La Société de l’Obscène, mirage des papillons

Babylone, la grande prostituée

Qu’est-ce que l’Etat de droit ?

Selon une conception qu’on fait souvent remonter, du moins en France, à Montesquieu, l’Etat de droit est un principe juridique, philosophique et politique qui suppose la prééminence du Droit sur le pouvoir politique. Il s’oppose à la monarchie ou au despotisme, lequel fonde le pouvoir politique sur l’arbitraire d’un seul homme ou d’une caste, seul détenteur de l’autorité, seule source du Droit, et seul arbitre des autres pouvoirs.

Selon ce principe d’Etat de droit, la loi s’applique à tous, de la puissance publique aux individus. Personnes physiques ou morales, tous sont égaux devant la loi et doivent se conformer à la même norme juridique de façon égale, du chef de l’Etat au simple citoyen, et même au prisonnier déchu de ses droits.

La France est-elle encore aujourd’hui une démocratie ou un Etat de droit ?

Qu’on se place d’un point de vie juridique, constitutionnel, institutionnel, social ou politique, la réponse à ces deux questions est évidemment non.

L’abandon de la souveraineté nationale au bénéfice d’institutions européennes de type fédéralistes, le transfert progressif des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire nationaux vers des instances communautaires comme l’Union Européenne, la Commission Européenne, le Parlement européen, le Conseil des ministres européen, la Cour européenne de Justice ou la Cour européenne des droits de l’homme, pour n’en citer que quelques-unes, sans compter les institutions non élues qui constituent la matrice de la future gouvernance mondiale, officielles (G7, G8, G20, Conseil de Sécurité, ONU, OMC, FMI, Banque mondiale…), ou plus opaques (groupe Bilderberg, Commission Trilatérale, Forum économique mondial et think tanks divers…), la substitution du principe démocratique central dans notre Constitution du gouvernement du peuple, par le peuple, et pour le peuple par une pseudo démocratie représentative constituée d’élus sélectionnés et financés par les mêmes lobbies, la dérive technocratique et élitaire de la société et des modes de décision, la corruption de tous les pouvoirs par des puissances économiques et financières étrangères qui contrôlent leur financement, leurs actions et les élites en place, ont peu à peu révélé l’imposture qui se cache derrière une utopie démocratique qu’on agite encore pour se rassurer ou pour tromper les masses.

Quant au Droit, il est devenu avant tout un instrument pour contrôler les autres pouvoirs. La judiciarisation de la politique répond à une dérégulation et une subordination de l’économie grâce aux nouvelles normes juridiques supranationales en faveur de la dérégulation et du libre-échange imposées de façon sournoise grâce aux traités transatlantiques notamment par les partisans d’un mondialisme sauvage où l’Argent-roi, le Marché tout puissant et la loi du plus fort balayent peu à peu tous les garde-fous démocratiques et juridiques qui protégeaient jusqu’à présent les plus faibles contre l’avidité sans limite des plus forts.

Non que la France soit devenue une République des juges, où l’hystérisation moralisatrice, l’obsession de la norme, l’exhibition plébéienne et la judiciarisation permanente des comportements déviants auraient remplacé la vertu, l’exemplarité ou le devoir moral des élites envers le peuple. Mais cette tendance est au contraire surjouée pour maquiller l’absence de vraie justice. Dans les discours politiques et médiatiques, dans ces nouvelles normes morales woke agitées par les intellectuels de cour comme Enthoven pour traquer les écarts, crucifier les fautifs et les jeter en pâture à l’opprobre public. Et laisser soigneusement dans le même temps les élites les moins suspectées de duperie poursuivre leur petit commerce sordide, protégées par l’obscurité coupable et la confusion générées par le tumulte ambiant.

La France de 2022, comme toutes les autres démocraties occidentales à un titre ou un autre, ressemble plus à la Rome des empereurs décadents qu’à un parangon de vertu démocratique. Un empire qui se pare d’autant plus de vertu que celle-ci a déserté le sérail depuis plusieurs générations. Un empire qui se délite par la tête, poreux aux invasions barbares, culturelles et spirituelles plus qu’avant tout démographiques.

Contrairement aux obsessions zemmouriennes, la France serait moins menacée par le Grand remplacement sous les coups de boutoir des hordes barbares venues de l’Islam ou de l’Afrique que par le Great Reset. La grande aspiration qui précède la Grande Réinitialisation mondialiste.

Et pour accélérer ce phénomène de dislocation des structures étatiques, institutionnelles, éthiques et culturelles dont le roi-Pinocchio Emmanuel II a le secret, l’Islam et tous les communautarismes propres à démanteler l’unité nationale sont des alliés de choix, plus qu’un but en soi.

Car tous seront promis au même sort une fois les réduits identitaires et démocratiques tombés : passés par l’aspirateur et la moulinette du grand laminoir mondialiste, cette machine infernale à broyer les identités, les aspirations libertaires ou communautaires, pour les assimiler dans le grand Collectif indifférencié : celui des esclaves consentants du monde d’après. Avec ses promesses de vie meilleure, virtuelle et connectée ; du moins pour ceux qui n’auront pas été entre temps éliminés après avoir été déclarés non conformes, dangers potentiels, réfractaires au bonheur imposé, antivax, complotistes ou contaminés.

Notre société ne repose évidemment plus sur le Droit. Même si elle fait mine d’être obsédée par le Droit. Ou plutôt obsédée par une conformité purement formelle à la seule norme faussement structurante qui subsiste une fois l’éthique vidée de son sens : La norme juridique. Ce qui est permis ou interdit selon l’arbitraire du pouvoir, justifié par une logique de l’efficacité ou des discours « progressistes » qui ne sont qu’un simple emballage rhétorique pour faire passer la pilule.

Un nouveau totalitarisme s’est ainsi mis en place de façon tellement subtile que certains n’en ont même pas encore conscience. Il s’appuie pour s’imposer sur un terrorisme permanent, lui-même justifié par une morale qui se résume à un conformisme comportemental, intellectuel et discursif. Et surtout sur une transparence de tous les instants, qui n’est même plus une injonction ou une exigence à tout dire et tout montrer au nom de l’intérêt général ou d’un impératif catégorique (la lutte contre le terrorisme). Depuis que les nouvelles technologies ont transformé la vie cognitive, la vie privée, intime, interpersonnelle, relationnelle et non seulement la vie sociale, professionnelle, économique, en tribunal inquisitorial permanent, traquant nos moindres faits et gestes, nos pensées, émotions et intentions, avant même que nous prenions nous-mêmes conscience.

Une telle dérive, ajoutée aux frayeurs essentiellement irrationnelles entretenues par les médias sur l’apocalypse climatique, chimique, virologique et autres fléaux qui conduisent l’humanité vers sa disparition annoncée, nous ont enfermés dans une paranoïa collective qui est devenue aujourd’hui notre seule manière collective d’être au monde.

Elles nous poussent à suivre de façon moutonnière toutes les injonctions absurdes supposées garantir notre sécurité, sans voir qu’elles nous précipitent au contraire vers le Néant. Avec comme corollaire pour nous assujettir tout un tas de dérivatifs et de divertissements, de potions toxiques pour nous abrutir davantage, de baumes hyper customisés pour dorloter notre ego, nous faire oublier nos frustrations le temps d’un épisode Netflix, et renoncer à toute envie de réfléchir par nous-mêmes. Ce qui risquerait de nous faire prendre conscience de l’obscénité du chantage dont nous sommes l’objet, et de ce monde qu’on nous vend comme le meilleur possible.

Terrifier, soumettre, contrôler. Tels sont les mots d’ordre des maîtres du monde, qui tirent les ficelles de ce grand marché de dupes.

Le maître mot de cette magistrale imposture, ce n’est pas le Droit, le Bien, le Juste, le Vrai, le Beau ou même le secure, c’est l’Illusion.

La Société du spectacle chère à Guy Debord est devenue une société de l’Obscène, travesti en apothéose de la vertu.

Comme dans le roman d’Orwell, le mensonge c’est la vérité.

Ainsi en va-t-il de cette « Justice » aussi absurde qu’injuste. Cela vaut pour la Justice française comme pour la Justice internationale. Et cela augure de ce que sera le monde futur. Ce Nouvel Ordre Mondial qu’on nous promet aussi proche qu’inéluctable, apte à arracher l’humanité à tous les cataclysmes environnementaux, sanitaires, industriels, économiques, monétaires, nationalistes ou religieux qui la menacent. Une assurance multicarte contre toutes les turpitudes apocalyptiques. Le messianisme technologique à porter de clic.

Aujourd’hui, sous les caméras du monde entier, se tient le procès d’un homme seul face à ses juges. Un soldat russe, donc doublement méchant par nature, accusé de crime de guerre pour avoir tué un civil. Un comble pour un soldat !

Il est vrai que depuis l’invention par les faucons néoconservateurs du Pentagone lors de la première guerre en Irak de 1991 du concept de frappes chirurgicales, la guerre ne tue plus jamais d’innocents. On passera donc sous silence les 200.000 civils tués durant les guerres au Moyen-Orient du très consensuel Obama. Pas grave, c’étaient des Bougnouls. Pardon, des islamistes.

Un gamin de 20 ans qui exécute un ordre idiot et fait une victime non programmée est donc désormais déclaré criminel de guerre. C’est facile, c’est pas cher, c’est énorme mais ça empêche de penser. C’est en effet un bouc émissaire parfait pour concentrer le désir légitime de vengeance de tous les crétins lobotomisés par BFM TV, qu’on fait aboyer depuis trois mois contre le nouveau Diable russe.

Une façon habile de faire oublier tous les crimes commis à notre encontre depuis cinq ans par le petit dictateur en herbe qui s’agite à l’Elysée en obéissant aux ordres de ses mentors qui en veulent toujours plus. Pour le coup les plus criminels qui soient dans l’Histoire, comme l’avenir le révélera bientôt. Et ce devant la Shoah, Staline, Pol Pot ou la Révolution culturelle.

La société du spectacle jette donc aux fauves anémiés d’une opinion émasculée ces menues croquettes en guise de consolation pour toutes les humiliations infligées.

Et pendant que la basse-cour merdiatique s’agite sur ce minuscule crime de guerre faute de mieux, personne ne parle des milliers de plaintes déposées depuis deux ans pour crimes contre l’humanité. Génocides, euthanasie des résidents en EHPAD, empoisonnements volontaires, mise en danger de la vie d’autrui, non-assistance à personnes en danger, falsification de données médicales officielles, primes au parjure et au mensonge, interdiction de prescrire, trafic d’influence, conflits d’intérêts et corruption aggravée, exercice illégal de la médecine, subornation d’autorité scientifique, fraude fiscale. Macron, Philippe, Castex, Buzyn, Véran, Delfraissy et autres tartufes cyniques et sanguinaires pourraient se retrouver dans le box des accusés. Sans parler des violences policières, des crimes de haute trahison, du démantèlement de l’Etat, des services publics et des administrations au profit d’entreprises privées comme BlackRock, la Banque Rothschild ou McKinsey. Ou de certaines firmes championnes des condamnations pour crimes comme Pfizer, mécène comme d’autres laboratoires pharmaceutiques de LREM ou de certains ministres macronistes.

Des plaintes qui seront évidemment toutes déboutées pour vice de forme ou autre alibi. Comme l’ont été celles pour crime contre l’humanité déposées mi-2021 par le Barreau des avocats indiens contre Bill Gates et sa fondation criminelle, Anthony Fauci et Tedros Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, après l’interdiction faite au gouvernement indien en pleine flambée épidémique de délivrer de l’ivermectine aux personnes touchées par le variant Delta. Et alors que plusieurs millions d’Indiens avaient justement pu être sauvés grâce à l’administration précoce de ce traitement, parmi les plus efficaces contre le Covid.

A la notion de crime contre l’humanité il va bientôt ajouter celle de crime d’obscénité, tant celle qui caractérise la caste au pouvoir ne semble plus connaître de limites.

Mais précisément, nous obséder à notre tour avec ce désir de juger ces criminels et leur faire rendre gorge, n’est-ce pas précisément rentrer dans le piège tendu par la Bête ? Nous laisser vaincre par cet appétit mimétique de revanche. Et nous abaisser à n’être que des suppôts de la Bête.

La question n’est pas tant ici celle de la Justice. Justice humaine et institutionnelle, au nom d’une certaine conception du Droit, des droits humains, du meilleur modèle d’exercice du pouvoir ou de la meilleure façon d’être en société. Sinon d’un renoncement temporel à la logique du Talion qui nous exonérerait de la mécanique sacrificielle en renvoyant nos bourreaux à un quelconque Jugement dernier. La vraie question n’est pas non plus comment gouverner au mieux le monde, selon quels principes universels, quel modèle, ou même au service de qui.

La seule question essentielle est celle de notre identité et de notre avenir commun. QUI voulons-nous devenir collectivement ? A quoi ressemblera cette humanité future qui émerge actuellement, et qu’on force à rentrer dans le moule mensonger des mondialistes ? Quelle sera la Conscience collective qui adviendra ? Et qui constituera une fois le brouillard de la confusion dissipé l’Âme de l’Humanité ?

A toutes ces questions, on ne peut répondre en nous définissant contre ou à partir d’un contre-modèle que nous réprouvons viscéralement. Ce qui reviendrait à le créditer sinon à l’adopter. On ne peut sortir du rapport de forces qui empêche notre humanité d’achever son unification de façon congruente et féconde en nous enfermant dans un autre rapport de forces : celui qui nous pousse à nous opposer à une tentative de réduire l’humain à un objet, une marchandise, un esclave, un robot ou un déchet, tout juste bon à satisfaire l’arbitraire de ceux qui s’en déclarent eux-mêmes les dieux.

Plus que jamais, face au piège des normes destinées à asservir et stériliser toute capacité de dépassement créateur, face la perversion mondialiste ou « progressiste » qui réduit le principe d’Etat de droit au mensonge de l’état de non-droit, face à l’obscénité des crimes liés au pouvoir qui ne sont plus des déviances à une norme éthique ou juridique mais ressemblent quasiment une Essence de volonté perverse, il faut remettre l’imagination au pouvoir.

Car ce que l’on cherche à tuer en nous, ce n’est pas tant la vie, la santé physique ou mentale, le discernement ou l’esprit critique. C’est notre faculté à créer, qui est une autre définition de la liberté. Pas à créer des objets, à satisfaire notre désir narcissique en nous projetant dans des créations extérieures. Mais cette capacité à NOUS créer, c’est-à-dire à choisir collectivement et en conscience l’expérience que nous voulons faire de nous-mêmes, qui fait au mieux sens commun et nous qualifie le mieux en tant qu’êtres humains.

Pas pour nous prendre pour des dieux à la place d’un quelconque dieu créateur. Mais pour être réellement à son image. C’est-à-dire des consciences issues de la Conscience, à la fois autonomes et indissolublement reliées. Et qui participent à ce Grand-Œuvre de création d’une Réalité toujours transformée, en unissant leurs consciences vers un désir libre d’incarnation collective d’une certaine réalité. En lien avec toutes les autres formes de conscience qui nous constituent et auxquelles nous sommes reliés. C’est-à-dire à l’Univers tout entier.

N’y a-t-il pas meilleure définition contemporaine de cet universalisme qui inspire nos idéaux humanistes ?

Il est temps de nous élever, de nous hisser hors de la matrice, de sortir des confusions et des pièges du Collectif quand celui-ci est plaqué du dehors par des discours collectivisants et totalitaires. Et de vivre enfin l’expérience collective, en laissant naître cette humanité au lieu de projeter sur elle nos manques, nos rêves et nos illusions.

A l’Obscénité victorieuse et scandaleuse succéderont alors Paix, Joie partagée, Fécondité et Harmonie.

On pourrait douter que ces belles paroles ne soient autre chose qu’un vœu pieu au milieu d’horreurs. Et pourtant. C’est parce que la chenille meurt qu’elle peut devenir papillon. Mais qu’en est-il de la conscience d’une chenille qui meurt et ignore tout de ce qu’est un papillon ?…

Perversité suprême, le monarque, une espèce de papillon exotique, est le nom choisi pour désigner les victimes d’un programme d’expérimentations secrètes conduites à des fins de manipulation mentale par la CIA à partir des années 1950 (projet Monarch ou Monark en anglais). Il consistait à choisir le profil de cobayes humains fragiles, et à en remodeler totalement la personnalité en les soumettant à des chocs traumatisants, dans le but de les rendre totalement malléables et propres accomplir sous emprise des missions criminelles que leur conscience les aurait obligées à refuser autrement.

Ces papillons monarques sous l’influence d’une autorité machiavélique sont un peu à l’image de nos âmes suppliciées, terrorisées, contraintes de tous côtés, jusqu’à nous forcer à rentrer dans le moule et aller là où nous ne voudrions pas aller, en faisant le contraire exact de ce qui est bon pour nous. Et pour cela il faut anéantir en nous toute esprit critique, toute résilience, toute capacité de réaction, et même toute conscience individuelle et tout principe éthique. Toute humanité. Pour devenir des robots compatibles avec les AI, nos nouveaux geôliers.

Sauf que le grand papillon qui va sortir de ce supplice pourrait s’avérer – ô surprise – l’inverse du but attendu.

Deviens qui tu es ! Fais ce que toi seul peut faire.

Alors que l’humanité se débat dans les ténèbres, nous devrions plus que jamais faire de cette maxime de Nietzsche notre premier commandement : prendre pleinement conscience, devenir vraiment et librement Qui nous sommes. Des êtres « divins », infinis reliés à l’Infini, aussi insignifiants dans notre prétention à nous élever par nous-mêmes que tout-puissants.dans notre aspiration à rejoindre les cimes de cette force matrice de l’Univers qu’on appelle l’Amour. Et non ce à quoi voudraient nous réduire de faux dieux enchaînés par leur ego à leur volonté de puissance, à leur orgueil, à leur enveloppe mortelle et à leur vanité.

En mai, fais ce qu’il leur plaît ! – Macron, mai 68 et les bobos

Etudiant lançant des pavés lors des manifestations étudiantes le 25 mai 1968 dans le Quartier latin à Paris

On fêtera bientôt les 50 ans de mai 68.

Vous vous rendez compte ?

Le Président Macron, c’est le moins que l’on puisse dire, a d’autres priorités à son agenda et semble peu pressé de fêter l’événement.

Plus à l’aise dans les salons parisiens qu’avec les symboles de la gauche populaire.

Plus en phase avec le très politiquement correct « esprit du 11 janvier » qui reflète bien l‘atmosphère anémiée du moment qu’avec la Grande Récré des enfants du baby-boom, le souffle révolutionnaire des barricades et ce genre de commémorations un peu casse-gueule.

Pas de risques, pas de vagues, et surtout pas question de donner une caution à la rue.

Et gare à ceux qui contreviendraient au devoir de réserve : ils seront sévèrement sanctionnés !

Après le temps des cerises, le temps des prunes.

Pas d’artistes du moment, de stars ni de people conviés pour scénariser ce Cinquantenaire. Comme au temps des grand-messes mitterrandiennes qui avaient élevé le fameux « Bicentenaire » au rang de rite planétaire.

Même pas un entrefilet dans la presse pour rappeler que cela fera 50 ans dans trois mois que quelques étudiants chevelus de la Sorbonne et de Nanterre emmenés par un rouquin très agité déclenchaient toute une série de grèves et de manifs qui allaient mettre la France cul par-dessus tête et faire chanceler le régime gaulliste.

Aurait-on à ce point changé d’époque ? Que plus personne ne semble s’en préoccuper ?

Certes, la Génération Macron ou celle d’En Marche ! n’a rien à voir avec celle des bobos (bourgeois bohêmes).

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Les jeunes quadras d’aujourd’hui, à peine dépucelés de leur virginité politique à la faveur d’un fin stratège qui a dynamité tout l’échiquier, n’ont ni les référents ni les aspirations de leurs aînés, abîmés dans le confort et « l’esprit Canal ».

Cette génération au seuil de la quarantaine à laquelle appartient Emmanuel Macron, et que les sociologues du marketing appellent les momos (mobiles moraux), ont grandi dans les années 1990 : ils n’ont connu que la crise, le chômage et un marché du travail tendu. Ils ont dû sacrifier à de longues études, apprendre à s’adapter aux contraintes économiques, accepter d’être hyper mobiles et réactifs pour changer souvent de métier, de secteur, voire de pays au cours de leur carrière.

Serge July, Emmanuel Macron et Mark Zuckerberg, icônes des générations « bobo », « momo » et « yoyo »

Ces braves petits soldats de la mondialisation obéissants et angoissés ne partagent absolument pas les rêves et les luttes rebelles de leurs parents les bobos.

Autant les bobos sont volontiers décalés, frondeurs, rebelles et contestataires – du moins dans la posture – autant leurs enfants les momos sont hypernormés, et à fond dans le Système !

Autant les baby-boomers ont rêvé d’un autre monde où la terre serait ronde, d’être réalistes en demandant l’impossible, de réinventer la société et de changer la vie, autant les momos sont de véritables gardiens zélés du Temple ultralibéral et « progressiste ». Prêts à dénoncer tout dérapage verbal, tout écart de comportement ou de langage qui risquerait d’écorner la Pensée unique et de dévier un tant soit peu de la ligne orthodoxe imposée par le politiquement correct.

Quant à la génération suivante, celle des yoyos (young yobs : jeunes loubards) qui composent une bonne partie de l’équipe Macron, ces trentenaires malins comme des bonobos et opportunistes comme par deux, ils n’en ont strictement rien à cirer des discours des élites et des politiques.

A eux on ne la fait plus ! On leur a tellement bourré le mou avec des discours moralisateurs, culpabilisateurs et anxiogènes, avec ces vieilles rengaines humanistes, droits-de-l’hommistes, libertaristes, égalitaristes, communautaristes ou féministes, qu’ils s’en moquent avec une effronterie aussi calculée que jubilatoire.

Ils se servent de tout, détournent tout, customisent tout, n’ont aucune morale, aucun scrupule et aucune préoccupation, sinon de saisir les opportunités à leur portée, et d’utiliser les failles du système à leur avantage. Pour s’en sortir, pour réussir, gagner de d’argent ou pour aider leurs potes.

Ils ne cherchent ni à flamber comme les bobos ni à placer leurs économies en s’angoissant à propos de l’avenir et de leurs gosses qu’ils n’ont pas encore comme les momos.

Eventuellement ils réalisent à l’occasion de juteux placements boursiers dans quelque startup, aussitôt réinvestis dans des achats dictés par leur fantaisie du moment.

Ce sont des jouisseurs, des opportunistes, des pragmatiques, qui n’en font toujours qu’à leur tête. Qui vivent l’instant présent et se moquent éperdument que le monde puisse s’écrouler autour d’eux, sinon pour kiffer sa race sur leur console de jeux.

Ils vivent en tribus, et en changent comme de paires de Nike.

Ils sont à fond dans les nouvelles technologies, car ils ont grandi avec une Gameboy entre les mains, surfent sur internet dès leur plus jeune âge, et en maîtrisent tous les rouages.

Ils anticipent sinon inventent eux-mêmes les modes et les nouveaux courants, plus pour s’amuser ou par opportunisme que par snobisme.

Ces yoyos ne sont pas ceux qu’on entend le plus dans le staff Macron. Sinon au travers de ce pragmatisme très réactif et sans réelles convictions sauf pour flatter la galerie. L‘esprit momo tient encore le haut du pavé, pour la vitrine du moins.

Ces deux générations sont les enfants de la mondialisation.

Mais ils ne fantasment pas comme leurs aînés sur un universalisme très idéaliste et politisé en prétendant bousculer l’ordre établi. L’ordre ou le désordre, ils s’en tapent.

L’ordre et les règles ils savent parfaitement les contourner. Et le désordre leur permet de tirer leurs biles au milieu de la confusion.

Si les momos sont à fond dans l’humanitaire, les yoyos s’en foutent royalement, sinon quand ça les touche directement ou pour faire mine de plaire à leurs grands-frères.

Pour les momos comme pour les yoyos, Mai 68 c’est comme la bataille de Marignan : un truc appris dans les livres d’Histoire.

Ou éventuellement un refrain barbant dont leurs parents les ont suffisamment bassinés pour qu’ils en ignorent la teneur.

Les momos regardent leurs vieux comme des pauvres ados rêveurs abîmés dans des glorioles pitoyables et leurs souvenirs de fac. En leur confiant à l’occasion la garde du petit dernier sagement endormi dans son landau connecté signé Stark ou Pinifarina.

Les yoyos quant à eux observent ces vieux darons avec amusement et respect, parce que quand même, Mai 68 ça devait être un sacré kif !

Mais ils en parlent comme d’un truc de ouf, exactement comme ils s’excitent sur le méga set de leur DJ favori dans le prochain festival électro.

Bobos et yoyos sont souvent potes.

Les premiers offrent aux seconds une conscience par procuration. Et les seconds permettent aux premiers de ne pas devenir gâteux en les initiant au vertige néo-psychédélique des réalités augmentées.

Globalement on est aujourd’hui en France aux antipodes des lendemains qui chantent.

Des couplets maoïstes, trotskistes ou castristes lancés depuis la tribune ou vomis sur les CRS-SS.

On est bien loin des expérimentations loufoques, de la révolution sexuelle, de la musique de Pink Floyd, des Doors, du pop art, des chemises à fleurs, des colliers hippies, de l’encens, de Woodstock, du LSD, des partouzes géantes et des slogans comme « Il est interdit d’interdire »…

Même si, la nostalgie aidant et la mode rétro 70s ou 90s des années 2010 faisant loi, on revisite ces icônes de la génération hippie.

Pour le reste, ça fait plusieurs décennies que c’est Back to reality!

Et pour les plus téméraires, un rail de coke, volume à fond, binge drinking et baise à tout va jusqu’au prochain after.

Mai 68, c’est au mieux un mythe sympa, au pire un truc ringard de musée.

Les bobos ont du mal à en démordre, mais on a changé de siècle.

Les crises économiques, la chute du Mur de Berlin, le 11 septembre, internet et Twitter sont passés par là.

Les idéologies qui ont bercé leur jeunesse ont été remisées sur les étagères de l’Histoire.


Leurs idoles, Marx, le Che ou Sartre, n’ont même pas leur statue au Musée Grévin.

Ceux qui ont portées ces années du Changement se sont recyclés pour les plus chanceux dans le journalisme ou la politique (mais ils ont été balayés par le tsunami En Marche ! ou sont devenus de sages courtisans du Prince…).

Ils bossent et parfois ont fait fortune dans l’écologie, l’économie verte ou le numérique, le multimédia, le marché de l’art moderne, le business du bio, du bien-être ou du développement personnel.

Et pour les plus largués, le Grand Soir se résume le plus souvent à croupir dans une ONG en attendant la ménopause du cadre, à tenter de reconstruire un château de sable en pleurant sur les ruines du PS, à publier des compiles rééditant les tubes de leurs groupes fétiches, ou bien à faire le guignol dans les talk-shows le samedi soir pour les nunuches engagées qui prétendent avoir une conscience et qui lisent Philo Magazine.

Quant aux plus endurcis, nombreux sont ceux ont pas finis fauchés par le sida, une overdose, un infarctus ou un cancer, ecstasiés et pesant 30 ans kilos sur une plage de Goa, ou carrément suicidés, soit à cause de leurs excès de sexe et de drogues qui leur ont ravagé la capsule, soit parce que leurs doux rêves se sont fracassés sur le roc des flamboyantes mais austères années 80.

Les rescapés ont quitté les radars et vivent planqués dans leur salon germanopratin, ou toujours scotchés dans leur ashram en Inde, une communauté new age ou une ferme dans les Cévennes.

Alors, faut-il ou non fêter Mai 68 ?

Si c’est pour ressortir les vieux gimmicks, sûrement pas !

Qui plus est, l’aspect politique et contestataire de cette ultime « révolution » n’est pas forcément bon à titiller.

Une bonne grève générale pour faire barrage à la Loi Travail est justement ce qu’a soigneusement voulu éviter le Président Macron, fort de son expérience d’éminence grise puis de ministre du quinquennat Hollande et des fameuses Nuits debout qui s’en suivirent.

Aujourd’hui tout le monde est rentré dans le rang. Et beaucoup s’extasient toujours devant ce jeune président si nouveau, si intelligent, si bien élevé, si propre sur lui, si posé, si courtois avec les femmes et si sympathique.

Les Français ont troqué un excité narcissique et corrompu, suivi d’un gros balourd qui les a roulés dans la farine sitôt élu en s’asseyant sur ses promesses socialistes, contre une sorte de Prime Minister brittanique, au style très monarchique, bon teint, sage et moderne. Et totalement à la solde des molochs américains et européens. Un peu comme Tony Blair.

Alors le Général à côté c’est Che Guevara !…

L’esprit et les valeurs libertaires de Mai 68 ont depuis l’ère Mitterrand totalement imprégné la société, ses modèles et ses discours.

Au point qu’on n’en a même plus conscience.

Même Sarko a été présenté récemment par certains commentateurs comme un héritier de l’Après-Mai 68. Qu’il avait pourtant combattu.

Sauf qu’aujourd’hui, voir des filles à poil à 18 heures à la télé comme au bon vieux temps des Coco girls du Collaro Show c’est totalement impensable !

De nos jours les normes sont bien verrouillées. Et quiconque s’en écarte risque le pilori médiatique dans la seconde qui suit, voire un procès ou le zonzon s’il refuse de faire repentance et continue d’alimenter le scandale.

On peut sacrifier à tous les écarts, toutes les perversions, toutes les outrances, tous les excès et tous les délires, du moment qu’ils sont soigneusement répertoriés et labélisés.

Pour le reste, si l’on s’écarte un tant soit peu de la Pensée unique, on est aussitôt taxé au mieux de « complotiste », au pire de « terroriste ».

Alors faire la révolution, vous n’y pensez pas !

Nos contemporains sont frileux, formatés, lobotomisés, partagent des indignations téléguidées et à géométrie variable.

L’indignation réflexe est une posture obligée si l’on veut s’afficher comme un bon citoyen équipé d’une conscience éthique.

Mais le libre arbitre et l’esprit critique – le vrai – ou la contestation de l’ordre établi au nom d’un Idéal ou d’un projet alternatif de société sont des crimes de lèse-conformisme inadmissibles en « démocrassie » !

Alors on se contente de faire semblant d’être un rebelle. On s’agite et l’on s’offusque aussitôt que son voisin fait un pet de travers. On monte des kabbales hystériques sur Facebook pour des boulettes. Et c’est ce cirque burlesque et grandiloquent qui constitue l’Alpha et l’Oméga des moutons de panurge.

Dont les neurones sont totalement grippés par leur flip incessant, soigneusement monté en neige par les médias à propos du terrorisme, de la vache folle ou de la bombinette nord-coréenne.

Pourtant, il serait urgent de réapprendre à rêver.

Urgent de s’enivrer.

Et de remettre l’imagination au pouvoir.

D’ouvrir les yeux sur l’avenir au lieu d’ânonner le même catéchisme. D’inventer le monde de demain. Un monde qui sera fraternel, universel, unifié et pacifié.

Ou ne sera pas.

Un monde qui verra toutes les consciences planétaires totalement interconnectées. Et en tout cas par autre chose que l’écran mensonger des logiques du Système.

Mais ça, soyons certain que les milices du Zeitgeist s’empressent de nous en dissuader.

Nous incitant au contraire à nous vautrer dans la fascination du Vide, le culte de l’Ephémère, de l’Insignifiant. A nous prosterner devant les idoles consuméristes de leur Panthéon des Vanités.

Plus qu’une nouvelle « révolution », politique, sociale ou institutionnelle, c’est un Grand Saut de la conscience qu’il convient pour nous tous ensemble d’opérer en ce siècle.

Un siècle qui verra s’accomplir les plus grands bouleversements que l’humanité ait jamais connus. Et qui l’obligera à faire face aux plus grands défis de son histoire.

Mais il faut plus que de la lucidité, de l’imagination ou de l’audace pour s’engouffrer dans la brèche de ce Changement radical qui nous aspire à lui.

Il faut accepter de mourir totalement à soi-même pour renaitre tout autre. De ne plus rien savoir ni connaître ni contrôler.

Et d’abdiquer son cher Ego au bénéfice du Bien commun.

Mais ce sacrifice, l’homo post-modernicus qui se vante pourtant d’être un rebelle et s’éprend de toutes les causes n’est pas prêt d’y consentir !

On peut se piquer d’avoir une conscience et rêver éventuellement de prolonger l’utopie matérialiste dans une fiction transhumaniste, mais de là à faire passer le sort des réfugiés climatiques avant sa tisane bio, NO WAY!

Alors oui, il serait temps de célébrer le joli mois de mai, avant que l’hiver ne s’abatte définitivement sur nos belles illusions.