Comment tirer les leçons de la guerre, de la violence et de l’absurde ?
Comment la démission des consciences occidentales face au conflit israélo-palestinien qui plus essentiellement que la guerre en Ukraine ou d’autres conflits précipite le monde vers l’Abîme, parce qu’elle entérine la faillite de l’humanisme et le renoncement à la civilisation, pourrait aussi permettre un réveil de la conscience collective et la sortie du mimétisme ?
Vaste sujet, que je tente d’embrasser ici à partir de mon expérience personnelle, en revenant sur ces zones d’ombre volontairement occultées à propos des attentats terroristes du 7 octobre, de ce qu’ils révèlent, de l’amnésie suicidaire qu’ils suscitent parmi les nations pressées de regarder ailleurs, et combien le scandale qu’elle constitue appelle un sursaut spirituel et éthique.
Au risque de déplaire, je suis de ceux qui sont convaincus qu’il faut inlassablement rappeler la réalité et la spécificité des attentats commis par le Hamas le 7 octobre dernier. Et plus encore, qu’il ne faut jamais céder face à ceux qui voudraient qu’on ne s’intéresse qu’à la guerre menée par Israël contre le Hamas, qui certes cause des victimes innocentes parmi les civils, mais qu’il considèrent depuis 5 mois comme le seul sujet digne d’intérêt indépendamment des causes et des buts qui la motive.
Je suis également de ceux qui considèrent qu’il est notoirement manipulateur d’élever sur le même plan ces deux événements. En assimilant des attentats à des faits de guerre, et une organisation terroriste qualifiée abusivement d’armée de résistance et responsable d’attentats de masse qui transgressent toutes les règles de la guerre avec armée régulière d’un Etat démocratique ayant subi la plus lourde agression de son Histoire en termes de vies humaines sur son propre territoire.
Il est notoirement hypocrite de refuser de voir dans cette riposte militaire autre chose qu’une réponse légitime, préparée et mesurée, avec toute la complexité que suppose l’intervention de troupes armées contre des terroristes qui se cachent au milieu de populations civiles en les empêchant de fuir.
Une légitimité qui renvoie la France et les autres nations vertueuses donneuses de leçons à leurs propres contradictions. Notamment à leurs propres engagements récents de troupes militaires hors de leurs frontières dans des zones de conflit dominées par des milices terroristes : opération Barkhane au Sahel en 2014-2022, ou plus éloquente encore cette « guerre contre Daesh » menée par une coalition de pays arabes et occidentaux au titre de la résolution 2170 de l’ONU, à laquelle la France s’est jointe en septembre 2015 suite aux attentats perpétrés sur son sol par cette organisation. Une guerre faut-il le rappeler responsable officiellement de près de 15.000 victimes civiles tuées sous les bombes des armées coalisées, et de la destruction presque totale de villes comme Alep ou Mossoul.
Je ne souhaite pas m’abaisser à argumenter dans des débats aussi assourdissants qu’hypocrites à propos de cette nouvelle guerre menée par Israël à Gaza, cette fois résolu à en finir avec son ennemi juré, et à l’empêcher de se reconstituer pour mener d’autres offensives plus massives sur son territoire, comme il s’est promis de le faire 15 jours seulement après les massacres du 7 octobre.
Je ne souhaite évidemment pas que cette guerre éternise au-delà du temps nécessaire, ni que des innocents fassent les frais de cette stratégie incontournable pour en finir avec cette organisation dont l’unique vocation inscrite dans sa charte est de rayer Israël de la carte. Certes on ne détruit pas une idéologie avec des bombes. On risque même de lui donner des gages quand elle frappe involontairement des civils innocents. Mais au moins qu’on accepte de laisser faire Israël pour tenter d’éliminer la menace qui pèse sur ses ressortissants, tout en débarrassant les Gazaouis et la région de ces tyrans sanguinaires.
La vérité qu’on n’ose pas dire, c’est que cette guerre est aujourd’hui le prétexte rêvé pour les antisémites de tout poil, notamment les antisémites musulmans, leurs amis gauchistes alliés des révolutionnaires djihadistes depuis les années 1980, les ayatollahs du wokisme, et tous ces imbéciles heureux qui aboient d’autant plus fort qu’ils n’y connaissent rien, pour déverser leurs contre-vérités, leurs préjugés sur Israël et les Juifs, et surtout leur arrogante ignorance, en se dressant comme des parangons de morale et de vertu.
Je ne souhaite pas non plus épiloguer sur les détails sordides qui ont marqué ces attentats du 7 octobre. Un crime contre l’humanité parmi les plus sombres et les plus sanglants de l’Histoire contemporaine, qui devrait se suffire à lui-même pour en dénoncer les auteurs comme les ordures qui osent les applaudir.
Cet événement dramatique a en effet réussi une prouesse historique qu’on se forçait à croire désormais impossible : rabaisser en un éclair la conscience collective sous le degré zéro de toute humanité.
Un archétype de la barbarie, et un concentré de toutes les horreurs que puissent infliger des bourreaux à des victimes innocentes, conçu pour transgresser tous les tabous historiques et anthropologiques, et les fondements de toute société humaine, sans parler de civilisation.
Un événement conçu pour frapper les esprits plus encore que le corps des victimes, selon la logique de la Terreur. Et pour précipiter en quelques heures un peuple, les nations concernées et le monde entier dans l’abomination suprême.
Un traumatisme d’une violence paroxystique, d’un sadisme inégalé, propres à anéantir les esprits plus encore que les chairs.
Un choc inédit destiné à ébranler et tétaniser cette conscience juive qui peine tant à guérir de ses anciennes blessures. Mais aussi cette conscience globale à qui les logiques sournoises de la division et les réflexes identitaires interdisent de s’affranchir du mimétisme aliénant pour s’élever vers un avenir de Paix, d’Unité et de Justice.
En une seule journée cet événement aura pulvérisé le totem sacré fondé sur le serment unanime du « Plus jamais ça ! ».
Un serment prononcé face à l’horreur des camps que découvrirent les nations développées à l’aube de la Victoire, et scellé sur les charniers et les cendres de 6 millions d’innocents. Un engagement solennel qui représentait jusqu’ici l’apogée des grands principes humanistes, universels et pacifiques. L’armature éthique des peuples civilisés, de l’Etat de droit, fondé sur le renoncement à la violence arbitraire. Et une frontière infranchissable qui les séparait de la barbarie absolue représentée par les crimes de l’Allemagne nazie durant la Seconde guerre mondiale. Une barbarie dont la Croix gammée constituait le symbole par excellence.
Ce serment et les efforts qui l’accompagnaient pour lui être fidèle en dénonçant le mal partout où il s’exprime, avec une prétention affichée de se garder de tout esprit partisan et de tout relativisme idéologique, servaient de garde-fou moral aux nations qui s’étaient donné pour mission d’incarner la Vertu. Mais aussi de puissant antidote à leur mauvaise conscience postcoloniale et post-apocalyptique.
En trahissant ce pacte, en refusant de s’impliquer sans nécessairement prendre parti pour un peuple en sacrifiant l’autre, en fermant les yeux sur un drame qui les interpelait directement mais qu’elles ne voulaient surtout pas paraître endosser à leur compte, les nations vertueuses ont signé de facto un pacte avec le Diable.
Exactement comme elles l’avaient fait lors des accords de Munich, quand la France, l’Angleterre et les autres puissances alliées avaient abdiqué devant Hitler en croyant échapper à la guerre, livrant la Pologne, la Tchécoslovaquie et bientôt l’Europe tout entière aux appétits sans limites de l’ogre nazi, pressé de dévorer le monde pour réaliser son rêve messianique de IIIe Reich. Avec l’aide des banquiers américains, des spéculateurs de tout poil, et de quelques princes européens dégénérés.
Sauf que, comme l’a rappelé à partir de 1944 la philosophe allemande Hannah Arendt, les Nazis n’ont jamais réellement perdu la guerre. Contrairement à ce que l’Histoire officielle écrite par les vainqueurs a toujours faussement affirmé.
La Bête immonde et ses adorateurs sont juste descendus se camoufler dans les profondeurs de l’oubli, refoulés dans les ténèbres de l’Histoire et de l’inconscient collectif. Pour mieux ressurgir un jour, après avoir entre temps suscité d’innombrables émules.
Notamment parmi ces nazislamistes dont les pères pactisaient naguère avec Hitler afin d’exterminer tous les Juifs de Palestine. Comme le grand mufti de Jérusalem Mohammed Amin al-Husseini, ou Hassan Al-Bannah, fondateur de la Confrérie des Frères musulmans en 1928, dont le Hamas est un des nombreux rejetons.
Ces fils monstrueux de la Haine, enfantés par l’union scélérate entre les pères du Nazisme et le ventre brûlant du fondamentalisme antijuif musulman, ont depuis ranimé le flambeau du Mensonge et de la discorde, et fait planer sur le monde le spectre ricanant de la tyrannie. En ranimant partout massacres, pogroms et bûchers, en enfermant les peuples dans le cycle de la haine, de la vengeance et du ressentiment. Au nom d’un Islam dévoyé, d’une cause kidnappée, et de peuples qu’ils avaient pris en otages pour mieux les instrumentaliser, et mieux les soumettre à leur joug absolutiste.
Ces attentats du 7 octobre sont tellement essentiels, tellement admonitoires, tellement assourdissants d’éloquence, ils définissent tellement un avant et un après dans la conscience d’Israël, dans l’Histoire de ce Moyen-Orient tourmenté, et dans la conscience des nations vertueuses, que celles-ci effrayées se sont unanimement empressées de le refouler. Huit jours à peine après qu’ils se soient produits.
Les nations vertueuses se sont senties prises de court et déstabilisées, sommées par l’ampleur de l’événement et l’écho qu’il produisait d’apporter une réponse en se rangeant du côté des victimes. Mais elles ont bien vite retourné leur veste en suivant le concert des loups qui hurlaient vengeance contre cette riposte pourtant légitime et inévitable d’Israël.
Un prétexte commode pour se défausser de leur devoir moral et de leurs responsabilités envers les victimes. Ouvrant la boîte de Pandore pour laisser se déchaîner toutes les formes d’antisémitisme. Notamment parmi ces minorités musulmanes présentes sur leur sol, perpétuellement victimisées et dont elles craignaient d’alimenter la colère en ne prenant pas implicitement parti pour leurs frères palestiniens meurtris à Gaza.
Alors tant pis pour tous ces Juifs de France assimilés aux méchants « Sionistes », rendus complices parce qu’ils sont juifs d’un prétendu « génocide à Gaza » ! Tant pis si l’écrasante majorité des Juifs de la diaspora condamnent depuis des décennies la politique de colonisation et d’obstruction à paix de l’extrême droite au pouvoir en Israël. Les Juifs, une fois de plus, sont condamnés à faire collectivement les frais de ce choix macabre des nations vertueuses fondé sur de vils calculs géopolitiques (voir Appendice en fin de cet article), et surtout sur d’inavouables spéculations de politique intérieure : pas touche au vote musulman !
Et voici donc un Président illégitime et largement désavoué par l’opinion majoritaire, qui refuse de dénoncer publiquement l’antisémitisme et les actes violents dont sont victimes ses concitoyens juifs. Il tempère en surfant sur sa rhétorique fétiche du Et en même temps. Il renvoie dos-à-dos les victimes. Sans doute cherche-t-il à coller aux sondages ethniques. Ou à se laver du ridicule quand il osait au lendemain des attentats le 7 octobre appeler le monde à une « coalition internationale contre le Hamas ».
Hamas qui rappelons-le n’est ni un pays, ni un parti politique arrivé au pouvoir selon des voies démocratiques, encore moins le représentant légitime du peuple palestinien ou d’une cause juste, mais une organisation terroriste créée par les Frères musulmans, soutenue par l’Iran, qui règne par la terreur depuis 18 ans sur la bande de Gaza, et dont les Gazaouis sont les premières victimes.
Quel comble de la honte et de la trahison pour le peuple français que de se vendre ainsi aux ennemis de la France ! Et pour ce Président qui continue de déshonorer son pays et sa fonction avec un amateurisme aussi coupable. N’est-t-il pas allé jusqu’à prendre conseil (on croit rêver) auprès d’un saltimbanque et militant islamiste, proche ou membre des Frères musulmans, en la personne de Yassine Belattar ? Avant de déclarer en invoquant « l’unité nationale » qu’il ne participerait pas à la manifestation du 12 novembre contre l’antisémitisme, qui a rassemblé près de 200.000 personnes dans le calme et la dignité.
Pas question donc de soutenir Israël. Et surtout pas question de fâcher avec ses chouchous islamistes, ses « frères » comme il les appellent, alliés objectifs d’un pouvoir duplice. Les bonnes âmes n’auront qu’à se mettre des boules Quies dans les oreilles pour ne pas entendre les cris de « Mort aux Sionistes ! » lancés de l’autre côté du périphérique.
Le souvenir de Vichy s’invite dans les reculades de ces nains technocrates usinés à Davos, et qui pavoisent sur le fauteuil du Général. La France une fois de plus vend son honneur pour quelques bulletins de plus. On fait semblant d’appeler à « faire barrage à l’extrême droite », en agitant le spectre de la Bête immonde dès qu’il s’agit de rassembler les voix des imbéciles pour faire barrage à une chimère bien commode incarnée par la fille du Détail et son parti. Un tour de magie répété à chaque nouveau scrutin pour retourner comme une crêpe les débiles mentaux équipés d’une carte d’électeur.
Mais comment les Français peuvent-ils être atteints d’une telle anémie intellectuelle, d’une telle cécité et d’une telle faiblesse morale, pour qu’on parvienne à leur faire prendre des vessies pour des lanternes, à ignorer le vrai mal et les vrais dangers là où ils se situent réellement ? Pendant ce temps la Bête immonde ressurgie des basses fosses de l’Histoire continue de gesticuler et de faire des petits devant leurs yeux incrédules.
La surenchère de mensonges et d’outrances à propos de ces « Sionistes » accusés de perpétrer ici un « Apartheid » et là un « Génocide » suffisent à galvaniser les foules et à leur faire vomir leur haine jouissive et refoulée contre le Juif, cible séculaire de l’antijudaïsme musulman, et bouc émissaire des intersectionnels qui poussent sur le terreau de la haine arrosé par les sanglots de l’homme blanc.
J’ai beaucoup écrit sur les ressorts mimétiques et cette fascination retournée en haine héréditaire inscrite au cœur du logiciel de l’Islam depuis ses origines, à propos du ressentiment envieux des musulmans contre le peuple juif, à propos de son élection, de sa terre, de son Livre et de la promesse divine qui lui confèrent un droit d’aînesse imprescriptible sur les autres religions du Livre. Sur ces identités mimétiques construites à partir d’une réappropriation symétrique et fantasmatique de tout ce qu’Israël et les Juifs représentent, en positif comme en négatif, en tant peuple élu et archétype victimaire, de leurs mythes fondateurs et de leurs constructions mémorielles. Mais à quoi bon s’adresser à la raison quand les affects l’emportent en imposant leurs priorités irrationnelles et en sapant tout effort de lucidité et de vérité ?
Les anathèmes et stratagèmes qui les exploitent ont toujours été les meilleurs alliés de la mauvaise foi manipulatrice et de la mauvaise conscience auto-justificatrice. Et il n’y a pas que les islamogauchistes de LFI qui s’adonnent à ce péché en toute impunité.
Mais l’Histoire cette fois peine à redresser par ses enseignements des consciences toujours plus intoxiquées. Le refoulement des leçons de l’Histoire, passée et contemporaine, permet au contraire d’élever la trahison en vertu. Et la faiblesse morale en honneur.
La démission et l’imprécation font figure de bonne conscience.
Cette fois, pas de coalition appelée par le camp du Bien pour en finir avec la Bête immonde. Pas d’union sacrée des Justes pour sauver les Juifs livrés à leur sort. Ni même pour voler au secours les musulmans ou d’autres victimes cannibalisées par cette idéologie de mort qu’incarnent les organisations islamistes et djihadistes. Des officines du mensonge qui font du meurtre sauvage des Juifs et des mécréants un absolu, une justification à leur existence, et une voie suprême vers la sanctification. Une idéologie totalitaire et morbide, qui étend par la terreur son empire sur une religion rassemblant 2 milliards d’adeptes, et qui prétend conquérir le monde.
Fatigué de dénoncer ce climat absurde, la duplicité des gens de pouvoirs et l’aveuglement des moutons, j’aimerais surtout livrer un témoignage personnel. Partager mon ressenti profond, bouleversé par ces événements et leur occultation volontaire.
Le 7 octobre, comme le 11 septembre, Charlie ou le Bataclan, n’ont pas seulement frappé la conscience occidentale, française en particulier, en leur révélant au milieu des larmes cette réalité d’un terrorisme qui veut sa peau. Quels qu’en soient les auteurs ou ceux qui les instrumentalisent pour de sombres motifs.
Pour autant qu’ils aient permis d’enclencher des prises de conscience salvatrices, ces événements ont aussi paradoxalement accru le degré de confusion ambiant. Dans les esprits, dans les discours, et dans cette conscience collective tiraillée par des forces antagonistes.
Un peu comme si l’emprise des Ténèbres sur le monde et sur les âmes semblait s’accroître à chacun de ces chocs. Comme s’il fallait que le mal triomphe encore et encore, pour qu’un jour la Lumière puisse éclater et triompher à jamais.
Ce processus apocalyptique de « révélation » par à-coups nourrit aussi toutes sortes de dérives, d’excès et de folies. Il autorise tous les passages à la limite. La peur et le chaos qui le manifestent justifient en réaction toutes les crispations, tous les enfermements, toutes les régressions messianiques ou idéologiques, toutes les récupérations par divers pouvoirs totalitaires, toutes les offenses à la vérité, à la raison, aux valeurs et aspirations universelles les plus élevées, vers lesquelles voudrait tendre notre humanité travaillée par la souffrance.
C’est pourquoi le Discernement, la quête du Sens, de la Vérité ou du Bien sont des exercices aussi urgents que périlleux. Car ils mettent en danger tous ceux qui s’y engagent avec honnêteté, sans esprit partisan, mais en respectant les écarts tout en servant l’intérêt général. Car notre époque préfère adorer des idoles, célébrer le mensonge et se vautrer dans des obscénités. Elle punit ceux qui au contraire osent se déclarer fidèles au Bien et à la vérité.
On l’a vu notamment au moment de la crise du Covid, un condensé de toutes les manipulations et distorsions dont un pouvoir est capable quand il prétend s’exercer contre la vérité et contre les principes élémentaires qui le sous-tendent. On le voit aussi avec toutes ces guerres et affrontements qu’on alimente et instrumentalise pour maintenir les peuples dans un état de sidération, d’opposition, de contrôle et de servitude volontaire.
Qui s’attendait à ces attentats du 7 octobre ?
Pas plus qu’au matin du 11 septembre 2001 ou des attentats de Charlie, je n’étais préparé à vivre un tel événement.
C’est en entendant les dépêches que j’ai immédiatement compris que quelque chose d’exceptionnel était en train de se produire.
Mais je n’ai mesuré qu’au bout de quelques jours, en découvrant l’horreur dans toute son étendue au travers des témoignages des survivants et des personnes venues secourir les victimes, le caractère exceptionnel de ces attentats.
Le nombre effarant de terroristes, environ 3.000, qui ont réussi à s’infiltrer en quelques heures dans le territoire israélien, leur extrême préparation, leur détermination froide, sereine et méticuleuse, leur jubilation à massacrer méthodiquement femmes enceintes, enfants, nourrissons, vieillards, en leur infligeant de telles violences, leur obstination à faire le maximum de victimes, 1.200 officiellement, sans jamais être rassasiés de mort, leur jubilation à se filmer comme des ados balançant leurs exploits sur TikTok, et le retentissement incroyable sur les populations de Gaza, enflammées instantanément par le spectacle retransmis en direct par les portables et caméras GoPro de ces sales « Yahud » baignant dans leur sang et crevant comme des porcs sous les coups de leurs héros…
Toute espèce d’humanité, tout atome de compassion anéantis en quelques instants. Du jamais vu depuis… On peine à trouver des repères.
Les Nazis avaient sans doute eu assez de culpabilité, pouvait-on penser, pour tenter de dissimuler au monde leurs crimes en niant le plus longtemps possible l’existence des camps d’extermination. Cette fois, le plus grand des crimes perpétrés contre des Juifs par des musulmans à l’époque moderne devenait synonyme de la plus grande vertu. Et son exposition obscène, un gage de glorification et d’identification instantanées.
Quelle formidable inversion des valeurs !
Ces attentats ont achevé de détruire en moi toutes les croyances naïves que j’avais cultivées durant tant d’années sur les vrais enjeux de ce conflit et l’attitude réelle des acteurs en présence.
S’agissant de duplicité, de fourberie, de corruption, je n’ai jamais eu aucune illusion concernant un personnage aussi abject que Benyamin Netanyahu. Un homme dont peu de ses concitoyens juifs savent qui il est réellement. Bien qu’il ne soit pas rabbin comme l’était son grand-père, bien qu’il ne porte aucun signe religieux qui l’assimilerait à ses alliés de l’extrême droite religieuse, « Bibi » est pourtant lui-même l’un des idéologues et non seulement l’un des acteurs du sionisme messianique. Il est notamment l’auteur de plusieurs publications disponibles sur internet sur cette idéologie fondée sur une lecture fondamentaliste de la Bible et de la Tradition juive. Une idéologie qui entend faire d’Israël un pays juif pour les seuls Juifs. Avec ce mythe du Grand Israël d’inspiration prétendument biblique, dont les frontières vont de la Méditerranée au Jourdain et du Golan au Sinaï. Un mythe qui justifie le projet de rattachement des Territoires occupés à Israël pour former un seul Etat juif unifié. Et pour qui l’intensification des colonies jusqu’à expulser tous les Palestiniens hors de leurs terres et les refouler à l’Est du Jourdain constitue une stratégie irrévocable.
C’est aussi le Premier ministre le plus corrompu qu’Israël ait jamais connu, le champion du népotisme et de l’enrichissement personnel, qui a constitué une fortune personnelle en hypothéquant la sécurité de son pays et des Juifs du monde entier pour faire du business avec des marchands d’armes américains, et nouer des contrats juteux avec ses ennemis d’hier, Arabie saoudite en tête. En prétendant faire la paix tout en prolongeant la guerre pour en récolter les fruits, notamment pour se faire réélire en surfant sur les angoisses des Juifs israéliens.
Aucune illusion non plus quant au Hamas qualifié de « Résistance palestinienne » par les collabos pro-terroristes. Ni à propos de cette Autorité Palestinienne et l’élite qui la constitue, qui a toujours pactisé avec l’occupant, les puissances dominantes du moment, comme ses pires ennemis : empire ottoman, empire britannique, empire américain, méchants sionistes après les Accords d’Oslo. Une élite corrompue qui a conclu des alliances intéressés pour consolider son pouvoir et se remplir les poches grâce aux subventions des Européens et de tous ceux qui venaient verser leur obole pour se donner bonne conscience en pleurant sur le sort des Palestiniens.
Depuis 35 ans j’ai suffisamment sillonné la région, rencontré et discuté avec à peu près toutes ses composantes, des Juifs ultrareligieux aux Palestiniens des Territoires qui hier soutenaient Mahmoud Abbas et que le désespoir a fini par jeter dans les bras du Hamas. En passant par des acteurs courageux et ignorés du peacemaking, qui œuvrent au quotidien pour la réconciliation et pour construire des coopérations audacieuses entre Juifs et Palestiniens, faute de rêver d’une paix impossible à deux Etats.
Face au constat déprimant mais réaliste d’un conflit qui n’a objectivement depuis longtemps plus aucune issue ni solution possible, ces désillusions m’ont incité à prendre de la distance avec des engagements que j’avais pris pour soutenir les plus courageux qui font vivre ces initiatives. Lors de mon dernier voyage en Israël en 2013, j’avais même peine à prolonger mon séjour à Jérusalem, une ville à laquelle j’étais pourtant très attaché. Tant le poids des religieux et des nationalistes qui grignotent le pouvoir et occupent la Vieille Ville y est devenu étouffant. D’après ce que m’en disent des amis sur place qui n’ont pas encore fui à Tel Aviv ou à l’étranger, c’est devenu bien pire aujourd’hui.
On comprend que les Occidentaux n’aient pas vraiment envie de se salir les mains dans ce merdier. Et préfèrent se tenir à distance en faisant la leçon et en prenant des poses offusquées.
Mais le devoir de vigilance sinon celui d’ingérence pourrait rapidement rattraper ces nations vertueuses. Car à force de toujours reculer l’échéance d’un aggiornamento éthique et politique sur leur propre territoire, de refuser de prendre à bras le corps et de façon concertée ce problème délicat, longtemps nié et refoulé de l’immigration massive, des minorités ethniques et religieuses, du communautarisme musulman et de l’entrisme islamiste (sans parler de « grand remplacement »), de la contamination des populations d’origine musulmane par l’idéologie frériste, salafiste ou djihadiste, des alliances duplices conclues par ces nations avec des pays musulmans qui soutiennent les mouvements terroristes, et inondent nos banlieues de prédicateurs de haine, comme le Qatar, l’Arabie saoudite, la Turquie, ou d’autres pays a priori moins sous les radars comme le Koweït, le Pakistan ou l’Iran…, l’Occident a non seulement vendu son âme mais aussi scié la branche des principes sur laquelle il était assis.
Les nations vertueuses n’ont plus qu’à ravaler leur fierté et faire l’inventaire du désastre pour tirer les conclusions qui s’imposent. Cesser de s’intoxiquer et se dissimuler derrière un Verbe tellement déconnecté du réel qu’il finit par les discréditer et les désigner comme coupables.
Le réveil ne viendra bien sûr pas ce ceux qui nous dirigent, encore moins d’autres marionnettes appelées à les remplacer. Tous également corrompus par les mêmes pouvoirs et les mêmes élites mondialistes qui les ont mis là pour les enchaîner à les servir. Et qui ont trop intérêt à proroger cette stratégie du mensonge, du double jeu, du choc et du contrôle des consciences, dans le seul but de dérouler leur agenda et de servir jalousement leurs intérêts, sans jamais se préoccuper du sort des peuples, mais tout en prétendant œuvrer dans leur intérêt.
L’obscénité du 7 octobre qui colle aux consciences comme le retour du refoulé l’est moins en raison de l’horreur de ces attentats que de l’horreur de ce qu’ils révèlent. Et de l’urgence sans cesse reportée d’un Sursaut des consciences face à ce constat.
Sortir de la logique de haine et de corruption du Sens en retrouvant une foi quelconque pour s’extraire des spirales du nihilisme n’est certes pas chose aisée. Comme l’écrivait Oscar Wilde : « Il faut beaucoup de courage pour voir le monde dans toute sa splendeur souillée, tout en l’aimant. »
L’amour est un mot trop galvaudé, au nom duquel on a commis les pires crimes : l’amour de Dieu, de la patrie, de son clan, du peuple ou de l’humanité…
Mais quelle autre force pourrait faire tenir ensemble cette humanité décousue qui s’agrippe à des chimères en croyant pouvoir éviter de sombrer dans le Néant ? L’amour est un choix bien plus exigeant que toutes les compromissions du mimétisme. Quel mérite à aimer et défendre ceux qui nous ressemble ? Et quoi de plus contre-nature que de faire le choix d’aimer ses ennemis, ceux qui nous persécutent ? Mais avons-nous au bout du compte un autre choix ?
Pourra-on un jour pardonner non pas pour « faire la paix », mais pour vivre la Paix, pour vivre « dans la paix ? »… Difficile de l’envisager aujourd’hui. Et même à prononcer, tant les blessures sont profondes et touchent à ce qu’il y a de plus essentiel.
Alors peut-on faire la paix sans pardonner ? Mais en renonçant toutefois à cette vengeance mimétique qui détruit avec une même et implacable obstination bourreaux et victimes ? Sortir de la contamination des émotions et de ces identités relatives fondées sur la rivalité symétrique. Revenir à des racines existentielles et ontologiques plus essentielles et universelles, qui transcendent les différences.
Mais pour cela il faut dépasser les mythes qui fondent ces identités collectives. Et donc en finir avec les logiques nationalistes et religieuses. En libérant la spiritualité de la religion, et les peuples du nationalisme.
La France a inventé pour ça la laïcité. Laquelle se voit tenue en échec un siècle plus tard. N’y aurait-il pas des formes d’affirmation identitaire universelle à revendiquer, et surtout à incarner, qui dépasseraient tous les clivages et permettraient à l’humanité de faire corps, sans pour autant renier les spécificités qui la composent ?
Rien ne pourra fondamentalement changer tant que la conscience restera tributaire de mécanismes qui la ramènent vers ses vieux bégaiements mimétiques, la concurrence victimaire, la division et la barbarie qui en découlent. En sortir suppose un renoncement, sinon le choix du pardon. Renoncer à l’engrenage de la haine et de la violence. Ou plus exactement quand la violence est légitime pour se protéger, refuser de s’identifier à elle. La considérer au contraire comme un mal nécessaire et non comme un but en soi, poursuivi et justifié par des rationalisations pseudo éthiques, religieuses, identitaires, politiques ou autres.
C’est sur cela que doivent travailler ensemble, et non l’un contre l’autre, Israéliens et Palestiniens, Juifs et Musulmans, mais aussi Russes et Ukrainiens, et tous les peuples en guerre, en Ethiopie, au Yémen, en Arménie et ailleurs.
Car sinon comment trouver du Sens face à l’Abîme ? Et comment faire en sorte de transformer ce Crépuscule de l’homme en une aube de la Conscience pour toute l’humanité ?
APPENDICE
Cet article serait incomplet sans évoquer un aspect laissé de côté, mais qui s’avère pourtant essentiel si l’on veut comprendre de façon exhaustive les raisons qui poussent les nations vertueuses à trahir d’une façon aussi obvieuse et odieuse leurs grands principes. Et pour quelles raisons elles ont implicitement choisi de laisser tomber Israël, tout en prétendant continuer à le défendre. Comme elles ont implicitement laissé tomber tous les Juifs du monde, en les laissant enfermer dans la rhétorique « antisioniste » du Hamas qui les assimilent tous aux crimes dont cet Etat est accusé.
Une rhétorique raciste et belliqueuse qui voue tous les Juifs du monde au même sort génocidaire que les victimes désignées comme exemplaires par ces attentats admonitoires du 7 octobre. Des attentats donc la justification ne repose pas uniquement sur la haine antisémite ou le désir de vengeance contre un Etat ennemi. Mais aussi sur la prétention à inaugurer une croisade messianique au nom d’Allah afin de reconquérir et réislamiser cette terre de Palestine souillée par les colons juifs et les nations impies. Avant de conquérir la planète entière, sur laquelle planera bientôt le drapeau vert du Califat mondial. Une prétention bien entendu symbolique, car le Hamas n’a pas les moyens d’une telle politique. Mais justement parce qu’elle n’est que symbolique, cette rhétorique a d’autant plus le pouvoir de mobiliser les consciences en jouant sur les mécanismes du désespoir et en infligeant à Israël une humiliation sans précédent, comme un baroud d’honneur avant l’Apocalypse.
Cette offensive inaugure donc une guerre qui se veut juste et sainte. Elle force le rapport de forces jusqu’ici défavorable en ouvrant par effraction une autre dimension, mystique, dans laquelle l’ennemi se refusait jusqu’ici de se situer ouvertement, mise à part une infime minorité de fanatiques juifs messianiques. Elle enferme Israël dans le double piège d’une riposte meurtrière qui le discrédite, et d’un discours incantatoire adressé à tous les musulmans du monde et à leurs alliés qui déborde des habituelles logiques géopolitiques ou identitaires.
En les obligeant à basculer pour se déclarer unanimement solidaires cette guerre contre les Juifs (les « Sionistes« ) au nom de l’Oumma, dont l’appartenance prime pour tout musulman sur tout autre critère. Et donc de s’ériger comme un seul homme contre tous les dhimmis (Juifs et « croisés »), contre tous les « kouffars », ces mécréants qui renâclent à se convertir. Une guerre qui ne se déploie plus dès lors sur un plan historique ou révolutionnaire mais sur un plan eschatologique. Et qui doit nécessairement culminer dans un Armageddon inversé, au terme duquel seuls les fidèles de l’unique et ultime Révélation déclarée licite, c’est-à-dire celle du Prophète Muhammad, pourront espérer un juste Relèvement et une juste rétribution lors du Jugement dernier.
Bien entendu les nations vertueuses se tiennent bien à l’écart de tels discours. Elles qui se pensent affranchies par la Raison de ce paradigme obscurantiste propre aux religions primitives. Bien que certaines d’entre elles ne soient en réalité nullement épargnées par des mouvements de régressions fondamentalistes religieuses et leurs brûlantes incantations messianiques. Comme parmi ces ultrareligieux amis de Benyamin Netanyahu, et chez certains évangéliques américains qui les soutiennent.
Toutefois, pour les uns comme pour les autres, cette rhétorique n’est pas nécessairement à prendre au premier degré. Elle constitue tout autant un levier mobilisateur auprès des populations visées destiné à les fédérer, qu’un outil de propagande commun à toutes les dictatures qui tentent de justifier leur pouvoir oppresseur au nom d’une Cause sinon d’une Transcendance supérieure, comme tous ces fascismes et totalitarismes que l’Histoire nous a légués.
Vu sous cet angle, le recours à une mythologie messianique est l’un des outils destinés à servir non pas tant une Cause que la stratégie du pouvoir qui s’en fait l’instrument exclusif.
Le crime contre l’humanité perpétré par le Hamas le 7 octobre n’aurait jamais été possible à réaliser, pour ceux qui en sont les vrais instigateurs comme le régime iranien, sans recourir à cette rhétorique messianique. Et sans instrumentaliser par là même la souffrance, le ressentiment et l’aspiration à la justice séculière sinon divine d’un peuple qui s’estime dépossédé de sa terre depuis 76 ans par un occupant jugé illégitime qui la revendique au titre d’une légitimité historique, mais aussi au nom d’une religion concurrente.
Les horreurs jamais vues du 7 octobre n’auraient jamais pu être justifiées, puis passées sous silence pour mieux condamner la riposte militaire qu’elles ont justifiée, si elles n’avaient été élevées au rang sacré d’instrument d’une croisade messianique pour « libérer » une terre profanée par un peuple infidèle qui se l’était appropriée de façon brutale et illégitime, et qui l’occupe toujours par la force arbitraire.
Et c’est ainsi que le piège de ces discours messianiques qui mélangent politique, nationalisme et mythes religieux se referme comme un piège sur des peuples qu’ils prétendent sauver. En recouvrant d’impératifs catégoriques falsifiés et de mythes messianiques outranciers de basses préoccupations moins avouables d’ordre géopolitique et géostratégique.
Et voilà donc comment les nations vertueuses en viennent à vociférer contre Israël, qu’elles accusent de bombarder Gaza en tuant des milliers de victimes innocentes. On pourrait rentrer dans leur jeu accusatoire dicté par la mauvaise conscience en leur resservant la fameuse parabole de la paille et de la poutre, à propos des guerres qu’elles ont déclenchées et alimentées pour de sombres motifs depuis des décennies, au Moyen-Orient, dans les Balkans, en Afrique, ou plus récemment en Ukraine… Mais ce serait trop facilement céder à la tentation moraliste.
Aujourd’hui ces nations vertueuses jouent un jeu duplice. Elles pressent Israël d’accepter un cesser le feu, de renoncer à détruire le Hamas qui les menace pourtant autant qu’Israël, sinon de déposer les armes devant cette armée de terroristes qui tient depuis 18 ans en otages 2 millions de Gazaouis et menacent 10 millions d’Israéliens. Elles somment de fait l’Etat hébreu de renoncer à libérer la centaine de ses ressortissants et d’étrangers innocents kidnappés le 7 octobre et toujours détenus à Gaza.
Les nations vertueuses abdiquent en laissant un Etat qui fait pourtant partie de leur camp se démerder tout seul après avoir été traîtreusement attaqué. Les nations vertueuses ont implicitement tiré un trait sur lui. Du moins au regard de ces grands principes qu’elles sont censées défendre. Elles ont décidé sans le dire, symboliquement sinon explicitement, d’abandonner les 75% de Juifs qui composent la société israélienne, assimilés aux dérives nationalistes de leurs dirigeants actuels. Un pays qui sans cette communauté internationale autoproclamée résumée à l’Occident et sa conscience vertueuse n’aurait jamais vu le jour en 1948. Et qui continue 76 ans plus tard de défendre le droit d’Israël à exister, à vivre en paix et en sécurité, et donc à utiliser les armes pour se défendre face à un ennemi qui a juré sa perte et qui veut tuer tous les Juifs. Un pays entouré de nations arabes et de musulmans qui lui sont pour une grande majorité hostiles. Et qui se sont déjà à plusieurs reprises ligués pour l’éliminer.
Conséquence de ce choix qui les déshonore, les nations vertueuses tirent également un trait sur les millions de Juifs qui vivent dans le monde, et que menacent toutes les organisations djihadistes du monde et leurs puissants mécènes comme l’Iran, la Turquie, le Pakistan, l’Afghanistan, l’Arabie saoudite ou le Qatar. Elles exposent donc de fait leurs propres concitoyens de confession juive qui vivent sur leur territoire depuis des siècles. Et qu’elles s’étaient jurées de protéger la main posée sur la Bible, les Droits de l’homme ou les traités. Notamment en tirant les leçons amères du plus grand génocide de l’Histoire contemporaine perpétré par l’une d’entre elles sur leur propre sol, et qui a tant nourri leur mauvaise conscience.
Qu’est-ce qui justifie un tel revirement, une telle trahison de leurs engagements et de leurs valeurs ? Le drame des Juifs, ce n’est pas d’être tous tenus pour solidaires d’une guerre pourtant juste menée par Israël contre des terroristes. Une guerre qui malgré les mensonges qu’on rapporte reste bien plus mesurée qu’on prétend, puisqu’elle cause beaucoup moins de victimes à Gaza que le Hamas n’en espérait dans cette stratégie machiavélique qui consiste utiliser des boucliers humains en surnombre pour retourner l’opinion internationale.
La sale raison qui justifie ce revirement des nations vertueuses, c’est que les Juifs ont été déchus de leur rôle et de leur statut de victimes exemplaires, au bénéfice d’autres victimes jugées plus méritantes. Et qu’ils sont désormais accusés d’avoir démérité des faveurs que les nations vertueuses leur avaient accordées. Ces nations dépositaires ne sont-elles pas investies par l’excellence démocratique et progressiste qu’elles incarnent du rôle de Cour Suprême chargée d’arbitrer la Vertu ? Or ces méchants Juifs ont cédé à leurs mauvais penchants, à cette « arrogance » légendaire qui les caractérisent. Ils se sont crus autorisés à massacrer d’autres victimes, qui depuis leur disputent ce titre, en usant de chantage politique et de concurrence victimaire.
Dans ce Triangle de Karpman cent fois rejoué où les rôles s’interchangent entre bourreaux, victimes et sauveurs, les nations vertueuses n’iront jamais défendre leur rôle de Sauveur jusqu’à s’aventurer aux côtés d’Israël dans une entreprise risquée, ultra impopulaire, qui consisterait à déloger par la force une armée de terroristes qui squattent Gaza depuis 18 ans, tient en otage sa population, et font régner la terreur sur 2 millions de miséreux coincés entre la mer et le désert. En détournant à leur compte les aides israéliennes, arabes, européennes et autres pour financer des tunnels, des armes, des écoles où l’on enseigne la haine et le meutre des Juifs dès la maternelle.
Une armée certes en partie soutenue discrètement durant des années par quelques dirigeants israéliens calculateurs et aventuriers. Mais une armée qui ose se prétendre la « Résistance » à un Etat hébreu qu’elle a juré d’anéantir. Comme d’exterminer jusqu’au dernier tous ces « Yahud » infidèles accusés d’être des instruments sataniques de la persécution des musulmans. Un délire médiéval relayé chaque jour sur les chaînes de télé qataries, qui fanatise des millions de musulmans bien qu’ils soient les premières victimes de cette idéologie totalitaire.
Les nations vertueuses n’oseront jamais défier frontalement ces fanatiques. Encore moins leurs riches mécènes iraniens ou qataris. Notamment parce que ces derniers jouent un double jeu et que leurs intérêts sont liés à ceux des grands argentiers, industriels et dirigeants occidentaux. Parce que ces nababs qui financent le terrorisme sont aussi les incontournables mécènes et actionnaires de nos entreprises de luxe, de nos stades de foot, de nos banlieues livrées à leur sort, et de façon plus occulte, des partis et cadors de la politique, dont la duplicité fait partie du code déontologique.
Un marché justifié par ces milliards jaillis depuis les menées des Rockefeller il y a un siècle dans les sables d’Arabie, aux puits de pétrole et à la finance islamique qu’ils alimentent, et aux noces prospères entre quelques grandes familles de ploutocrates sans états d’âme, comme les clans Bush et Ben Laden…
Enfin pourquoi les nations vertueuses iraient-elles commettre la folie d’envoyer des troupes à Gaza aux côtés de Tsahal ? Comme le petit Pinocchio agité de l’Elysée se risquait à les y inviter en se levant un beau matin après une soirée un peu trop poudrée. Pourquoi se rangeraient-elles derrière le parti de ces méchants sionistes, en s’assimilant à des méthodes jugées aussi brutales ? Hormis le fait qu’elles se mettraient aussitôt à dos 6 à 8 millions de musulmans rien qu’en France, qui vivent sur leur sol et sont autant d’armes à retardement aux mains des islamistes, mais aussi d’électeurs potentiels que les loups de LFI et d’une partie de ce qui fut autrefois la gauche s’empressent de draguer en prostituant leur bonne conscience humaniste sur l’autel du Grand Soir islamogauchiste.
Les nations vertueuses se moquent du sort qui attendrait les Juifs et Israël si par malheur l’empire des djihadistes venait à s’étendre sur tout le Moyen-Orient. Ou du moins elles se moquent de défendre Gaza comme un territoire stratégique pour leurs intérêts vitaux. Et pourquoi donc ?
Pour une raison hélas tristement triviale. Parce qu’il n’y a à Gaza ni pétrole, ni oléoduc ou gazoduc qui transite comme en Irak ou en Syrie vers des ports méditerranéens pour les approvisionner.
Parce qu’il n’y a pas d’armes à vendre après avoir assuré le showroom à ciel ouvert, à une armée régulière ou un Etat gazaoui fût-il démocratique mais qui n’a aucune chance de voir le jour.
Parce qu’il n’y a pas non plus de grenier à céréales ou d’autre gazoduc qui achemine comme en Ukraine le précieux gaz depuis les plaines immenses de Sibérie directement vers leurs usines et les foyers européens.
Parce qu’il n’est pas question d’y installer durablement des troupes, ni un pouvoir « démocratique » bidon constitué de marionnettes formées à Harvard et qui obéiraient à leurs injonctions. Comme à Kaboul, à Bagdad, à Tunis, au Caire ou à Koweït City, après les guerres « contre le terrorisme », « contre l’Axe du mal », ou après ces romantiques « révolutions arabes » de la CIA.
Et parce qu’il n’y a aucun intérêt à vouloir pousser les pions de l’OTAN militairement à l’Est du bidonville géant qu’est Gaza, où croupissent 2 millions d’âmes endoctrinées depuis 20 ans et plus dans la plus parfaite haine des Juifs et de l’Occident. Là-bas n’y a que les scorpions du désert, et des pays déjà contrôlés ou alliés des nations vertueuses.
Un peu de géostratégie permet toujours de remettre les pendules à l’heure. Et de relativiser les beaux discours des démocraties pressées de donner des leçons de morale à tout le monde.
En résumé, Israël et les Juifs sont les victimes sacrifiées au nom d’un système inventé par les nations vertueuses et qui entend se pérenniser, en jouant des chocs de l’Histoire, et parfois, souvent, en les précipitant à son avantage. Et en dépit de ses promesses solennelles et de ses discours sagement marketés, ce système n’obéit à aucune éthique, aucun principe, aucun impératif fût-il démocratique, humaniste, pacifique ou même écologique. Tout ça relève de la simple rhétorique pour justifier des choix, forcer des populations à accepter des basculements, selon une stratégie du choc largement décrite par ceux qui la défendent, comme le Président du Forum économique mondial Klaus Schwab dans ses derniers ouvrages.
Pour ces nations vertueuses, le monde n’est donc pas un champ d’action où la Raison, le Progrès devraient triompher au nom du Bien commun ou de l’intérêt du plus grand nombre, mais un échiquier, un grand Marché qui doit servir les intérêts de quelques-uns. Et pour lesquels la fin justifiera toujours les moyens. Notamment la plus parfaite hypocrisie.
Le drame d’Israël c’est qu’il s’est laissé corrompre par les dirigeants qu’il s’est choisis, et qui sont les parangons de ce système, qui broient sa population, kidnappe son Histoire, les mythes et ses valeurs, instrumentalise ses peurs avec un cynisme aveuglant. Les Israéliens, et les Juifs avec eux, payent aujourd’hui le prix fort de choix politiques malhonnêtes et d’une tromperie monumentale qui consiste à réélire ces gens-là en espérant garantir leur sécurité. Alors que celle-ci s’avère n’avoir été qu’une hypothèque levée pour satisfaire des ambitions personnelles.
Le 7 octobre aura ouvert les yeux gonflés de larmes à beaucoup qui refusaient de voir le piège où ils s’étaient laissé enfermer. Une majorité semblait dès le lendemain des attentats bien décidée à leur demander des comptes, à dégager et punir ces usurpateurs qui leur avaient menti, et s’étaient servis d’eux pour bétonner leur carrière et leur fortune.
Mais n’est-il pas déjà trop tard ? Car même si la conscience juive ou israélienne se réveille des mirages qui l’ont intoxiquée durant des décennies, la rue musulmane quant à elle est pour une large part bien décidée à réclamer des comptes aux « Sionistes », excitée par ses mentors qui l’utilisent en l’enfermant dans des mécanismes victimaires symétriques pour servir leurs desseins et conquérir le monde.
Au final, c’est une révolution de la Conscience qu’il fait appeler aujourd’hui pour dépasser ce piège. Mais le chemin est encore long pour y parvenir, et le temps se resserre. L’aiguille de l’horloge de l’Apocalypse se rapproche dangereusement de minuit. Et vu le contexte international il n’est pas exclu que le compteur s’emballe. Certains y auraient d’ailleurs intérêt, qui soufflent sur les braises l’air de rien : War is ALWAYS bankable!… Or Israël et la Palestine sont l’un des épicentres des conflits mondiaux. Conjugué à d’autres crises graves, le conflit qui les opposent constitue un paramètre essentiel dans l’équation qui conduit l’humanité soit vers la paix soit vers la guerre totale. Le statu quo qui permettait à chacun de se gaver, lui, n’est plus tenable, 30 ans après les Accords d’Oslo.
Il est inutile d’agiter des spectres. Comme il serait coupable de continuer à mettre la tête sous le sable. Voir les enjeux avec lucidité doit maintenant produire un Saut vers le haut, pas une nouvelle régression vers les Ténèbres. C’est là tout l’enjeu, le seul en vérité, de ces crises qui nous interrogent : non pas y répondre superficiellement par des discours éthiques, mais agir pour changer l’équation dans un sens pour le coup réellement vertueux, en partant de là où l’on se situe. Et cela ne dépend ni d’un parapluie stratégique, ni de l’action héroïque ou du sacrifice de quelques-uns, ni du bon vouloir des nations, ni d’un éventuel gouvernement mondial contrôlé par les puissances financières qui ourdissent les guerres, ni de la bonne volonté des âmes justes… Mais de la conjuration de chacun et de tous pour servir une cause qui nous dépasse : le futur de l’humanité et des générations futures.