INSURRECTION : Pour quoi ? Jusqu’où ?

Mis en avant

« Et je vous le dis : il y aura une révolution dans ce pays avant 2022. Il y AURA une révolution dans ce pays !… »

Jacques Attali en pré-campagne pour son poulain Macron, dans l’émission C politique le 14 avril 2016 sur France 2

Le droit à l’autodéfense fait-il partie des Droits de l’homme ?

Que faire quand un gouvernement maltraite sa population ?

Certaines dictatures n’enferment pas leurs opposants dans des stades, dans des prisons, dans des goulags, ou dans des camps d’extermination. Elles se contentent d’enfermer tous les citoyens chez eux.

Certaines dictatures ne soumettent pas les hérétiques à la question. Elles ne torturent pas leurs dissidents en les plongeant dans l’eau glacée, en leur administrant des chocs électriques, en les engeôlant dans des camisoles chimiques. Elles se contentent de leur rendre la vie impossible, de les emmerder au maximum, de les désigner à la vindicte publique comme seuls responsables du sort injuste infligé au plus grand nombre.

Certaines dictatures ne dressent pas des échafauds, des pelotons d’exécution, des fours crématoires pour se débarrasser des irréductibles, des inutiles, des nuisibles. Elles se contentent de les vacciner, de les pucer, de les tracer, de leur inoculer des poisons mentaux pour qu’ils renoncent à se rebeller, pour qu’ils applaudissent même à leur déshumanisation programmée.

George Orwell avait si parfaitement décrit cette mécanique totalitaire que 70 ans plus tard, dans le sillage de Hannah Arendt, le philosophe Michel Onfray en a tiré une Théorie de la dictature[i].

Et pourtant, le peuple qu’on offense et qu’on maltraite demeure incapable de nommer l’ignominie chez ceux qui le font souffrir.

Haïr un homme et un pouvoir qu’on croit avoir élus, s’en prendre y compris physiquement à l’oppresseur pour lui régler son compte, recouvrer sa dignité et sa liberté, n’est pas chose aisée.

Surtout pour un peuple régicide, qui tente de se réconcilier avec la figure du monarque, comme avec le droit divin qui le sacralise, en faisant mine de révérer un technocrate opportuniste, qui n’a d’autre credo que son ambition, et comme seul catéchisme la doctrine néolibérale progressiste enseignée à Sciences Po et l’ENA.

Alors quand le simulacre de démocratie devient trop oscène, quand le schisme entre les discours et le réel devient insupportable, quand la colère légitime dépasse le sentiment de culpabilité, le peuple sort de sa torpeur et entre en éruption.

Tout devient alors si imprévisible qu’au moindre incendie, au moindre accès de colère qui dégénère en violences dans la rue, les garde-fous du Pouvoir se lèvent comme des digues pour prévenir la réaction en chaîne : « ILLEGITIME ! »

Exprimer sa colère, s’en prendre aux dirigeants ou au régime en place, eussent-il trahi la confiance du peuple, est illégitime.

Et d’invoquer la Constitution, ou les grands principes, pour se justifier. Comme si la démocratie, c’était le monde des Bisounours, sans méchanceté, sans heurts ni aspérités. Et la colère du peuple, un péché synonyme de Chaos.

Illégitime donc.

Vraiment ?…

L’appel à la violence gratuite, dirigée contre des personnes, est certes illégale et répréhensible.

Mais le recours à la violence légitime pour mettre fin à une situation de crise ultime, de blocage destructeur qui menace l’existence du groupe, de la démocratie ou de l’idée qu’on s’en fait, pour renverser une dictature ou un régime populicide, est-ce vraiment si illégitime ?…

Comme Jésus chassant les marchands du temple à coups de fouet, y a-t-il une sainte colère du peuple ?

De Robespierre à Yasser Arafat, en passant par Marx, Lénine, Hitler, Trotski, Mao, Castro, les Brigades rouges ou Khomeini, de nombreux théoriciens politiques ont tenté de justifier le recours à la violence au nom d’une cause supérieure inscrite dans un Idéal qui sacralise le Peuple, et exalte son émancipation face à l’oppression d’une caste dans une optique révolutionnaire. Y compris en ayant recours au meurtre, à la guerre ou à de méthodes terroristes.

Avec le succès qu’on connaît.

Leurs crimes ont-ils pour autant discrédité à jamais tout recours du peuple à la violence subversive afin de vaincre une oppression, et en finir avec un pouvoir devenu illégitime ? La morale et les discours contemporains – pour ne pas dire la République bourgeoise – nous a habitué à penser que c’était le cas. Ouvrant du même coup une voie royale à tous les abus de pouvoir, toutes les dénaturations des grands principes, toutes les instrumentalisations du Droit, pour servir les intérêts d’un pouvoir, d’un homme, d’une caste, et perpétrer un ordre établi aussi injuste qu’insoutenable.

Et pourtant, l’insurrection qui est une forme de violence légitime, du moins pour ceux qui n’ont pas d’autres moyens objectifs que d’y recourir, n’est-elle pas l’un des piliers de notre Démocratie, inscrite dès l’origine dans le marbre par les pères de la République ?


Se libérer de l’oppression est un devoir !

Article 35. – Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.

Constitution du 24 juin 1793, et Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793

Mais 2023 n’est pas 1793. L’insurrection aujourd’hui est un gros mot, un scandale, un tabou.

Et pour cause : c’est le grand refoulé de notre République, dont elle est paradoxalement l’un des piliers, comme le démontre cet article 35 de la Première Constitution.

Redonner le pouvoir au peuple, y compris le pouvoir d’user de la violence légitime contre ses dirigeants quand ceux-ci bafouent ses droits. Ça n’est pas rien ! Et on gagnerait sûrement à méditer ce principe.

Car quelle alternative pour le peuple quand tous les moyens prévus par la loi – débat parlementaire ou médiatique, recours judiciaire, manifestations, grèves, référendum, élections… ont été épuisés ou empêchés ?

La Constitution de 1793 va bien plus loin, en qualifiant l’insurrection de DROIT le plus sacré, mais aussi de DEVOIR le plus indispensable.

Autrement dit, se dispenser de remplir ce devoir, c’est pour le peuple un suicide, une abdication de sa souveraineté, l’équivalent du régicide dans l’Ancien régime.

Or c’est précisément ce que l’imposture démocratique qu’est la représentativité nationale quand elle s’écarte de sa mission de gouverner AU NOM du peuple et POUR le peuple tend à préserver en s’arrogeant le droit de gouverner le peuple selon son propre libre arbitre, en prorogeant un rapport de forces dirigé CONTRE le peuple, pour servir ses propres intérêts, ou ceux d’une caste qui lui garantit les moyens d’exercer son pouvoir arbitraire.

En d’autres termes, cela s’appelle une dictature par procuration.

« Pour le peuple ou une portion du peuple » : face à des circonstances exceptionnelles qui appellent des réponses exceptionnelles, comme l’oppression du peuple par son gouvernement qui en viole les droits, l’ultime recours DEMOCRATIQUE pour sauver la République, ce n’est pas l’abdication au nom de la peur du chaos, mais l’INSURRECTION au nom du devoir de résistance à un ordre autoritaire ou totalitaire représenté par un pouvoir sacrilège.

On ne peut être plus explicite.

Conçu dans une période de troubles exceptionnels pour sauver une Révolution en péril, ce texte nous interpelle aujourd’hui. Car s’insurger, comme le font les black bocs en s’en prenant physiquement à l’autorité représentée par les forces de l’ordre, c’est selon une interprétation qu’on présente comme unanime, commettre une transgression, un crime.

C’est en tout cas ce que cherchent obstinément à nous faire croire les ventriloques du pouvoir à longueur de reportages sur les nuits d’émeutes sur les chaînes télé. Avec cette idée présentée comme une évidence que le recours à la violence serait en démocratie illégal et illégitime par essence. Pas question d’en discuter.

Mais quelle violence au juste ? Commise par qui ? Au nom de quoi ? Dans quelle situation ? Et surtout pour répondre à quelles autres violences ?

Violence d’Etat, prétendument légale celle-là, commise par un pouvoir désavoué mais prétendument légitime.

Violences sociales, économiques, violences faites à l’identité de la nation, à la mémoire d’un peuple qui se délitent, dont on accélère volontairement la décomposition.

Violences répressives ou coercitives, quand on limite ou suspend des libertés constitutionnelles les plus élémentaires, comme la liberté d’expression, de se réunir, la liberté de manifester, la liberté de se faire soigner, d’élever ses enfants.

Violences policières, quand le pouvoir outrepasse ses droits, brise le contrat social, dévoie sa légitime, lorsqu’il utilise sa police pour se protéger, réprimer toute opposition, et non pour maintenir l’ordre républicain ou protéger les citoyens.

Que faire alors quand est perverti à ce point le principe de la violence légitime indissociable du principe d’Etat de droit ? Un principe fondé sur la délégation de la violence des individus à l’Etat afin de les protéger. Qui veut que l’Etat dispose de la force publique et peut recourir à la violence, mais uniquement dans pour maintenir l’ordre, garantir la sécurité des biens et des citoyens, la paix sociale et l’unité de la nation.

S’agissant du pouvoir en place, cette dénaturation du principe de violence légitime, comme des autres principes démocratiques, suscite de vastes débats. Qui hélas ne s’expriment pas ou peu dans la sphère contingentée des médias officiels, des débats parlementaires, et même des recours en justice intentés par des citoyens lésés par l’Etat, souvent déboutés de leur plainte par une Justice partiale et corrompue.

Alors cette violence refoulée prend parfois la forme d’une révolte d’une partie du peuple. Que le pouvoir tente de réprimer par la force, de disqualifier aux yeux de l’opinion en jouant avec ses peurs. Peur du désordre, du chaos, de l’anarchie, de la « guerre civile », des « factions », des « révolutionnaires », des « extrêmes », auxquels sont assimilés ceux qui contestent de façon trop vive l’ordre établi sur le mode de l’affrontement dans la rue.

Dans un pays comme le nôtre qui a connu beaucoup d’heures sombres et dramatiques, il est facile de jouer avec les références de l’Histoire, récentes ou plus éloignées, pour manipuler le peuple. En lui faisant croire que la République, c’est le pouvoir. Que le pouvoir, c’est l’ordre. Et que le seul ordre possible, c’est l’ordre établi.

Moi ou le chaos : Macron comme d’autres avant lui joue ce chantage populiste, en soufflant à l’occasion sur les braises pour apparaître indispensable.

Plus délicate est la tâche d’un pouvoir autoritaire quand il cesse d’être un recours, et apparaît aux yeux du peuple comme l’oppresseur.

Et surtout quand son obstination à faire adopter une réforme rejetée par 93% des actifs confine au mépris du peuple sinon au défi : gouverner le peuple, mais sans le peuple, contre ses représentants et contre le peuple.

La tentation insurrectionnelle resurgit alors comme un ultime recours, perçu confusément comme transgressif et légitime à la fois.

Certains voudraient faire de l’insurrection – ou de la Révolution – une essence. Ils tentent de faire croire que leur engagement pour abattre un ordre tyrannique relève d’une mission héroïque, que cette mission émancipatrice est leur seule raison d’être, une cause juste, la seule issue possible, face à un ordre oppresseur qu’il faut détruire. Ils se drapent dans des justifications pseudos éthiques au nom d’une logique révolutionnaire de type marxiste pour précipiter l’Histoire.

Mais la plupart de ceux qui descendent dans la rue, déterminés à rompre les digues de la bienséance politique, morale ou sociale, ne sont pas des fanatiques. Simplement des citoyens en colère, parce que plus vulnérables que d’autres. Ou plus jeunes, et donc affranchis des limites communes qui s’imposent aux citoyens installés, davantage enclins à respecter les règles du jeu social.

S’insurger, c’est donc briser un premier tabou, qui assimile les usages dits démocratiques à ceux conformes à l’ordre établi. C’est-à-dire à une conception « bourgeoise » ou élitaire de la démocratie, qui préfère confier les rênes du pouvoir émanant du peuple à une élite, et laisser ce peuple à distance des enjeux de pouvoir.

Surtout quand ce peuple est tenté de faire valoir son hostilité à des mesures qu’il perçoit comme injustes, contraires au contrat social, mais présentées comme indispensables pour préserver l’intérêt général ou poursuivre le bien commun. Buts qui sont la raison d’être de l’Etat de droit.

Dans ce cas, de telles mesures ne sont plus seulement illégitimes, elles sont aussi illégales. Et même antidémocratiques. Quand bien même tel artifice législatif ou telle institution les déclarerait conformes aux grands principes et à la Constitution.


Qu’une portion du peuple se lève pour faire justice

Des sociologues ont étudié les mouvements insurrectionnels qui se sont produits dans le monde au cours des dernières décennies. Notamment cette vague d’émeutes et de troubles sociaux qui ont enflammé 17 pays en 2019, dont la France avec les Gilets jaunes. Et ce jusqu’à l’apparition du Covid.

Parmi les conclusions qu’ils en ont tirées, ils ont mis en lumière un fait intéressant à propos du pouvoir de cette « foule » que semble tant redouter le mari de Brigitte terré dans son Palais de l’Elysée.

Pour faire tomber le pouvoir établi ou un régime impopulaire, il suffit que 3% de la population d’un pays descende dans la rue pendant un temps suffisant. Et ce pouvoir est sûr de tomber.

L’écrasante majorité restante se contente de soutenir le mouvement sans y participer, de laisser faire, ou de s’y opposer sans entrer dans le rapport de forces.

Dans les semaines qui ont précédé le vote prévu au Parlement sur le projet de loi de réforme des retraites, ce sont 3 à 3,5 millions de Français qui sont allés manifester à l’appel des syndicats pour dire NON à cette mesure illégale, inutile, injuste et désavouée par les ¾ de l’opinion.

Un projet que le pouvoir défend avec obstination, devenu le symbole de six années de méthodes de gouvernement cyniques, brutales et arbitraires. Une politique conduite souvent contre le peuple, et non dans son intérêt ou celui du pays, comme nos dirigeants le martèlent. Une politique et des méthodes dont une écrasante majorité aujourd’hui ne veut plus. Et qui plus encore que du rejet, alimentent une véritable haine des Français contre Emmanuel Macron, sa caste et tout ce qu’ils représentent.

Depuis que Macron s’est vu offrir en 2017 une parodie de sacre républicain célébré devant le Palais des rois de France, à la faveur d’élections truquées, grâce à la générosité de ses mentors qui ont acheté les médias, corrompu les institutions, les corps constitués, la Justice, disqualifié les candidats favoris, divisé les autres, détruit les partis de gouvernement, court-circuité le débat, manipulé l’opinion, mis en place un système de fraude institutionnelle, ce pouvoir ne s’est illustré que par une succession de trahisons et de désaveux successifs des principes mêmes de notre démocratie. Laquelle n’était déjà plus depuis longtemps qu’une simple mascarade auxquels tous feignent de se prêter.

Et puis il y a eu en 2018 cette répression brutale du mouvement des Gilets jaunes. Des violences policières que l’on n’avait vues qu’en temps de guerre civile. Ces milliards obscènes finalement jetés pour acheter la paix sociale, dédommager les morts, les bras et les yeux arrachés.

Et puis il y a eu dans la foulée cette répression farouche de la fronde populaire contre le projet de réforme des retraites en 2019. Avec ces mamies, ces infirmières, ces magistrats, ces pompiers tabassés au sol par la Gestapo d’un roitelet d’opérette, qui méprise ouvertement les Gaulois réfractaires et ceux qui ne sont rien.

Le Grand Sacrifice

Il y a eu enfin cette « guerre » providentielle déclarée en mars 2020 contre un virus qui a fait moins de victimes qu’une grippe saisonnière. Avec cette politique sanitaire insensée, pilotée simultanément dans 65 pays par McKinsey, véritable Etat dans l’Etat qui avait créé En Marche, et marketé le triomphe du prodige des médias en 2017. Outre les centaines de milliards de dollars récoltés par les labos mécènes du pouvoir et leurs actionnaires comme BlackRock, cette mascarade sanitaire et sécuritaire aura permis de figer net la grogne des inutiles sous un glacis répressif.

Le monde d’après est entré par effraction dans nos vies comme un rituel macabre, une Grande Terreur. Sur fond de schrizophrénisation des esprits alimentée par une surenchère d’injonctions paradoxales, d’humiliations, de culpabilisations, le gel des libertés, l’interdiction de parler, de bouger, de respirer, et surtout de réfléchir.

Comme au temps des révolutions sanglantes pour mettre à bas l’ordre ancien, on fit place nette pour le Great Reset du gourou des Young global leaders comme Macron, le néonazi Klaus Schwab : destruction de l’initiative individuelle, du petit commerce, des koulaks et des kolkhozes, au profit des multinationales et des banques américaines.

On mit en place un système de surveillance étatique et numérique, dont n’aurait jamais pu rêver la police stalinienne. Inquisition des pensées, instauration du crime d’opinion, persécution des dissidents, création d’un délit de complotisme, avec déchéance des droits civiques, notamment pour les parents déclarés coupables de « dérive sectaire », certains déchus leurs droits parentaux pour avoir critiqué les mesures sanitaires devant leurs enfants.

On multiplia les entraves à la liberté de la presse pour les médias indépendants. On encouragea la chasse aux sorcières et la mise à mort professionnelle pour les scientifiques qui osaient braver la doxa. Les plus gênants, comme le Professeur Bernard Fourtillan, furent arrêtés et internés sans motif.

On mit en place des moyens coercitifs et une surveillance policière dignes d’une dictature totalitaire pour surveiller les citoyens, empêcher les rassemblements, interdire les manifestations, forcer tout le monde à porter en permanence un masque humiliant et inutile, symbole de soumission et d’esclavage. On se mit à ficher les humains comme du bétail. On les força petits et grands à se faire injecter des substances toxiques, inconnues, destructrices pour leur immunité. On mit au ban les contrevenants en leur pourrissant la vie. On exclut des hôpitaux des soignants réfractaires en les montrant du doigt comme des criminels, après les avoir fait applaudir par les moutons bêlants à leurs balcons.

Des dizaines de milliers d’enfants, d’adolescents, de jeunes adultes, de vieux, de malades sont morts depuis trois ans. Parce qu’on leur a refusé des traitements efficaces contre une maladie dont on savait guérir les symptômes. Parce qu’on les a refoulés à l’entrée des hôpitaux publics dont avait préalablement organisé la faillite, la désorganisation et l’engorgement. En forçant les urgentistes à effectuer un tri comme on choisit les bœufs pour l’abattoir.

Parce qu’on a discrètement euthanasié les vieux confinés trois mois dans leur EHPAD. Sans information préalable, sans consentement éclairé, parfois sans test préalable ni présence d’un médecin pour administrer la mort. Et surtout sans prévenir leurs familles, ni leur permettre de dire adieu à proche. Pire encore, on a brûlé les corps par souci prophylactique, et pour ôter toute trace de ce génocide.

Incroyable mais vrai, comme l’attestent les milliers de témoignages et de plaintes contre l’Etat.

Que dire enfin de ces dizaines de milliers de jeunes, victimes de morts subites inexpliquées quelques heures ou semaines après s’être fait « vacciner ». Juste pour pouvoir retourner à la gym ou aller boire une bière en terrasse ? Que dire de ces pompiers, soldats, policiers d’à peine vingt ans, en parfaite santé, de ces sportifs de haut niveau terrassés par une crise cardiaque ou un AVC sur la pelouse du stade en plein match ?

Qui va aller demander des comptes à ces saloperies qui les ont condamnés à mort, parce que l’odeur de leur sang agrée les dieux autoproclamés qu’ils servent ?

L’abomination la plus extrême de ces monstres coupables d’authentiques crimes contre l’humanité, comme Macron, Véran, Philippe, Castex, Buzyn, Delfraissy et autres, c’est d’avoir pris soin de s’autoamnistier collectivement avant de perpétrer ces crimes. Qu’il s’agisse des faux vaccins, des erreurs médicales, des effets secondaires, des fautes commises par les décideurs à chaque échelon, ou des propagateurs de fake news officielles…

Ce n’est pas la Justice, corrompue jusqu’à l’os de Paris à Helsinki, qui ira maintenant les condamner. Malgré les dizaines de milliers de plaintes déposées en France depuis trois ans par des familles de victimes, des médecins, des infirmières, des soignants, des directeurs d’EHPAD, des associations de juristes, des journalistes convoqués à cette ordalie funèbre.

Ce ne sont pas les parlementaires, eux aussi corrompus, réduits à jouer la simagrée d’un débat démocratique écrit d’avance, qui oseront mettre en œuvre l’Article 68 de la Constitution pour voter la destitution d’un tyran coupable de haute trahison.

Ce n’est hélas pas non plus l’armée qui pourra servir de rempart à la démocratie, rétablir l’ordre face au danger de dislocation et de guerre civile. Comme l’avait évoqué une tribune d’officiers en 2021.

Son devoir eût été pourtant d’utiliser la force au nom de l’intérêt supérieur de la nation, et de déposer un Président parjure qui a trahi le peuple et nos institutions, qui a vendu la France à des intérêts privés étrangers comme BlackRock ou ces banquiers qui lui dictent depuis plus de dix ans la politique de la France. L’armée aurait pu rétablir une République kidnappée par cette caste pressée de détruire les Etats-nations, de voler leur souveraineté aux peuples, de démembrer le corps social, de le désunir et de l’affaiblir de l’intérieur pour précipiter l’avènement de cette gouvernance mondiale déjà bien en place, qui est l’aboutissement de sa stratégie et son obsession depuis deux siècles.

Cette armée française pourtant riche d’hommes intègres et respectés, fidèles à leur mission, aux grands principes, à l’esprit du fondateur de notre République, comme le général Pierre de Villiers, est hélas dépassée par les enjeux qui pèsent sur elle, dictent ses orientations et ses moyens, comme toutes les armées du monde occidental. Consciente que son intervention pourrait la discréditer et nuire à la France, elle préfère s rester en retrait et prévenir le pire, sans intervenir directement dans le destin de la France.

Revenir sur cette Histoire récente qu’on voudrait un peu vite nous faire oublier, oser voir en face les zones d’ombres, les crimes d’Etat, permet de relativiser l’enjeu de cette réforme des retraites. Qui n’est somme toute rien d’autre que la nième réédition d’un scénario maintes fois rejoué depuis 40 ans par les gouvernements successifs. Depuis le tournant néolibéral de la rigueur adopté en 1983 par François Mitterrand pour acclimater l’économie, les finances et le budget de la France aux critères de Bruxelles. Et donc du nouvel ordre financier mondial.

Notamment ce fameux système social français, que paraît-il le monde nous envie.

Quand on voit le combat homérique qu’a dû mener Barack Obama pour faire adopter sa réforme de santé de l’Obamacare aux Etats-Unis, et comment ce projet qualifié de communiste par l’opposition républicaine fut démantelé dès que l’hôte de la Maison Blanche eut tourné les talons, on comprend qu’après l’offensive menée sous Nicolas Sarkozy par Malakoff-Médéric et son délégué général Guillaume Sarkozy, frère du Président, pour imposer un système de retraite par capitalisation favorable aux fonds de pension américains à la place du système français par répartition hérité de la Libération, l’adoption de cette réforme des retraites n’est qu’une formalité, secondaire mais non négociable, pour les stratèges de BlackRock qui l’ont soufflée à leur télégraphiste de l’Elysée.

Quand on sait que Larry Fink, CEO de BlackRock, a assisté au Conseil des ministres en 2019 sur la question des retraites, il y a des questions à se poser.

Depuis, les institutions de la République ont été saccagées comme jamais, avec un souci, maniaque au début, bâclé aujourd’hui, d’en préserver les apparences.

Comment expliquer qu’une révolte unanime ne se soit pas déchaînée en 2020 lors de l’instauration de cet état d’urgence sanitaire ?Et plus encore, au moment de sa prolongation, arrachée en procédure d’urgence au Parlement. Et lors de son renforcement par des couvre-feux insensés, ou ces autorisations de sortie autoadministrées, cette décision transgressive, illégale et liberticide d’imposer la vaccination obligatoire, le pass sanitaire, puis le pass vaccinal.

Comment avons-nous pu laisser sacrifier nos enfants sur l’autel du Mammon mondialiste ? Bâillonnés huit heures d’affilée sans pouvoir respirer. Soumis à des sévices physiques et psychologiques par un corps professoral aux ordres, contaminés sous leur masque par leurs propres germes, en état de sous-oxygénation. Isolés dans des boîtes en plastique, interdits de jouer, de parler, de sortir, d’aller pisser. Culpabilisés à l’idée de « tuer papy et mamie », ne pouvant les approcher que derrière une vitre, comme au parloir d’une prison. Ces grands-parents ostracisés, privés d’affection -certains en sont morts – sommés de rester à la cuisine le soir de Noël. Toute une génération de gamins traumatisés à vie, selon les pédiatres.

Il y a bien eu ici ou là quelques appels à la désobéissance civile. Un concept honorable mais un peu vain.

Mais jamais des millions de citoyens dans la rue pour dire STOP à ce massacre. L’écrasante majorité des Français sont sagement restés chez eux, devant leur poste, terrifiés. Ceux qui ont osé braver l’omerta et les mesures insanitaires, sortir sans masque, approcher leurs congénères à moins d’un mètre de distance, s’aventurer seul en forêt, courir sur une plage déserte, se rouler une pelle en public, se virent immédiatement rappelés à l’ordre. Manu militari.

On a même remis au goût du jour une veille coutume française très en vogue durant l’Occupation : la délation. Dénoncer un « complotiste » est devenu un geste exemplaire et courageux. Comme balancer une famille de « Youpins » sous Pétain : un gage de patriotisme, de civisme, et l’assurance d’être bien vu des autorités.

Comme dans l’épisode d’Astérix La Zizanie, chaque village d’irréductibles gaulois, contaminé par les mensonges sournois d’un petit pervers intrigant au service de César, s’est mis à suspecter son voisin, à nuire à ceux déclarés non-conformes. La division a remplacé l’union sacrée contre l’occupant. La haine a remplacé la camaraderie. La fête et les banquets ont été consignés. Les valeureux Gaulois ont fini comme des prisonniers, séparés, bâillonnés, ligotés, réduits à l’immobilité et au silence.


L’état d’urgence ou comment en finir légalement avec la démocratie

Etat d’impuissance plutôt ! Le peuple le plus rebelle du monde réduit à la soumission volontaire. Le coq aphone tremblant comme une cocotte, sans oser risquer un bec hors du poulailler.

Rappelons qu’avant 2020, ce concept d’état d’urgence sanitairen’existait dans aucun texte de loi, français, européen ou international. Il fut d’ailleurs vivement critiqué par les constitutionnalistes.

En toute objectivité, il fut inventé par une sorte de Comité de salut public autoproclamé, en violation flagrante de la Constitution. Un huis clos composé de membres restreints du gouvernement, et d’un pseudo Conseil scientifique sans légitimité, désigné par Macron, bafouant l’éthique médicale et le consensus scientifique, composé de membres peu qualifiés mais bardés de conflits d’intérêts.

L’état d’urgence n’avait qu’un seul but : détourner les institutions pour justifier une authentique dictature sanitaire préservant les apparences de la légalité démocratique. Avec une rhétorique dramatique destinée à subjuguer l’opinion et pirater les institutions.

Une mesure injustifiée pour mener une « guerre » contre un virus et protéger les citoyens contre une infection bénigne.

L’état d’urgence est prévu par la Constitution pour répondre à des circonstances exceptionnelles qui mettent en danger la sécurité du pays ou l’intégrité de la nation. Comme une grave émeute, une guerre civile, une menace contre le territoire national. Les deux seules fois où le général de Gaulle y a eu recours, c’est pendant la guerre d’Algérie et en mai 68.

Les pleins pouvoirs donnés au Président, plus un Conseil de défense opaque qui pendant deux ans a pris des décisions à huis en secret sur tous les sujets importants, court-circuitant le Conseil des ministres et le Parlement, et sans jamais rendre compte au Parlement, aux médias ou à la Justice. Si l’on ajoute la subordination par l’exécutif des pouvoirs législatif, judiciaire, médiatique, médical et administratif, en français cela s’appelle une dictature sacrément musclée. Et c’est ce que nous avons subi pendant deux ans, au prétexte de préserver notre santé et notre sécurité.


Crimes de la Collaboration et mythes de la Résistance

Et vous, vous étiez de quel côté entre 2020 et 2021 ? Du côté du pouvoir, ou des parias ? Du côté des Christophe Barbier, qui trépignait en exigeant que l’Etat dépêchât l’armée pour pénétrer de force dans les maisons et vacciner tout le monde, comme au Mexique ? Comme ceux qui voulaient « emmerder les non-vaccinés », déclarés non-citoyens par un Président garant supposé de l’unité de la nation ?

Ou derrière le Professeur Perronne, et tous ces authentiques médecins qui n’ont jamais renié leur serment d’Hippocrate ? Ces vrais experts qui ne courent pas après les chèques de Pfizer ou sur les plateaux de France 2, mais qui dès le début ont hurlé à l’imposture, au risque de perdre leur boulot, leur honneur, leur liberté, et parfois leur vie.

Comme après les heures sombres de l’Occupation, où la très grande majorité des Français se terraient chez eux en attendant des jours meilleurs, et pour certains traficotaient avec les Schleux, après le traumatisme du Covid la France a vécu une période d’amnistie-amnésie qui n’est pas tout à fait achevée. Et qui laissera encore longtemps des séquelles dans les mémoires.

Mais même si la France de Macron est la lanterne rouge de l’Europe pour ce qui est de faire la lumière sur les crimes des années Covid, même si les procès ici sont davantage étouffés qu’ailleurs (notamment aux Etats-Unis), même si les médias mainstream tiennent encore leur rôle de chiens de garde du pouvoir et continuent de servir la soupe aux fake news, même si l’opinion demeure confuse et perplexe parce qu’elle se sent coupable d’avoir collaboré, gageons que d’ici deux ans tout le monde sera complotiste. Comme tout le monde était résistant le soir du 8 mai 1945.

Le reflux des vagues de plus en plus vagues de variants avait permis la levée opportune des mesures sanitaires les plus restrictives et impopulaires, à six mois des présidentielles. Ce qui permit à la marionnette de Davos de rempiler pour un second mandat.

Depuis, le Covid a été remplacé par d’autres obsessions planifiées, indispensables pour maintenir la plèbe en état de tétanie. 3e guerre mondiale, flambée des prix de l’énergie, hyperinflation… Avec juste une embellie avant la réforme des retraites avec cette Coupe du Monde chez nos amis islamistes de Doha. Et un chapelet de faits divers hebdomadaires pour bien plomber l’ambiance.


Le refoulement et la dictature

Cette nouvelle flambée de violences à laquelle nous assistons suite au débat parlementaire escamoté et l’adoption au forceps de la réforme des retraites agit comme le point focal de cristallisation des ressentiments, des frustrations, des non-dits accumulés pendant six ans de Présidence Macron. Voire plus si l’on remonte aux crises sociales sur fond de crises économiques des décennies 1980 et suivantes.

C’est justement parce que le procès du Covid n’a jamais eu lieu, bien plus encore que le procès facile des répressions policières (surtout pour les gardiens de la morale LFI et consorts), parce que ce sujet a été soigneusement escamoté au cours de la campagne de 2022, que tous les candidats validés par le système, de Poutou à Zemmour, ont marchandé leur ticket électoral contre la promesse de ne pas aborder le sujet, que cette omerta nationale est en train d’exploser derrière le prétexte d’un projet impopulaire. Un projet qui symbolise et résume le meurtre du peuple perpétré par un caste et ses marionnettes dans une parodie de démocratie.

La crise du Covid, apothéose d’une dictature qui ne dit pas son nom, dont l’enjeu dépasse de très loin les gesticulations hexagonales, est comme le meurtre fondateur des sociétés primitives. Comme le cadavre puant du sacrifice antique, cent fois rejoué, mimé, singé, sacralisé mais toujours tu.

Les victimes directes ou indirectes du Covid, et tous ces crimes dont nous sommes tous coresponsables par notre acquiescement et notre silence, sont comme le retour du refoulé qui empuantit la mémoire collective. Il taraude la conscience nationale plus sûrement que le remords qui pèse sur l’âme des violeurs d’enfants après avoir enterré la dépouille de leurs victimes. Et plus ce souvenir nous hante, plus nous nous sentons coupables, et plus nous tentons de le refouler davantage.

La jeunesse est moins sujette à la mauvaise conscience, parce qu’elle est la première victime de ce génocide et qu’elle appartient à une génération sacrifiée. Elle n’a donc aucun scrupule à descendre dans la rue pour tout brûler et tout casser.

Mais qu’on ne se cache pas derrière des ratiocinations politiques : ce ne sont pas les black blocs qui risquent de flanquer la France par terre en criant « Révolution ! ». Ce sont nos propres enfants qui se sentent trahis, vendus, abandonnés. Et qui viennent réclamer des comptes à leurs parents, autant qu’au pouvoir en place pour lequel ils n’ont pour la plupart jamais voté.

C’est cela qui effraie les braves gens. Pas quelques poubelles qui brûlent. Pas quelques vitres cassées. Ni quelques flics qui s’en sont pris une dans une manif. Sur ce sujet, les compteurs affolés depuis les Gilets jaunes laissent un sérieux avantage aux brutes de Macron, en termes de coups et blessures décochés pour protéger une dictature.

Quand on a compris cela, on comprend que tous les facteurs sont réunis pour qu’un scénario insurrectionnel d’une envergure rare éclate en France. Et que le petit poudré de l’Elysée, qui concentre la plus puissante impopularité suscitée par un Président de la République sous la Ve, va devoir d’une façon ou d’une autre payer pour tout ce qui lui et ses prédécesseurs ont fait subir au peuple depuis des décennies.

Non pas au nom d’une idéologie, non pas par esprit cupide ou pour satisfaire son ambition personnelle, mais par entêtement à faire le jeu d’un pouvoir qui l’a adoubé, se sert de lui, l’acclame et le soutient tant qu’il sert ses intérêts. Mais qui l’a déjà lâché et s’apprête à le livrer comme un bouc émissaire expiatoire pour calmer l’ire vengeresse de la plèbe.

Le Grand Soir, la Révolution, la VIe République, tous ces gros mots ne sont que des arguties rhétoriques pour justifier un processus implacable, et pour l’essentiel inconscient, digne d’un film de Wajda.

Quelles seraient les alternatives, les contre-pouvoirs, les organisations qui pourraient récupérer la colère montante sous une forme encore acceptable, et nous épargner tribunaux populaires et guillotines ? Quitte à déplacer le combat sur un autre terrain, à tenter de mobiliser les plus frileux ou se limiter à des sabotages ciblés.

Il est assez troublant que des groupes d’activistes antisystèmes comme les Anonymous, d’habitude si prompts à lancer des cyberattaques furtives contre des cibles bien identifiées, symboles de la corruption étatique, ou des dictatures officielles comme la Chine, se soient si peu illustrés durant la crise du Covid. Ces Robins des bois du cybermonde, experts en virus explosifs, se seraient-ils laissé vaincre par un vulgaire rhume ?

Comme on n’a jamais entendu ces ONG politiquement correctes spécialisées dans la lutte anti-corruption dénoncer ces champions du monde toutes catégories que sont Pfizer-Moderna, BlackRock-Rothschild, la Fondation Bill Gates, l’OMS ou la Commission Européenne.

L’une d’entre elles, très présente en France à l’époque des Nuits debout, est subitement devenue aphone dès que Macron a été élu. Il est vrai que Transparency International, qui s’exporte avec succès dans les démocraties occidentales, a été créée aux Etats-Unis il y a vingt ans par d’anciens salariés de la World Bank. Et qu’elle préfère aujourd’hui se scandaliser sur la toile d’être évincée de Russie par le Kremlin.

Quant à ces antifas et autres révolutionnaires en toc de l’ultragauche qui cèdent à « l’ultraviolence », comme disent les médias après une soirée de manifs sauvages dans Paris, parce qu’ils ont brûlé une poubelle, saccagé un McDo ou cogné sur flic surarmé, ils feraient bien d’avoir un peu plus de jugeotte et de choisir mieux leurs cibles.

Plutôt que de détruire un kiosque à journaux, ou mettre le feu à l’entrée de la Mairie de Bordeaux, ces chevaliers noirs de l’anticapitalisme devraient plutôt s’en prendre au siège de la Banque Rothschild, de BlackRock, de McKinsey France. Ou carrément aller chercher comme il le demande l’imposteur de l’Elysée qui nous nargue depuis l’étranger. Plutôt que de pourrir la vie aux petits commerçants et habitants des quartiers en flammes qui doivent bosser le lendemain.


Du déni au rêve, fuir le réel, fuir la vie

Face à ceux qui collaborent par ignorance, par bêtise, par intérêt ou par cynisme, face à ceux qui courbent le dos en ravalant leur colère, face à ceux qui s’insurgent en relevant la tête et en dressant le poing, il y aussi ceux, plus dangereux encore, qui s’insurgent en rêvant.

Ces idéalistes, ces doux baltringues, ces benêts schizophrènes qui nous appellent à chanter le « Nouveau monde » en faisant abstraction de l’ancien, qui prônent la non-violence ou l’amour universel, y compris envers nos ennemis, en invoquant tantôt Jésus, Gandhi, Martin Luther King, les aliens ou Vishnou.

Ces pacifistes au QI d’huître abrutis de CBD et de fleurs de Bach n’ont rien compris aux paroles des maîtres spirituels auxquels ils croient se référer. Ils les résument à une guimauve flasque et délétère pour justifier leur propre abdication. Ils se projettent dans un monde imaginaire, une dimension qui n’existe pas, en faisant l’économie du discernement, du réel, de la souffrance, du vrai combat spirituel.

Ceux-là sont les alliés implicites de leurs bourreaux, auxquels ils donnent des arguments new age pour ignorer leurs crimes. Car renoncer à accepter la colère, la violence inhérente à la vie, le rapport de forces, la confrontation des egos, des désirs et des excès, le goût du pouvoir, la part obscure et inachevée de notre humanité, ce n’est pas l’aimer, c’est au contraire la nier. Ce n’est pas servir l’humain, c’est lui ôter tout pouvoir créateur, pour l’enchaîner à des aliénations et des mirages.

C’est la politique des faibles, des faux, de l’homme du ressentiment nietzschéen, travesti en prêtre de la morale ascétique, ou en VRP des valeurs pastiches.

On peut accepter la réalité de la violence sans l’alimenter par esprit de haine. On peut accepter qu’une part de cette violence passe par nous, sans s’identifier à elle, en faire le but de toute action politique ou un principe nihiliste.

Il n’est pas étonnant qu’après avoir corrompu par l’argent et subverti de l’intérieur toutes les grandes institutions religieuses du monde, la Caste fasse également la promotion des spiritualités alternatives, du New age, de tout ce qui permet de vendre du rêve aux masses écrasées, de mieux les contrôler, les neutraliser par des illusions de bonheur à la carte.

Non pas que les nouvelles formes de spiritualité qui prônent la Paix, l’Amour universel, l’Unité de l’humanité, son Eveil ou sa Libération soient mauvaises en soi. Bien au contraire. Ce qui est pernicieux, c’est leur instrumentalisation pour servir de narcotique aux foules sentimentales et égarées.

Comme le soma dans le roman dystopique Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley. Cette drogue administrée plusieurs fois par jour à chaque individu pour lui prodiguer un bonheur sédatif instantané et renouvelable.

Il n’est pas facile de tenir le fil entre les extrêmes. De refuser de sombrer dans le déni, la facilité, la dépression, la violence nihiliste ou l’illusion. De garder le cap, d’affronter le réel, les épreuves, en restant éveillés, debout et unis. De prendre sa part de responsabilité au lieu de s’en remettre à une Sécurité ou une Providence illusoires, en renonçant en échange à sa liberté, à son identité, ou contre une fausse promesse de lendemains qui déchantent.

L’insurrection et la violence légitime ne sont pas seulement un moyen pour continuer à exister, pour s’opposer, sinon pour mettre fin à une oppression en renversant un pouvoir illégitime.

Ce peut être aussi un moyen de créer. De faire place là où tout est encombré, contraint, bloqué. D’ouvrir l’espace pour de nouveaux possibles.

Pas forcément, comme en rêvent certains à gauche, pour en finir avec cette Ve République déclarée à bout, et instaurer une illusoire VIe République. L’outil n’est pas la fin. Mais peut-être pour revisiter cette Ve République, et la vivre autrement.

Ou bien passer à quelque chose de radicalement différent.


Penser global, agir national : redonner du sens à l’Universel

Tout sera fonction des évolutions du monde. Le piège des discours politiques et médiatiques en France, comme de presque tous nos intellectuels, c’est de regarder les choses par le petit bout de la lorgnette, avec une perspective strictement franco-française, ou à la rigueur européenne. Alors que les enjeux, comme les solutions, se dessinent à l’échelle mondiale, avec une perspective universelle, dont la mesure sont les peuples, et la perspective l’humanité.

Parce que le Pouvoir qui nous force à accepter son ordre arbitraire en renonçant à qui nous sommes est mondialiste sinon mondial. Il est présent partout, et non lié à un pays, un bloc ou une aire géographique. Il est partout en même temps et apatride. Ce pouvoir de la finance mondiale dématérialisée a déjà gagné. Il a aussi déjà perdu. Parce qu’il représente un monde en récession. Un monde qui n’en finit plus de s’écrouler. Entraînant dans sa chute des états, des institutions, des pouvoirs, des ambitions, des fortunes, des certitudes, des souffrances, des injustices, des scandales, tous attachés à l’ordre ancien.

Un autre futur que cette dystopie totalitaire qu’on nous vend comme inéluctable est déjà là. Il émerge et se réalise sous nos yeux incrédules. Ce n’est pas un autre monde utopique, puisqu’il n’y a qu’un seul monde. Il ne vient pas du Ciel, d’une autre planète où vivraient des aliens plus évolués que nous. Mais d’une dimension supérieure où tous les futurs possibles coexistent en même temps. Où des esprits bienveillants conspirent pour que nous choisissions ensemble le meilleur d’entre eux.

Ce n’est pas un illuminé qui parle ainsi, c’est Philippe Guillemant, l’un de nos plus brillants physiciens, auteur d’une théorie sur le temps[ii].

A n’en point douter, nous, la France et l’humanité tout entière, entrons dans une grande tribulation.

Cette perspective ne doit pas nous effrayer, mais au contraire nous stimuler. Nous avons été assez forts pour traverser les épreuves précédentes. Nous amorçons maintenant la dernière ligne courbe vers la lumière, dans un tunnel sombre. Celui de notre inconnaissance des merveilles qui nous attendent.

Ne nous arrêtons pas aux spectres qu’on agite au-dessus de nos têtes. Ne nous laissons pas distraire par les ombres projetées sur les murs de la caverne, ou intimider par les voix qui cherchent à nous déstabiliser, nous culpabiliser, à anéantir nos capacités d’agir et de créer.

Nous en aurons grandement besoin pour terrasser le Dragon de nos doutes, de nos lâchetés, de nos cupidités, de notre arrogance, de notre hubris de pouvoir, sur les autres, sur la vie, sur le monde.

Ceux qui vivent le Combat comme une violence sont ceux qui veulent y renoncer, se trouver des excuses, se justifier, ou se sanctifier avant l’heure.

Le scénario insurrectionnel que vit la France aujourd’hui est une métaphore miniature de ce que l’humanité traverse face aux pouvoirs qui s’empressent pour la dominer en totalité. En renonçant à toute humanité.

Un accouchement. Une délivrance. Avec son lot de contractions, de douleurs, de cris, de sang, de merde, d’impatiences et d’angoisses.


Révélation et Commencement

Et puis cet Alléluia de la Vie qui donne la vie. Une nouvelle vie, et non juste une vie de plus.

L’heure du choix est arrivée. Quel sera le plus efficace ? Et surtout lequel produira le plus de sens ? Insurrection des armes, insurrection des peuples, insurrection des idées, insurrection des sentiments, ou insurrection des consciences ?…

N’ayons pas peur. Entrons par la Porte étroite. Car c’est ici le Commencement.


[i] Michel Onfray : Théorie de la dictature. Robert Laffont, 2019

[ii] Philippe Guillemant : Le grand virage de l’humanité. Guy Trédaniel 2021

Le sexe, enjeu majeur de notre époque, entre fascination du Vide et expérience du Grand Saut

Hier nous étions tous dehors et décidés à « Jouir sans entraves« .

Aujourd’hui nous sommes tous confinés et sommés de traquer les délinquants sexuels sur l’Agora numérique.

Que s’est-il passé entre les deux ?

Hier le sexe était une fête, une arme révolutionnaire lancée à coup de provocations et de libérations contre une société bourgeoise frileuse et une morale catholique castratrice. Le lieu de tous les possibles et de toutes les expérimentations.

Aujourd’hui le sexe est disséqué, balisé, calibré, normalisé, emprisonné, numérisé.

Certaines « déviances » autrefois tolérées, tues mais pratiquées – homosexualité, bisexualité, androgynie, transformisme, transsexualisme, sadomasochisme, triolisme – sont devenues presque toutes de nouvelles normes.

Seuls les enfants, les animaux et les morts font toujours l’objet d’un tabou, qui s’est solidifié en rempart absolu de l’ordre et de la vertu.

Les premiers traduits en objets sexuels suscitent la furie, les seconds le dégoût, les derniers l’effroi.

Le viol, la pédophilie et l’inceste sont les nouvelles bornes du plaisir, destinées à circonscrire la norme.

Toute sexualité doit s’arrêter là où le consentement fait défaut, là où le désir profane la sacralité construite autour de l’enfant, érigé en autel du bien. Il est conjuré dès lors qu’il menace l’équilibre anthropologique et symbolique de la famille. Et qu’il menace l’ordre imprescriptible des relations entre parents ou adultes et enfants.

Quant à la bestialité, ces plaisirs contre-nature ou au contraire trop proche d’elle avec des animaux, autrefois succédané du pauvre, palliatif à la misère sexuelle, notamment en milieu rural, elle est toujours allègrement pratiquée dans certains pays comme au Maghreb. On y sourit du sort réservé aux chèvres, alors que des caresses trop appuyées entre une femme respectable et son lévrier sont immédiatement condamnées comme une perversion coupable. Bien qu’elles soient parfois l’objet de fantasmes chez certains mâles excités par ces transgressions entre le règne animal et l’humain supposé davantage maître de ses pulsions.

La mort étant la matrice de toutes les angoisses existentielles, il est normal que tout commerce avec un corps inanimé suscite tant de peur et de réprobation. La nécrophilie est rarement évoquée, à peine nommée, tant elle éveille un sentiment panique. Transgression ultime.

Car si le corps est un vecteur de plaisirs et de souffrances, ce n’est que parce que la conscience est à même de les éprouver. Le plaisir sexuel est donc un échange entre deux consciences. Sans le consentement de l’une d’entre elles, il se résume à une forme de masturbation, où l’autre est réduit à un simple objet, chosifié, et donc nié, évacué, subtilisé en tant que sujet.

A fortiori quand la conscience a définitivement quitté un corps, jouir de cette enveloppe sans vie et vouée à la putréfaction constitue la transgression par excellence. Celle qui nie toute vie et toute altérité dans le sexe.

Lequel devrait au contraire toujours n’être qu’une célébration du dépassement commun de l’individualité dans le plaisir, une communion à l’Etre, un retour volcanique et sacré à cette Origine où Tout est Un.

Hélas aujourd’hui toute conscience du caractère essentiellement sacré du sexe a été conjurée au bénéficie d’une technicité mécanique, froide et normative. Le plaisir est un but univoque, enclos, conceptualisé avant d’être vécu, et finalement obtenu au terme d’une maîtrise de son imaginaire fantasmatique et d’une juste économie des plaisirs permis.

Au besoin en recourant à toutes sortes d’accessoires et de fétiches supposés déclencher, réhausser ou sublimer le plaisir : vêtements, mise en scène, paroles romantiques ou au contraire salaces supposées nourrir l’excitation et faire tomber les inhibitions, sex-toys, aphrodisiaques, chems, pornographie… Et bientôt ces robots sexuels plus vrais que nature propres à satisfaire les désirs les plus inavouables sans risque de transgression, apothéose du vertige transhumaniste célébrant le vide absolu d’un plaisir totalement égotisé et déshumanisé.

Car si le sexe s’est technicisé et normalisé à outrance, si les moyens de doper le plaisir, les sites et applis de rencontres pour trouver rapidement un partenaire n’ont jamais été si nombreux, si segmentés, si le marché des plaisirs n’a jamais autant ressemblé à un catalogue de vente par correspondance, jamais les candidats au plaisir n’ont jamais été aussi distanciés. Et finalement déçus, renvoyés à leur solitude, au caractère vide et dérisoire de cette quête purement superficielle.

Plus on cherche à se rapprocher et plus on s’éloigne les uns des autres. Et plus le sexe devient froid, aride, faux et sans saveur.

Il faut dire qu’à l’époque où l’on a inventé la sexualité, le sexe autrefois spécialité des libertins est devenu l’affaire des psychiatres et des médecins.

De nouvelles catégories de « pathologies sexuelles » ont alors été forgées dans cette seconde moitié du 19e siècle, à partir d’une nouvelle norme – l’hétérosexualité – elle aussi inventée par ces médecins pétris de scientisme, de puritanisme et d’hygiénisme protestants.

Les homosexuels, bisexuels et autres transsexuels sont devenus les nouveaux monstres inventés par cette science hypernormative. Longtemps pourchassés, sommés d’avouer leurs misérables pratiques et de se plier à une rééducation psychique et comportementale pour recouvrer la norme, ils se sont regroupés en communautés, bien décidés à se défendre de l’opprobre public, à se faire respecter et faire valoir leurs droits.

La Libération sexuelle a initié un vaste mouvement de décloisonnement des identités et de décriminalisation des pratiques, puis de normalisation de ces pratiques sexuelles marginales longtemps qualifiées de contre-nature, pécheresses, criminelles, déviantes, pathologiques, immorales, contraires à l’ordre public et aux bonnes mœurs.

Hélas la société postmoderne n’a pas évolué dans un sens aussi libéral sinon libertaire que les apôtres de la bonne conscience ou les révolutionnaires du sexe l’avaient espéré.

Au contraire, sous une apparente permissivité très encadrée selon les canons du sexuellement correct, la société s’est davantage durcie et figée, fabriquant et traquant de nouveaux monstres expiatoires pour tenter de conjurer son angoisse viscérale à propos des choses du sexe.

La pédophilie – l’attirance pour les jeunes enfants – était autrefois tout au plus ignorée, et souvent pratiquée discrètement sans qu’on n’y trouve à redire. Mais à partir de la décennie 1990, à mesure que les personnes LGBT acquéraient une légitimité nouvelle, une « visibilité » et de nouveaux droits, la société bourgeoise s’est inventé un nouveau monstre, désigné comme le bouc émissaire absolu des désordres sexuels en son sein : le pédophile.

Sur fond de sordides affaires criminelles comme l’affaire Dutroux, mettant en scène des kidnappeurs, des violeurs, des tortionnaires et des assassins d’enfants, un amalgame s’est immédiatement constitué à propos d’une réalité devenue d’autant plus inadmissible qu’elle paraissait visible, cette sexualité non dite, marginale mais très largement répandue à toutes les époques dans la société, entre des adultes et des enfants. Un amalgame forgé autour d’un repoussoir, ce pervers absolu doublé d’un criminel qui n’a d’autre obsession que de repérer, séduire, enlever, contraindre, abuser, violer, puis tuer de jeunes enfants innocents.

Tous les amateurs de jeunes adolescentes à peine pubères repérées à la sortie du lycée, de partenaires mineurs, ou pire d’enfants, furent indifféremment assimilés à de grands malades qu’il fallait castrer chimiquement, enfermer, déchoir de leur autorité parentale, éducative et pourquoi pas de leurs droits civiques, comme des dangereux terroristes.

Finie la licence jouant sur le trouble et l’éveil des sens. Exit Lolita, les nymphettes de David Hamilton, ou les jeunes éphèbes chauffés par le soleil pour vieux messieurs amateurs de jeunes chairs exotiques tels un André Gide ou un Frédéric Mitterrand.

Sans parler de faire l’apologie décomplexée des amours entre adultes et enfants, comme Gabriel Matzneff ou Daniel Cohn-Bendit. Une époque d’égarements libertaires tolérés au nom de l’Interdit d’interdire et du Jouir sans entrave s’est brutalement refermée. Haro sur tous ceux qui comme Jack Lang ou Roman Polanski en représentent les insolents vestiges ou les thuriféraires entêtés ! Il est l’heure de couper les têtes au nom d’une justice due aux victimes trip longtemps assignées au silence, et non plus de tempérer en sacralisant la culture.

Saint-Just a terrassé Sade.

Cependant le pédophile n’est pas une réalité. C’est un archétype : celui du monstre.

On n’envisage pas le pédophile en tant qu’individu, sinon pour le soumettre au dénominateur de l’abominable. Qui il est, dans la complexité de sa personnalité, ce qu’il ressent, comment se manifestent ses désirs, ce qu’il en fait, comment il agit, tout cela importe peu et est recouvert du sceau de l’abjection, sa personne autant que ses actes, pour peu qu’ils soient déclarés criminels.

Le pédophile ne peut être l’objet d’une enquête dénuée de passions et de projections. On le soupçonne, on le dénonce, on le traque. Et finalement on le jette en pâture à une opinion déchaînée avant de l’éliminer. Sinon physiquement, du moins en le jetant au ban de la société, comme une bête chargée de honte, renvoyée à la violence qu’elle suscite et condamnée à l’oubli. Un bouc émissaire.

Dès qu’un homme, jamais une femme malgré l’existence d’une pédophilie féminine (qu’on songe à la Première dame actuelle et à son « fils » incestueux…) est accusé d’être un pédophile, il perd aussitôt tout statut d’être social et même un humain pour être réduit à ses instincts sauvages et devenir un monstre. Sur lui la société des braves gens peut alors projeter toute sa rage vengeresse, expulser toutes les scories de son âme violente et torturée, et le déchiqueter telle une bête sauvage.

Le pédophile, c’est le grand méchant loup du conte, qui se glisse dans le lit au cœur du foyer sous les traits d’une innocente mère-grand, et s’apprête à dévorer le petit chaperon rouge après l’avoir abusé. Un scénario bien huilé qui omet au passage toute la charge sexuelle que traîne derrière lui ce petit chaperon rouge faussement innocent. Et la symbolique ambiguë propre au désir et à la transgression des normes qui l’accompagne. Il suffit de relire Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim pour s’en convaincre.

Dès lors la chasse au pédophile est à la société bourgeoise, postmoderne et hypernormée ce que les jeux du cirque furent à Rome : un rite social défoulatoire, une ordalie symbolique pour mettre en scène les pulsions les plus violentes de la société réprime et représente par procuration pour exalter sa propre vertu. Le scénario y est toujours écrit par avance, et les héros comme les gladiateurs sont interchangeables. Pourvu qu’il y ait du sang expiatoire pour laver la honte et le déshonneur d’une société en pleine confusion éthique, rongée par la culpabilité et vouée à la dislocation. Mais qui resserre une dernière fois les boulons de la morale publique, tout en prônant le respect, la liberté et des droits égaux pour ses chers déviants labélisés.

Nous nous sommes ainsi fabriqué un monstre parce que nous ne voulons pas abandonner un mythe : celui de l’enfant pur.

Nous sommes d’autant plus attachés à ce mythe de l’enfant innocent que notre culpabilité nous étouffe et nous empêche de réagir autrement que sous l’emprise de réactions paniques. A rebours du bon sens et de la science, nous voudrions nous convaincre que l’enfant avant la puberté n’aurait aucune vie ni pulsion sexuelle. Qu’il serait un être hors du temps et de l’espace, une icône éthérée du Divin, à la manière de ses vierges asexuées, l’énergie en plus. Ou une réminiscence de l’Eden perdu, ce monde d’avant la Faute, ce péché originel éminemment sexuel, cause de toutes nos souffrances et de tous les désordres terrestres.

Pour restaurer l’illusion de cet Eden primordial, au lieu de nous projeter vers l’avant dans un devenir commun emmené par une conscience tournée vers ses plus hautes réalisations, nous nous condamnons au renoncement. Renoncement au sexe, avec cette part de désordre intrinsèque, d’insoumission, de révolte panique qui le traverse. Renoncement à la vie, la vraie, faite de sublimités et de combats glauques, d’extase et de sang. Renoncement à Qui nous sommes vraiment : des êtres capables de tout, à qui tout pouvoir de création a été remis, et surtout absolument libres de conférer du Sens à nos expériences collectives. Et donc de déclarer bien ou mal ce que nous créons et expérimentons, selon nos critères éthiques partagés.

Cette vérité engendre une angoisse terrible : le constat qu’il n’y a ni « Dieu » ni « Loi » essentielle qui aient dressé par avance une cartographie précise du licite et de l’illicite. Que nous sommes ici-bas justement pour faire l’expérience par nous-mêmes de ce qui est bon ou mauvais pour nous. Et donc fixer par nous-mêmes les limites à notre propre vouloir et notre propre agir. Et pour cela d’édifier des lois qui orientent et délimitent l’ensemble de nos commerces avec l’autre et de nos comportements en société. Pour ne pas régresser à cet état primitif de nature anarchique entièrement soumis au chaos.

Selon une sécularisation du mythe chrétien de l’enfant-roi-messie, antidote de la Chute et icône vivante du Salut, nous avons hissé l’enfant au statut de temple vivant d’une Perfection primordiale aussi imaginaire que totalitaire. Une image parfaite qui associe la Pureté, l’Innocence, la Chasteté, la Beauté, le Bonheur, la Vertu, avec une conception totalement idéalisée et désincarnée de « la Vie ».

Alors que la psychanalyse nous enseigne des vérités à l’opposé de cette fable à propos du petit enfant : un pervers polymorphe ivre de son rêve de toute puissance, incapable de concevoir aucune limite à son désir, ni de frontière entre soi-même et le monde extérieur. Et donc une subjectivité opposée à des objets ou à d’autres sujets : son plaisir est entièrement subordonné à la jouissance sans limites de tout ce qui l’entoure. Et toute limite posée à ce désir est vécue comme un traumatisme insupportable.

En fait ce qui est insupportable pour la psyché du petit enfant, ce n’est pas qu’un autre éprouve un désir à son égard, ce dont il n’a même pas conscience puisqu’il ne fait aucune différence entre lui-même et l’autre, père, mère, frère ou tuteur. Ce qui lui est insupportable, c’est la castration. C’est à dire la limite posée à l’infinité de ses désirs. Or c’est justement cette castration qui est structurante pour lui, et qui lui permettra de devenir un sujet conscient, différencié et équilibré.

Au lieu d’admettre cette réalité, nous préférons esquiver ce qui nous dérange, et adorer cette icône immaculée que nous avons fabriquée. Une iconet dans laquelle nous adorons nous projeter, nous rassurer, nous contempler. En faisant semblant de croire que nous aussi nous pourrions redevenir aussi purs et immaculés que ces petits enfants.

Car tels Adam et Eve après avoir consommé ce fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal qui provoque leur Chute, nous sommes incapables de faire face à notre propre culpabilité, tant cette vague nous submerge et menace de nous anéantir.

Nous nous sentons notamment coupables à cause de cette licence, de nos égarements, de nos transgressions par rapport à des lois que nous fantasmons comme essentielles et universelles, alors qu’elles ne sont que des constructions éthiques postérieures à l’expérience de la condition humaine. Et des multiples désordres que nous entendons par nos choix désordonnés et subissons comme un ressac venu du tréfond de notre âme et que nous n’arrivons plus à endiguer.

Alors nous nous réfugions autour de ce tabernacle magique de la Perfection perdue : l’Enfant.

La seule évocation d’un possible consentement à de simples attouchements ou à une relation sexuelle, même bénigne, entre un enfant ou un adolescent et un adulte, comme la réalité des relations affectives ou sexuelles existant entre mineurs et majeurs, nous plongent dans la panique la plus totale. Ces derniers sont aussitôt désignés comme des transgresseurs et des criminels. Et provoquent dans la bouche des parents ou sous la plume de certains journalistes des assauts de fureur d’une outrance et d’une violence paroxystiques, rendant impossibles toute analyse objective et tout raisonnement.

Tout aussi délicat et ambigu est le cas du viol dont beaucoup de femmes sont les victimes, et qui peut parfois aller jusqu’au meurtre.

On a même inventé un néologisme pour donner une spécificité à ces meurtres de femmes par des hommes ou des maris violents : féminicide. A l’image de l’infanticide, du génocide ou du régicide. Une façon d’essentialiser le meurtre des femmes comme quelque chose qui serait par essence plus horrible, plus transgressif, plus grave que le meurtre d’un être humain lambda.

Avec cette croisade devenue une vraie chasse à l’homme et une proscription systématique des désirs masculins au cours de la campagne #meetoo ou #balancetonporc, la hantise et la rage se sont doublées d’un projet politique et judiciaire : celle d’une poignée de féministes ultras et misandres, déterminées à criminaliser jusqu’à l’identité masculine elle-même. À en interdire toutes les manifestations. En taxant a priori tout désir masculin envers les femmes de vulgaire, sale, obscène, violent, dangereux, non civilisé. Voire carrément pour certaines lesbiennes haïssant radicalement les hommes, un désir contre-nature.

Une telle inflation dans cette volonté hystérique, éradicatrice, purificatrice et vengeresse, propre à ranimer la guerre des sexes, et qui s’étale chaque jour à la Une des journaux, a néanmoins produit quelques effets positifs. Libérer la parole des victimes en mettant fin à l’impunité dont jouissaient les violeurs comme les pédophiles est certainement une bonne chose. Cela constitue un progrès social et éthique indéniable. Mais elle a surtout creusé une névrose collective dont nous mettrons sans doute des décennies voire des siècles à nous remettre.

La grande épopée de la Révolution sexuelle des années 1966-1977 aura finalement très peu duré. Le sida apparu à l’aube de la décennie 1980 a sonné le glas de l’appétit des libertins. Et l’ordre moral a vite fait son retour à la faveur des crises économiques successives qui auront ramené au pouvoir à peu près partout en Occident des gouvernements néoconservateurs pressés de mettre le sexe en coupes réglées, au même titre que l’économie et le reste de la société.

L’idéologie progressiste triomphante à partir de cette époque nous a laissé dans l’illusion que le progrès des mœurs, l’émancipation des corps et des individus suivaient un cours ininterrompu emmené par le mythe du Progrès social. Ce credo trompeur des progressistes a cependant conduit à de réelles avancées juridiques sinon sociétales durables. Comme la dépénalisation de l’homosexualité, l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, et la reconnaissance des familles homoparentales, des réalités pourtant aussi vieilles que l’humanité.

Mais durant toute cette période qui va en France de l’élection de François Mitterrand en 1981 à l’apparition de la crise du Covid en 2020, si le sexe semble apparemment s’être libéré avec des avancées en matière de droits LGBT, de bioéthique ou d’homoparentalité, cette réalité plus idéologique qu’historique masquent en réalité une volonté plus sournoise de normaliser le sexe, les identités liées au sexe et l’économie des plaisirs dans la société.

Ainsi le sexe sauvage a aujourd’hui presque totalement disparu dans nos sociétés. A une époque où l’homosexualité était encore taboue, stigmatisée et pénalisée, la drague entre hommes se déroulait essentiellement à la dérobée, dans des lieux interlopes comme des établissements semi-clandestins, en marge : bars, cabarets, discothèques, parcs et jardins, pissotières, friches industrielles, vestiaires, saunas… Un cadre qui alimente toujours la fantasmagorie des films pornos gays.

Ces lieux ont aujourd’hui presque totalement disparu des grandes villes devenues totalement aseptisées. Ou bien en devenant visibles ils se sont institutionnalisés, rendant plus évidente la subordination des sexualités normatives au business du plaisir. Aucune zone n’échappe désormais à un cadastre précis des usages sociaux et de leur périmètre légal et culturel.

Certes il existe au sein des grandes communautés LGBT très structurées comme à Londres, Berlin, New York ou Paris, davantage d’établissements institutionnels consacrés aux rencontres et à la consommation sexuelle. Toute une culture urbaine consumériste, hédoniste, individualiste autant que communautaire, marchande et institutionnelle, a remplacé la subculture gay autrefois ultra minoritaire, cachée, refoulée dans les bas fonds, objet de fantasmes pour les bourgeois hétérosexuels voyeurs, et de descentes régulières de Police pour conforter leur ordre moral.

Il existe surtout aujourd’hui de multiples outils numériques pour trouver un partenaire conforme à ses désirs, avec une segmentation infinie des styles et des pratiques. Mais il n’y a désormais dans cette industrie normative des identités et des plaisirs plus aucune place pour ce qui en faisait en partie le sel : l’inconnu, le risque, le hasard des rencontres non préméditées, hors des limites imposées par des discours et des normes sociales.

De même, l’économie des désirs entre les hommes et les femmes est devenue beaucoup plus complexe, anxieuse et calibrée. Plus question aujourd’hui de draguer une collègue de bureau à la machine à café. Au risque d’être traité de porc, de prédateur sexuel, de harceleur, de violeur, condamné comme tel par la meute et congédié sur le champ.

La Préciosité, inventée par les femmes de l’aristocratie du Grand siècle, avait mis un terme à un trop grand empressement des mâles mal dégrossis, à leurs mœurs trop mimitaires, agressives, peu galantes et peu respectueuses envers les femmes. Les obligeant à un parcours du Tendre codifié pour espérer un jour parvenir à entrevoir la courbe d’une cheville lors d’un aparté volé. Allant jusqu’à féminiser jusqu’au ridicule l’apparence des prétendants maquillés, poudrés, parfumés, noyés sous les dentelles et les rubans et pastichant les précieuses ridicules.

Aujourd’hui la donjonisation des femmes associée à leur prise de pouvoir sous couvert d’égalité est beaucoup plus explicite et ne laisse que très peu de place aux codes de la galanterie. L’homme étant un porc, le désir masculin étant une aberration de la nature, il faut en protéger à tout prix les femmes, forcément des victimes désarmées. Et encore plus les enfants, forcément vulnérables et innocents.

Cette société hypermorale 2.0 conçue par les progressistes et les féministes, c’est le gynécée étendu aux frontières de l’espace domestique, public, politique, professionnel, culturel, institutionnel et urbain.

Les femmes et les enfants constituent le premier cercle. Les eunuques – gays, non-binaires et autres anomalies licites – et les émasculés du féminisme – tous ceux qui utilisent l’écriture inclusive comme un bréviaire et sont incapables comme Emmanuel Macron de faire une phrase sans utiliser des gimmicks rhétoriques politiquement corrects comme « celles et ceux » – en constituent le second.

Les hommes, les vrais, sont rejetés à l’écart de ce périmètre éthique et politique du convenable et de l’acceptable. Certains sont toutefois tolérés, mais pour y pénétrer on est prié de laisser sa bite et son couteau au vestiaire. Et d’adopter les codes comportementaux et linguistiques qui font de toute bête hirsute et indomptée un caniche de cirque soumis et civilisé.

Les adolescents en pleine éruption pubertaire, les racailles fondamentalement rebelles à toute normalisation (autre que sous le joug de l’islamisme), et tous les déviants non répertoriés par les canons du bien-jouir, n’ont de place qu’en prison, à l’asile, ou dans ces ghettos où règne le non-droit et l’arbitraire des caïds. Là ils peuvent s’adonner en toute impunité à la plus grande sauvagerie, souvent avec la bénédiction des maires complaisants et d’une Police qui préfère rester à distance et fermer les yeux.

Il n’est pas étonnant que dans une telle dictature rhétorique, psychologique, politique, sociale et éthique, le sexe soit devenu non pas le lieu d’une émancipation, mais bien au contraire celui d’un asservissement total des populations.

Car il n’y a plus aucune alternative aujourd’hui : il faut se conformer ou s’effacer. Au sens le plus littéral ou l’entend la cancel culture, cette culture de l’éradication sociale des indésirables réfractaires à la norme.

Le sexe a toujours constitué un moyen d’asservir les individus. En normalisant le sexe, on ne définit pas seulement ce qui est licite ou illicite en termes de plaisir, mais les modes d’interaction, de relation, d’échange entre les êtres. Surtout dans une société qui met autant en exergue le plaisir – un plaisir conçu et réglé selon une multitude d’objets de satisfaction consuméristes, exacerbé par la publicité, les discours et les modes de consommation, fondés sur le mimétisme, soumis à l’arbitraire et à l’évaluation permanente selon le filtre d’une valeur exclusive : le fric.

Le sexe n’est plus qu’une marchandise parmi d’autres. Il ne peut se concevoir directement ou indirectement que comme un échange monnayé, un plaisir accordé avec une contrepartie. Jamais un acte gratuit, un don, quelque chose de spontané, une simple fantaisie sans conséquence.

Dans la dictature progressiste mondialisé de ce 21e siècle, le sexe est l’archétype de toute rétribution attribuée aux esclaves : un plaisir, forcément passager, limité, contrôlé, mais renouvelable. En échange d’une conformité aux normes imposées : être un bon travailleur, un bon citoyen, un bon consommateur, un bon électeur.

Si vous êtes un gay parisien CSP+ travaillant à la Mairie de Paris ou chez Macron, que vous êtes un militant méritant pour propager les dogmes en vogue et faire reculer l’obscurantisme machiste, sexiste, antiféministe, homophobe, transphobe, alors vous aurez droit à tous les privilèges. On fermera même les yeux si vous manifestez quelque intérêt coupable pour les jeunes gens pas encore faits. Tant que vous ne vous exhibez pas en public, et que cela se passe de préférence à Bangkok, à Marrakech, ou dans quelque cercle mondain où la licence devient permise aux privilégiés du sérail.

En revanche si vous êtes un simple employé, un blédard ou un banlieusard, pris la main dans le sac à courser une bourgeoise moyennement consentante, vous vous retrouverez illico à la Une des journaux dans la rubrique faits divers. Ou cloué au pilori dans ces émissions salaces vouées à la décompensation quotidienne d’une plèbe aboyante qui se repait des cochonneries du jour.

Mieux encore, l’emprise exercée sur les individus par cette dictature des plaisirs touche aussi aux dimensions psychologiques, symboliques, identitaires et spirituelles de l’être.

En nous assignant à une sexualité politiquement correcte, en manipulant les esprit avec une extrême perversité jusqu’à la confusion la plus totale, sur fond de grande permissivité apparente associée une répression féroce envers toute déviation normative, le pouvoir exerce une emprise véritablement totalitaire, jouant d’une alternance sadique et déstructurante entre permission et répression.

La psychiatrie avait créé les conditions d’un contrôle radical du psychisme humain au travers des discours et des modèles appliqués aux pratiques sexuelles. Et en forgeant des identités psychiques à partir de ces pratiques estampillées comme normales ou pathologiques.

Désormais c’est toute l’étendue du spectre des désirs, des comportements et des plaisirs qui est taxée en même temps de normalité et de pathologie.

L’homophobe a remplacé l’homosexuel selon une inversion des valeurs et de l’axe des pathologies. Ce qui était hier considéré comme normal et sain – le dégoût suscité chez un hétérosexuel « normal » à l’idée d’actes sexuels entre deux hommes – est aujourd’hui une pathologie : la peur ou le dégoût suscité par l’homosexualité, cette ancienne maladie psychique du catalogue des perversions reconvertie en nouvelle norme, à égalité avec l’hétérosexualité.

Les propos et les actes homophobes sont désormais des délits voire des crimes, comme l’étaient autrefois les actes homosexuels, selon une logique de revanche des invertis retournés en bourreaux par les discours victimaires.

En réalité ce retournement arbitraire, autoritaire et normatif, comme ces identités (gays, LGBT, queer, trans, non-binaires…) tout aussi factices que les catégories nosologiques négatives forgées par les psychiatres d’antan, s’avère tout aussi violent et destructeur que l’étaient ces normes et identités psychiques assignées de façon arbitraire sous l’autorité d’une prétendue science par des médecins pressés de catégoriser et normaliser les comportements sexuels.

Alors qu’une attitude pacificatrice consisterait à faire œuvre vis-à-vis des authentiques homophobes d’une incitation à refuser l’ignorance, les préjugés quant aux personnes, la violence des opinions et des actes, au bénéfice d’une éducation au respect de l’autre, des différences, à la tolérance, au respect des identités et des écarts, on cherche à corriger les injustices passées de la société envers les amours de même sexe en pratiquant une autre forme d’Inquisition purificatrice. Légitimée cette fois par le statut de victime associé a priori à toutes les personnes concernées par les attirances homosexuelles, et donc aussi par cette haine homophobe qu’elles suscitent chez certains hommes. Et finalement en croyant qu’on peut éradiquer tout surgeon d’homophobie à coups de karcher et de lance-flamme politiquement corrects.

Une attitude entièrement dictée par la mauvaise conscience. Laquelle ne peut produire que du refoulement et des décompensations en retour.

D’ailleurs plus on la traque et plus l’homophobie revient en force par endroits. Conséquence d’une excessive tyrannie des militants LGBT pressés d’imposer à tous leur un Nouvel Ordre Egalitaire Mondial, en gommant toutes les différences objectives au profit d’une indifférenciation brutale et mensongère qui lamine le réel au rouleau compresseur d’un politiquement correct érigé en nouvelle religion totalitaire.

Il en va de même pour les viols, les violences conjugales, les actes et propos misogynes, qui refleurissent comme des décompensations à mesure qu’on les traque dans tous les recoins de la société. Notamment dans ce qu’il reste encore comme marges à cette société normalisée, compartimentée en territoires polissés où sévit le pouvoir bourgeois et sa morale bobo. En particulier dans ces quartiers de non-droit que le politique refuse désormais d’envisager. Où dans toute zone où la misère ou la colère rend les hommes réfractaires aux injonctions du politiquement correct, qu’ils moquent et transgressent avec une jouissance non dissimulée.

Reflet de cette fronde anti normalisation : le rap et ses acteurs les plus bankable. Dont les thèmes restent globalement invariants depuis 30 ans et surfent toujours sur les mêmes obsessions : femmes-objets hypersexualisées, pourvoir machiste des mâles, virilité surjouée, loi du plus fort, meute frondeuse, violence, compétition, exhibition, transgression, matérialisme outrancier et signes extérieurs de richesse, défiance à toute autorité, ego exacerbé…

Autrefois tendance dans les milieux médiatico-bobos parisiens, cette icône du caillera rebelle a aujourd’hui du plomb dans l’aile. Comme d’ailleurs tout modèle qui met en avant de façon trop évidente et agressive le sexe rebelle.

La France des années 2020 est devenue extrêmement frileuse. On est prié de ne pas exhiber son sexe, même de façon symbolique en bandoulière. Tout au plus a-t-on le droit de suggérer, sans jamais choquer l’une de ces catégories de victimes essentialisées que sont les femmes, les enfants, les homosexuels, les transsexuels, les non-binaires… Lesquelles mènent désormais comme dans les sociétés anglosaxonnes une croisade sans merci contre tous ceux qui sont accusés à leur égard de micro-agression. Un concept nouveau importé des Etats-Unis, qui consiste à projeter sur l’autre ses propres phobies, en l’accusant de par sa simple différence de constituer une menace a priori. Ou encore à plaquer sur un propos anodin une intention blessante qui n’existe que dans l’esprit de celui ou celle qui s’érige en exclu ou en victime offensée.

Une idéologie extrémiste qui transforme la société en enfer absolu, où toute expression subjective devient immédiatement suspecte. Et où le sexe ne sera bientôt plus possible que sous le contrôle et par la médiation de l’Intelligence Artificielle chargée de surveiller le moindre de nos faits et gestes, de nos émotions, intentions ou pulsions.

Être c’est désirer. Or si le simple fait d’être et de poser un désir devient potentiellement une offense à l’autre. Alors il ne sera bientôt même plus possible d’être.

De renoncements en renoncements, nous en viendrons bientôt à n’être plus que des artifices édulcorés privés de toute humanité. De toute vérité. De simples hologrammes sociaux préprogrammés. Dont on aura éradiqué tout élément trop saillant, imprévisible, spontané. Humain en somme. Notre avenir imposé, c’est le transhumain. Une machine mi-biologique mi-artificielle, dont chaque manifestation sera évaluée, contrôlée, validée ou déclenchée par la Matrice.

Or le sexe est précisément ce qui nous faire sortir de nous-mêmes, de notre périmètre de sécurité, aller au-delà du connu, au-devant de l’autre, nous incitant à prendre des risques, à nous décentrer, à nous remettre en question. Oser la rencontre, oser nous dévoiler, nous mettre en danger, nous identifier à nos désirs l’espace d’une rencontre, jusqu’à devenir plus tout à fait le même, un autre.

On ne peut être humain en se satisfaisant de soi-même. En se limitant à une monade, un entre-moi. En restant soumis à une nomenclature existentielle et essentielle. Car on devient qui l’on est en faisant l’expérience de soi-même dans la confrontation avec l’autre.

Cela va de n’importe quel type de relation que nous engageons avec nos dissemblables, et dont le sexe constitue la dimension la plus sacrée qu’il nous soit possible d’expérimenter dans le registre du physique. On ne « se » rencontre pas en ajoutant des appendices, des prothèses transhumanistes pour expérimenter d’autres facultés. On vit ce jeu entre identités et altérités, en nous-mêmes et en-dehors de nous-mêmes, au travers des échanges que nous nouons avec des autres.

Ces échanges ne sont pas d’abord matériels, comme la religion matérialiste et progressiste le prétend. Ils sont d’abord essentiels. Nous n’échangeons pas des choses, ou des portions de notre substrat physique, mais des parts de notre être essentiel. Ce que nous sommes ou croyons être. Ce que nous devenons, ce que nous créons, ce que nous expérimentons : des états d’être et des savoirs-être.

Le sexe représente un passage à la limite. Dans le sexe, du moins dans une relation sexuelle consentie entre deux personnes adultes, il n’y a en vérité aucun deal matériel. Il n’y a rien à avoir, rien à consommer, aucune prise, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Car toute prise définitive qui enserre le rapport sexuel dans le physique est une chute, un terme, une petite mort. L’extase au contraire suppose l’engagement total autant que le renoncement à posséder l’autre. Le don total de soi, l’oubli de soi pour laisser toute la place à l’expérience dynamique de la seule Relation, de l’intrication volubile et fertile.

Le summum du plaisir charnel donne un accès direct aux profondeurs de celui ou celle qui est notre partenaire sexuel. Que cette relation dure une heure ou une vie, cela revient au même. Aucune autre activité humaine ne donne un accès aussi entier et immédiat à la totalité de Qui est vraiment l’autre.

Ce que la normalisation totalitaire en marche sur fond de Grande Terreur moralisatrice est en train d’accomplir aujourd’hui, c’est d’interdire fondamentalement définitivement aux individus de se connaître, selon l’expression biblique consacrée.

Or pour se connaître selon les lois d’attraction du sexe, encore faut-il partager cet état de liberté, d’insouciance, d’innocence, de joie, d’enthousiasme, ce trouble ravissant qui accompagne tout émoi sexuel.

Si le sexe devient grave, lourd, suspect, ou pire, s’il est totalement contrôlé par Big Brother, cet Œil de Sauron omniprésent et omniscient, comme une divinité jalouse obsédée de nous connaître par elle seule et pour elle seule, nous cessons d’être des consciences individuées, libres et créatrices de réalité, pour devenir des objets, des outils voués au plaisir d’un seul ou d’une élite.

C’est exactement ce à quoi veulent nous réduire ceux qui concentrent tous les pouvoirs. Et qui voudraient nous aliéner définitivement en prenant un pouvoir absolu sur nos âmes.

Le sexe nous fait expérimenter cette dimension divine qui est en nous. A un niveau superficiel, biologique, nous nous unissons charnellement, nous mélangeons nos gènes, et nous nous abîmons ainsi dans l’illusion frétillante de donner la vie. A un niveau plus subtil, quand nous nous oublions nous-mêmes dans le coït et l’orgasme avec notre partenaire. Nous quittons momentanément la conscience d’être soi : nous cessons d’être une conscience individuée et nous avons cette sensation indescriptible de fusionner avec l’autre. Mieux encore si nous nous élevons encore dans l’échelle du plaisir, nous perdons totalement toute conscience d’être un seul pour devenir l’Un, le Tout : Dieu.

C’est bien pour cela que le viol est bien plus qu’une pénétration physique non désirée. On peut se remettre d’avoir été pénétré sans son accord. La blessure physique finit par s’estomper. En revanche la blessure psychologique, et plus encore la blessure spirituelle, ontologique, paraît plus indélébile, elle marque toute une existence. Car être violé(e) c’est être victime d’une intrusion non désirée d’une conscience étrangère dans les profondeurs sa propre conscience. Un accaparement non désiré de Qui l’on est en profondeur. Bien plus qu’une blessure physique liée à un acte violent et traumatisant ou à une profanation de notre intimité au plan physique.

Ce moment d’extase paraît infini même s’il est fugace. Et il n’existe pas de plaisir plus grand dans l’ordre physique. L’espace d’un instant dilaté aux dimensions de l’éternité nous SOMMES Dieu. Ce que les mystiques et les ascètes expérimentent parfois au terme d’une longue quête spirituelle, tout être humain peut l’entrevoir au moins de façon fugace, pourvu qu’il s’engage sur cette voie « tantrique », avec cœur, persévérance et sincérité.

Mais le Meilleur des mondes voue une haine irascible à tout ce qui est tantrique, mystique ou spirituel. Lui qui ne sacralise que le matériel érigé en marchandise. Comme à tout ce qui relève de la conscience faisant l’expérience de la joie et de la fécondité sous l’angle du physique. Il veut au contraire éradiquer cette réalité de nos esprits, la nier pour mieux se l’approprier et exercer un contrôle total sur les êtres.

Parce que le sexe est à l’interface de ce qu’il y a de plus charnel et de plus sensationnel dans l’expérience incarnée. De ce qu’il y a de plus élevé dans le degré de conscience de Qui nous sommes vraiment, d’où nous venons et Qui nous devenons. C’est le grimoire le plus puissant dont nous sommes dépositaires, et dont on voudrait nous déposséder.

Si nous nous tournons vers nos enfants en ayant honte de ce qui fait de nous des hommes vivants et des dieux créateurs, si nous projetons sur eux nos angoisses à propos de ce qui permet de nous connaître en profondeur et de nous dépasser, alors nous les emprisonnons dans cette névrose collective déshumanisante qui précipite la mort de nos sociétés et peut-être un jour prochain de notre espèce.

Il serait bien plus judicieux de les préserver de cette angoisse et de ses effets délétères en nous ôtant toute culpabilité à propos du sexe. Un sexe que nous avons prétendu libérer, mais que nous continuons de brider, de refouler, d’ériger en objet de méfiance et d’opprobre, et qui revient cycliquement comme le retour du refoulé nous hanter, nous agresser sous des travers de plus en plus violents et terrifiants.

Ôter toute culpabilité ne veut pas dire céder à la permissivité. Il ne s’agit pas de tout se permettre. L’économie des plaisirs doit toujours obéir à une juste conscience de soi, comme à un juste respect de l’autre.

Notre société consumériste et faussement hédoniste nous pousse vers l’exact opposé : l’autre est une marchandise à consommer comme les autres. On commande un plan cul sur telle appli comme on commande une pizza.

Il faut remettre les perspectives en place, réordonner nos valeurs. Nous défaire de cette société de l’objet, où nous devenons à notre tour des objets marchands. Remettre le Sujet au pinacle. Sans nous égarer plus avant dans un individualisme dépressogène et destructeur. Rétablir cet ordre essentiel où chaque Je est un Nous. Et donc où le sexe n’est ni un combat, ni un simple emboîtement entre un Je et un Tu, mais une symphonie de Nous qui vibrent à l’unisson.

Pour ce faire, il faut accepter que tout est sexuel et que chaque être est sexuel, à des degrés divers et selon des modalités infinies. Depuis le nourrisson jusqu’au vieillard agonisant.

Non pas en rétablissant cette injonction tyrannique au plaisir pour tous, ou en nous projetant dans une illusion de l’éternelle jeunesse, de la performance sexuelle et du devoir-jouir. Mais en admettant que toute conscience individuée dès lors qu’elle s’incarne est plongée dans un faisceau de désirs protéiformes qui éveillent, confrontent et cisèlent ses propres désirs. Et dont le sexe est l’archétype, en tant qu’énergie, force d’attraction et de transformation qui dépasse très largement la sphère génitale et englobe les dimensions les plus sacrées.

L’invention de la sexualité au 19e siècle, puis de la psychanalyse dans le sillage de la psychiatrie, nous a hélas enchaînés au sexe en le dénaturant totalement, en le limitant à une affaire de pulsions, d’instincts, de libido, d’attractions animales, de fantasmes, de plaisirs génitaux, de phéromones et de mécanismes biochimiques dans le cerveau. Oubliant toute la part sensuelle, érotique, affective, symbolique et spirituelle du sexe.

Pire, elle a réduit la psyché à une simple affaire de déterminismes biologiques et psychologiy, créant des catégories hermétiques, des normes auxquelles se conformer de façon exclusive et des aberrations à éradiquer. Une pure chimère d’entomologistes maniaques.

Or le sexe ne connaît aucune norme. Ce bien mal nommé (du latin secare, couper : ce qui coupe l’humanité en deux sexes opposés, mâle et femelle) est en réalité ce qui abolit les frontières apparentes de l’identité, en réconciliant les contraires, en unissant les semblables voués à la compétition mimétique, en dépassant l’apparente dualité pour rejoindre l’inaccessible Unité essentielle.

Le sexe est LE langage avant le langage, qui permet au terme de l’expérience de l’autre au-dely de l’autre de poser un langage et d’ordonner ces expériences relationnelles les plus archaïques, archétype de toutes les autres, en termes de bien ou de mal. En ce sens la lecture freudienne du mythe biblique de la Genèse dit juste. C’est en posant un regard conscient et un discours sur le sexe, sur l’indicible, que nous orientons nos consciences selon des bornes éthiques que nous posons, désignant ceci comme un bien et cela comme un mal.

L’erreur est d’essentialiser le Bien et le Mal, en en faisant des catégories ad hoc qui existeraient indépendamment de l’expérience humaine que nous en faisons et des repères culturels, juridiques, moraux, religieux, qui leur confèrent du sens.

L’enfant n’est pas innocent parce qu’il serait affranchi du bien et du mal, et donc de la faute originelle. Il est simplement ignorant de ses catégories, non déterminé par elle, en deçà des discours qui les structurent. Et donc plus proche que l’adulte de Qui nous sommes radicalement d’un point de vue ontologique : des êtres créateurs, rayonnants, tout puissants, totalement libres, dépourvus de toute limite morale à cette liberté d’expérimenter et de créer.

Ce que la culpabilité à propos du sexe nous empêche précisément de réaliser. Une culpabilité consécutive à l’oubli de l’extase (la petite mort) qui nous avait un temps réconciliés avec notre vraie nature divine, et à cette volonté obsessionnelle de réitérer cette expérience immatérielle et fusionnelle au cœur de la matière en la renouvelant de façon compulsive, et assignant l’autre à n’être rien d’autre qu’un objet de plaisir. La culpabilité, poison dea conscience, est ce qui voile toute vraie connaissance, qui n’est pas un savoir où un discours formel, mais un naître-avec (être avec). C’est à dire un co-devenir en pleine conscience.

Nous faisons du sexe pour nous ressouvenir (de Qui nous sommes). Et puis nous entrons malgré nous dans une dépendance au corps et au sexe, parce que nous oublions ce que nous cherchons à saisir et nous approprier : le mystère des mystères, le secret des secrets de notre existence incarnée.

Le sexe n’est pas ce qui sépare les êtres, mais ce qui nous relie à ce Dieu que nous sommes, présent en nous comme Conscience infissible manifesté dans cette existence incarnée. La seule Réalité qui Est, opposée à toute illusion de la Séparation, matrice de toutes les soifs, de toutes les souffrances et de toutes les violences.

Le sexe nous révèle à nous-mêmes non comme duels – mâles et femelles – ou même doubles – à la fois masculins et féminins – mais multiples, complexes, infinis, toujours renouvelés. Expérience troublante de la Vie qui se ramifie et se manifeste en une infinité de réalisations.

Le sexe défait autant qu’il exalte toute tentative vaine de s’arc-bouter à une identité, à des stéréotypes de genres opposant les hommes et les femmes en deux versants opposés et complémentaires d’une humanité qui serait scindée en deux parties distinctes. Ceux qui voudraient enfermer la virilité comme la féminité dans des caricatures rassurantes et inamovibles, congédiant toute ambivalence, creusant les fossés intermédiaires pour mieux s’affirmer comme un vrai homme ou une vraie femme, sont autant esclaves du sexe qu’ils en sont ignorants.

Car le sexe est tout sauf l’art du pastiche et de la représentation. Passé les rituels de la parade nuptiale, une fois la connexion profonde établie, il est Avènement. Théophanie. Célébration. La plupart des héros du sexe autodésignés sont en réalité des amateurs dérisoires. Ils n’en connaissent que le pourtour, les artefacts, la parodie. L’essentiel leur échappe. Car cet essentiel ne peut être représenté ou simulé. Il ne peut être qu’être vécu. Comme une plongée dans l’Océan qui permet à la goutte d’eau de DEVENIR l’Océan.

Le sexe est aussi l’archétype premier de notre pouvoir divin de création. Création d’un autre, un tiers, croit-on sommairement quand on contemple ce spermatozoïde sorti de ses propres profondeurs qui se précipite pour féconder un ovule. Alors que cet accouplement microscopique ne produit tout au mieux qu’un amas de cellules au sein duquel une conscience pourra venir élire librement domicile.

Le sexe est bien plutôt création de soi, ou plutôt conscience de soi en devenir tendue vers un autre, au terme de cette expérience unique de sublimation de l’ego qu’est l’union charnelle de deux corps. Création de sens également, car le sexe sans l’amour, comme la science sans conscience, n’est que ruine de l’âme.

Ce qui donne du sens à la relation sexuelle, fugace ou durable, c’est le degré d’amour, d’intrication de conscience, et le cœur qu’on y met.

Or cette société nous pousse à ne concevoir le sexe que comme un vulgaire marchandage. Et finalement, sans le dire ouvertement, une façon de réifier l’autre dans des bornes admises. D’en faire un jouet, un instrument de plaisir. Partenaire de chair ou robot sexuel, après tout c’est la même chose.

Selon la conception anglo-saxonne du sexe comme de toute relation sociale, celles-ci ne sont en effet fondées que sur l’utilité, l’intérêt et le contrat. Baiser est licite dès lors qu’il s’inscrit dans un projet contractualiste.

Idem pour faire un enfant. L’enfant n’est plus aujourd’hui un être à part entière, autonome, qui s’invite dans l’intimité de deux êtres candidats au statut de parents, c’est un projet entre deux personnes qui s’entendent sur le fait de faire ou d’élever un enfant. Le plus souvent pour combler un manque affectif ou satisfaire un désir narcissique.

Demain assurément le Meilleur des mondes leur livrera clés en mains un embryon ou un nourrisson fraîchement décanté (selon l’expression du roman éponyme d’Aldous Huxley), parfaitement conforme aux critères nomenclaturés de leur projet : garçon ou fille (ou entre les deux), blond, brun ou châtain, avec des yeux bleus ou marron, tel type ethnique et tels traits de personnalité commandés sur catalogue, fabriqués par manipulation génétique et mis en couveuse dans un utérus loué pour l’occasion.

Pour le sexe c’est déjà la même chose : pour choisir son partenaire sexuel, pour une heure ou pour la vie, il suffit de se rendre sur l’une des centaines d’applis de rencontre disponibles sur PlayStore, et de choisir selon les critères requis. Une façon d’empêcher le désir de s’exprimer plutôt que de le stimuler. Puisque le désir personnel pour un autre nommément identifié est toujours la résultante d’une cocréation, et non d’un fantasme élaboré seul dans sa chambre.

En conclusion, le sexe est aujourd’hui pris otage et le lieu d’un enjeu capital : allons-nous nous laisser réduire à une somme d’êtres individués, séparés, isolés, distanciés, confinés, mis en relation à l’occasion par la Matrice ? Ou allons-nous enfin accéder ensemble à la conscience de former un Tout cohérent et indissoluble, une entité consciente, autonome, plus encore qu’un Collectif ?

Allons-nous accéder tous ensemble à ce degré de conscience supérieure, à l’expérience du Tout, dont le sexe n’est qu’une expérience et une préfiguration passagère ? Ou allons-nous régresser à l’état le plus primitif d’individus disjoints, déconnectés, hostiles les uns aux autres, sans aucune conscience d’être reliés hors des modèles artificiels façonnés par l’Intelligence Artificielle, elle-même reliée à la Matrice ?

Allons-nous renouer avec cette énergie primordiale et éternelle inscrite dans le sexe et sa partie la plus sacrée ? Ou allons-nous juste devenir des piles biologiques pour alimenter en énergie les machines et donner à des programmes informatiques l’illusion d’une conscience, comme dans le film Matrix ?

L’essentiel du combat qui se joue aujourd’hui dans nos consciences se trouve là : évoluer, en intégrant dans le grand saut toutes nos spécificités humaines. Ou bien nous perdre en prétendant nous affranchir des déterminismes biologiques, dans une folie transhumaniste qui n’est rien d’autre que le renoncement définitif à toute humanité et à ce qui fait de nous une espèce vivante, aimante, évoluée et féconde.

Ce que deux partenaires vivent dans l’étreinte amoureuse, le dépassement de soi et le face à face avec l’Absolu dans une indicible extase, l’humanité le vit aujourd’hui face à cette Conscience supérieure qui l’appelle vers ce Grand Saut de conscience, le plus vertigineux et le plus significatif qu’elle ait jamais vécu. Avec deux tentations opposées : se refermer sur soi, nier cette dimension qui l’élève vers une Altérité plus élevée, ou tenter de se l’approprier en prétendant en être l’auteur dans une prétention folle à se détacher de la Source qui nous porte. Et celle qui consiste à ne plus assumer la part incarnée, pesante, dolente de notre identité. A nous prétendre affranchis des contraintes du réel, à nous recréer intégralement au point de n’être plus que des assemblages logiques reliés à une Intelligence Artificielle, et transférés dans tout autre support que ces corps mortels bien imparfaits et encombrants : robot ultraperformant ou mémoire encryptée dans un ordinateur quantique.

Cette utopie transhumaniste, c’est la réification absolue de l’humain, la sacralisation de la matière, la réduction de la conscience à l’intelligence rationnelle, et pour finir le refus radical de l’incarnation. Et donc du sexe qui en constitue à la fois le prolongement et le dépassement, le médiateur horizontal mais aussi vertical entre les consciences individuelles et les plans de conscience.

Nous croyions tout savoir sur le sexe, en avoir épuisé toutes les manifestations. Nous découvrons au terme d’un processus de désenchantement que nous avons provoqué que tous nos discours savants sur le sexe, et toute cette prétention ridicule des pouvoirs à le cartographier et l’instrumentaliser explosent en laissant un vide absolu, traversé de fulgurances foisonnantes et fascinantes. Un espace où tout devient possible. Surtout le plus sublime.

Covid-19 : une hallucination qui sonne l’heure du grand réveil

Covid-19 n’est pas le nom d’une épidémie, mais d’une hallucination collective.

Ce n’est pas un phénomène objectif qui relève de la biologie, mais un phénomène subjectif qui relève d’une cristallisation de la conscience.

La particularité d’un virus, c’est qu’il ne se voit pas. Il ne se prouve pas, il ne se démontre pas. Il n’a d’existence que parce que la science prétend l’avoir isolé et rendu responsable d’affections pathogènes.

Certains scientifiques nient pourtant la responsabilité des virus dans le déclenchement de certaines maladies déclarées virales. Certains chercheurs en immunologie parmi les plus éminents s’obstinent même depuis 40 ans à contester l’existence d’un lien direct entre l’infection HIV et le déclenchement du sida.

Ce qui est certain c’est qu’en médecine il n’existe pas de certitudes absolues et immuables. Jusqu’à l’invention du microscope et la découverte des premières bactéries, les maladies et leur mode de contamination étaient attribués à la présence dans les lieux confinés ou insalubres de miasmes pestilentiels. La pestilence se propageait donc par voie aérienne, contaminant les personnes séjournant ou travaillant dans ces lieux mal ventilés.

Dès le début de l’épidémie de coronavirus, on nous a habitués à croire que les cas qui se développaient en Chine puis dans d’autres pays et la propagation de cette maladie étaient dus à un virus baptisé coronavirus, apparu suite à une transmission de l’homme à l’animal. Et que pour s’en protéger il fallait isoler les personnes infectées, confiner les régions où des cas étaient apparus, éviter les contacts, se tenir à distance les uns des autres, se désinfecter souvent les mains et porter un masque.

Ce qui est visible, ce sont les morts ou les malades qui engorgent les hôpitaux. Ce qui donne de la consistance au danger épidémiologique ce sont les symptômes déclarés chez certains patients et qui peuvent entraîner la mort : manifestations inflammatoires, fièvre, éternuements, écoulement nasal, toux, suffocation, détresse respiratoire…

C’est ce qui donne de la réalité à l’épidémie. Car le virus, lui, demeure invisible, sinon pour les rares chercheurs qui prétendent l’avoir identifié. Sur ce sujet pourtant il y a débat, même si celui-ci semble interdit.

En fait, ce qui donne une vraie consistance sociale à la maladie, ce qui la rend sensible, perceptible, et ce qui donne en conséquence une crédibilité et une charge émotionnelle à ce virus, c’est la peur qu’il suscite, nourrie par les discours scientifiques, les alertes médiatiques, les préconisations sanitaires et les recommandations scientifique. Tout un halo de discours entretenu en boucle par une partie du corps scientifique, des médias et du personnel politique.

Pour autant, malgré ce brouhaha permanent autour de l’épidémie, le virus lui demeure totalement invisible dans la vraie vie. Ce qui tend à augmenter la charge fantasmatique qui l’accompagne.

Contrairement aux pestes médiévales on ne croise jamais de cadavres ou d’agonisants dans les rues des grandes villes. Ni de cortèges funèbres conduisant des malheureux entassés à la fosse commune. Pas plus qu’on ne peut détecter une personne contaminée parmi des personnes saines. Pas de membre abîmé, pas de marques sur le visage, pas de pustules sur le corps, pas de perte de cheveux, pas d’amaigrissement spectaculaire comme pour le sida. Rien ne distingue une personne porteuse du virus d’une personne non infectées.

Ce virus est donc d’autant plus effrayant, vecteur de fausses croyances et cause de projections, qu’il est sournois, invisible, inodore, imperceptible.

Pourtant il se répand plus vite qu’une rumeur dans les esprits, à mesure que les médias contribuent à lui donner une existence, une présence, une réalité.

Même quand l’épidémie a disparu comme aujourd’hui, ce virus continue à rester très présent et menaçant dans l’esprit des gens. Comme un mauvais tour de prestidigitateur. Il est vrai que ceux-ci déploient des trésors de persuasion pour arriver à entretenir l’illusion de la persistance d’une menace. Il suffit de multiplier les tests, et d’exposer chaque jour les « nouveaux cas » en les présentant comme une nouvelle progression de la maladie, alors que cette manœuvre ne fait que confirmer l’importance des personnes séropositives et asymptomatiques. Et donc le fait que l’immunité de groupe est une réalité.

Mais un nombre croissant d’esprits lucides refusent d’être pris au piège de cette manipulation grossière.

Alors pour lever les doutes entraîner le plus possible de naïfs dans la spirale de l’effroi, on invente un stratagème machiavélique. Il suffit d’obliger tout le monde à porter un masque en permanence. Y compris et surtout dans les lieux où cette précaution est totalement inutile comme en extérieur.

Ce tour de passe-passe permet ainsi de faire croire à un triple mensonge : il rend le virus visible de façon presque obscène dans tous les actes de la vie quotidienne là où il a déjà disparu de l’espace public depuis des mois. Il le rend présent et menaçant partout, en tout lieu, à tout moment. Ainsi impossible d’y échapper : le virus, et surtout les messages anxiogènes qui l’accompagnent, restent présents au regard et à l’esprit quels que soient les efforts pour s’en distraire. Enfin le virus touche tout le monde, personne ne peut se soustraire à l’obligation de porter le masque, qui créé ainsi dans l’espace social un indifférencié de terreur : une frayeur totalitaire.

Mêmes ceux qui contestent à juste titre ces mensonges et cette manipulation mentale ne peuvent se soustraire au rappel constant, obsédant, du virus. Et à la présence irréductible des messages idéologiques qui le concrétisent.

Le masque est une trouvaille plus efficace et radicale encore que le télécran de Big Brother puisque c’est chaque individu qui est désormais forcé de l’arborer en guise de visage. La reconnaissance de l’altérité ne se fait plus désormais par le faciès, occulté, ni par le bonjour, devenu inaudible, mais par le croisement de regards muets en miroir émergeant de visages barrés par le même symbole de soumission et de renoncement.

Le masque chirurgical renvoie implicitement à l’univers médical, hospitalier. Il fait de tout citoyen un malade en puissance. Comme la privation de vêtements civils au bénéfice du pyjama bleu des hôpitaux prive toute personne hospitalisée d’identité sociale pour lui faire endosser celle de malade, le masque chirurgical prive toute personne qui le porte de visage et de faculté de communiquer.

Le masque est un peu comme l’étoile jaune ou la rouelle. Sauf qu’il ne renvoie pas à une communauté en particulier, ostracisée et désignée comme bouc émissaire. C’est tout le groupe qui est communément bâillonné, stigmatisé. Chaque individu est déclaré suspect a priori.

Dès lors c’est tout l’être social qui est déclaré hors-la-loi. Le port d’un uniforme dans certaines sociétés totalitaires comme la Chine de Mao constituait déjà une méthode d’uniformisation absolue de l’homme et de la société.

Mais le masque va plus loin. Il laisse à chacun l’illusion d’être une personne en autorisant chacun à porter les vêtements qu’il souhaite et en « customisant » le masque selon la fantaisie de chacun. Mais c’est pour mieux faire oublier que l’obligation de porter le masque symbolise l’acceptation de renoncement à sa propre identité, à sa propre liberté, y compris celle de penser différemment de ce que la propagande officielle déclare vrai, et de renoncer à toute interaction intime, privée, ou simplement rapprochée avec un autre, à tout échange prolongé qui ne soit pas dicté par les impératifs de la vie économique ou les nécessités élémentaires de la vie courante.

Nul besoin remettre en question la réalité du coronavirus et de l’épidémie. Ces considérations sont on ne peut plus relatives. Pour preuve, l’écart colossal qui sépare selon les spécialistes la faible dangerosité relative de cette maladie comparée à d’autres épisodes épidémiques et le phénomène d’hystérisation collective provoqué totalement inédit dans l’Histoire que ce banal virus aura suscitée.

Nous sommes donc bien en présence d’un phénomène d’emballement et d’hallucination provoqués. Provoqués à des fins connues : vendre médicaments et vaccins déclarés efficaces et instaurer une dictature au plan mondial.

Ce qui importe ce n’est pas la fin mais cette capacité inouïe à créer de la réalité à partir du néant. De même que le virus n’est pas un organisme vivant et ne peut se répliquer sans contaminer un organisme vivant, les psychoses qui façonnent instrumentalisées notre réalité collective n’ont aucun fondement ni aucune réalité. Aucune efficacité sinon celle que nous leur donnons en y apportant du crédit.

Être ou ne pas croire. Croire ou ne pas croire. Tel est l’enjeu. Désormais c’est à nous qu’il appartient de choisir. Allons-nous continuer de laisser cette société de consommation fondée sur le mensonge et l’aliénation et ceux qui la contrôlent nous dicter comment il faut désirer, penser, agir ? Ou allons-nous reprendre en mains notre destin et notre faculté de créer ?

Allons-nous continuer à vivre dans des mirages, des réalités fabriquées et augmentées bidouillées par d’autres pour nous maintenir en état de peur, de transe et de soumission ? Ou allons-nous enfin décider ce qui est bon pour nous et la façon dont nous voulons évoluer ?

Il n’y a pas de totalitarisme sans nécessaire abdication à un moment donné de la faculté des peuples de conduire leur destinée.

Renoncer à son identité et à sa faculté de créer, de choisir Qui nous sommes et voulons être, cela revient à affaiblir notre immunité. Plus nous laissons à d’autres le pouvoir de nous définir en tant que personnes, peuple ou humanité, et plus nous affaiblissons notre capacité à nous défendre et nous maintenir dans un état de cohérence et de vitalité. Plus nous donnons la chance à des virus réels ou imaginaires de nous affaiblir.

Comme d’autres phénomènes auxquels notre humanité fait face, la « crise » du Covid-19 n’est rien d’autre qu’une épreuve dans le processus d’éveil progressif de notre conscience.

A ce titre, le masque est le symbole de notre peur, de notre incapacité ou de notre renoncement à créer, c’est à dire à nous parler nous-mêmes.