vient de renoncer au dollar, désormais presqu’aussi moribond que l’euro, comme monnaie de référence mondiale pour ses échanges avec l’Occident. Et même au pétrodollar, pourtant taillé sur mesure par les banques américaines et les lobbies pétroliers texans.

Cette guerre Otano-russe qui ne dit pas son nom semble en tout cas dériver de plus en plus vers une 3e guerre mondiale ouverte, avec une recomposition des alliances selon un axe Occident/Asie. Bloc asiatique derrière lequel se rangent quelques nations africaines de poids comme le Nigeria, réfractaires à leur dilution dans un Nouvel Ordre Mondial unipolaire conçu et dominé par les USA.

Elle s’annonce comme le clash du siècle, qui libérera toutes les tensions au niveau des épicentres de conflits stratégiques mondiaux : Ukraine, Moyen-Orient et Mer de Chine en premier lieu.


Les chasseurs russes vont changer les règles du jeu au Moyen-Orient, par VZ

Le Courrier des Stratèges
15 mars 2023

La nouvelle sensationnelle a été annoncée par des sources officielles en Iran : il est allégué que Moscou aurait accepté de vendre des chasseurs Su-35 à Téhéran. Si ces informations sont exactes, le complexe militaro-industriel russe gagnera des milliards de dollars, l’Iran disposera d’un outil puissant pour contrer Israël, et l’influence américaine au Moyen-Orient diminuera […]
(Article réservé aux abonnés)

Tremblement de terre en Turquie et en Syrie – Les cataclysmes, armes géostratégiques par destination

Mis en avant

Le séisme du 6 février en Syrie et en Turquie, qui a causé plus de 21.000 morts à ce jour et s’annonce comme le plus meurtrier de la région, avec des destructions très étendues sur les deux pays, n’est-il réellement qu’une « catastrophe naturelle » ?

A priori la question peut paraître profondément indécente, mais mérite néanmoins d’être froidement posée. Après tout on a déjà vu tant d’autres séismes ou cataclysmes comparables sous des latitudes variables (Haïti, Iran, Europe, Thaïlande…) servir de prémices à des interventions univoques ou concertées entre des nations développées, aussi politiques et stratégiques qu’humanitaires. Interventions ciblées sur des territoires-clé de l’échiquier mondial comme le Moyen-Orient, en particulier cette frontière chaude et très contestée du « Kurdistan », un mot tabou que les journalistes n’osent même plus employer.

On se souvient des opérations militaires et stratégiques menées par l’Amérique d’Obama, certains pays européens de l’OTAN comme la France, la Turquie du néosultan Erdogan, la Russie, la Syrie et d’autres nations arabes de la région, lors de la très opportune et bankable « guerre contre Daesh » engagée au début de la décennie précédente, non pas tant pour écraser le pseudo Etat terroriste ISIS, mais pour des motifs clairement stratégiques liés notamment au pétrole et au gaz qui transitent par cette région.

Depuis le séisme du 6 février qui a frappé cette région déjà très meurtrie, la complosphère, la vraie, ne tarie plus de rumeurs sur l’hypothèse d’un tremblement de terre qui aurait été « provoqué par la Russie« . Insensé !

Pas tout à fait…

En réalité la technique des armes sismiques, non conventionnelles et qui font donc peu l’objet de publicité de la part des officines militaires qui les développent, existe bel et bien. Elle repose sur l’utilisation de petites bombes nucléaires disposées au niveau des points de tension des failles sismiques, et déclenchées pour provoquer des secousses. Un scénario peu probable dans le cas présent. Ou bien d’ondes électromagnétiques dirigées à très haute intensité depuis la haute atmosphère, comme celles produites par des équivalents du système « HAARP », un système d’émission et de direction d’ondes à haute intensité développé depuis plusieurs décennies par l’US Army en Alaska, mais aussi sur d’autres sites dans le monde. Système développé également par d’autres grands pays comme la Russie, la Chine, et la France notamment*.

Or si l’on s’interroge pour répondre à la question « A qui profite le crime ?« , la réponse est évidente : à la Russie.

Première à avoir dépêché une action « humanitaire » sur les lieux, la Russie est toujours pressée de consolider ses positions stratégiques en Syrie, depuis son soutien sans nuance au régime de Bachar El Assad, fragilisé lors des « printemps arabes » déclenchés par la CIA en 2011, et le succès de groupes terroristes hostiles au régime comme Daesh, levier stratégique de déstabilisation de la région, créé, financé et soutenu par les agences de renseignement américaines et occidentales et leurs alliés saoudiens ou qataris.

La Russie de Poutine est également pressée de renforcer son alliance avec la Turquie d’Erdogan, en principe toujours membre de l’OTAN, alliée des Américains et des Européens, mais qui joue clairement un double jeu dans cette nouvelle guerre Otano-russe en Ukraine. Erdogan, qui se rêve en nouveau Calife du monde sunnite et en leader des nations musulmanes, souffle le chaud et le froid en nouant des alliances avec les deux « camps ».

Que ce séisme soit naturel ou provoqué, être présent sur place au nom de l’humanitaire est une priorité pour Poutine, et une façon de mettre le pied dans la porte en posant ses marques en vue de la future reconstruction du Kurdistan. Une région frontalière stratégique entre la Syrie et la Turquie, point de passage des oléoducs vers les ports de la Méditerranée, sur fonds de guerre en Ukraine qui alimente (ou plutôt qui justifie…) les tensions et la hausse des prix sur les marchés mondiaux des carburants.

Exactement selon la même stratégie mise en œuvre par les néoconservateurs américains au Moyen-Orient depuis 30 ans, selon la stratégie du chaos. D’abord déstabiliser la région. Puis justifier une intervention militaire, sous mandat de l’ONU ou pas. Et enfin prendre le contrôle de la production et de l’acheminement de l’or noir et du gaz, notamment. En entretenant le chaos pour manipuler des régimes fantoches, et justifier le maintien d’une présence militaire quasi permanente. Depuis l’Opération Tempête du désert de Bush père pour « libérer le Koweït » en mars 1991, ses répliques avec la seconde Guerre du Golfe menées par son fils W et les faucons du Pentagone suite au 11 septembre, en Afghanistan, en 2003 en Irak, plus quelques actions discrètes et ciblées en Iran, et bien sûr la guerre récente contre Daesh en Irak et en Syrie durant le mandat d’Obama, cette stratégie a semble-t-il fait des émules. Du moins pour ce qui est de l’instrumentalisation des conflits régionaux, du terrorisme et des catastrophes diverses.
____________
cf. Claire Séverac : La guerre secrète contre les peuples

#GEOSTRATEGIE #seismeturquie #Russie